Alors que le débat entre les candidats était resté jusque-là plutôt respectueux, voire ennuyeux, avec la volonté pour chacun de préserver l’union au sein du Parti socialiste, le ton est monté tandis que M. Hollande, arrivé en tête au premier tour, a marqué des points après être apparu menacé par Martine Aubry. Conforté par les sondages – le dernier lui attribue 53 % des suffrages – et le ralliement des quatre candidats éliminés au premier tour, M. Hollande est sorti hier de sa réserve après avoir été soumis à des attaques en règle de sa rivale à l’approche du scrutin. Accusé de représenter une « gauche molle » et d’utiliser des « termes de droite », il s’est attaché à démolir sa concurrente qui l’a taxée jeudi soir de « candidate du système » médiatique et des sondages, donnant d’elle l’image d’une femme autoritaire et porteuse de division. Croire que « quand on montre de l’agressivité on montre du caractère, eh bien non », a-t-il répliqué sur la chaîne de télévision BFM-TV. « Moi je ne participe pas à ce dénigrement », l’autorité, « c’est montrer qu’il y a un chemin, être capable de lever une espérance et pas d’être agressif ».
Hier donc, le camp Hollande criait au « dérapage » de Martine Aubry, l’accusant d’utiliser le langage « de l’extrême droite ». « J’assume ce que j’ai dit », a-t-elle riposté sur la radio France Inter demandant à nouveau aux Français de ne pas se « laisser impressionner par les sondages ». Arithmétiquement, en effet, François Hollande semblait hier en mesure d’emporter haut la main le second tour de cette primaire inédite à l’américaine où tous les sympathisants de gauche peuvent voter. Mais la prudence reste de mise pour le député de Corrèze qui, donné grand favori, s’était retrouvé fragilisé à l’issue du premier tour. L’écart avec sa rivale s’était révélé moins important que prévu (39 % contre 30 %). Et il s’était retrouvé menacé par le score important réalisé par le troisième homme Arnaud Montebourg (17 %), tenant de l’aile gauche du parti.
Après avoir tenté de monnayer son soutien en demandant des engagements sur le protectionnisme ou le contrôle des banques, M. Montebourg a finalement indiqué hier qu’il ne donnerait « pas de consigne de vote » mais qu’« à titre personnel », il voterait pour François Hollande. Ce dernier l’a d’ailleurs remercié pour son appui, y voyant « un choix qui conforte la démarche de rassemblement » qu’il entend porter. Selon un sondage du Figaro, ses électeurs se reporteraient de façon presque égale entre les deux. M. Hollande a aussi reçu le soutien crucial de son ex-compagne Ségolène Royal (7 % au premier tour), qui malgré les querelles privées des dernières années a appelé mercredi à voter pour le père de ses quatre enfants.
Le PS espère susciter dimanche la même mobilisation qu’au premier tour (2,66 millions de votants). Mais la clé de la réussite pour le parti sera dès lundi de se montrer uni pour affronter le candidat de la droite en avril et mai 2012, vraisemblablement Nicolas Sarkozy.
(Source : AFP)