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Moyen Orient et Monde - Analyse

L’assassinat de Tamo va pousser les Kurdes à la révolte

La communauté kurde réclame la reconnaissance de son identité, un rôle dans la vie politique du pays et « une autonomie administrative » depuis plusieurs décennies.
L’assassinat d’une figure de l’opposition syrienne, le Kurde Mechaal Tamo, vendredi à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, va inciter cette communauté à participer plus activement à la contestation qui secoue le régime syrien, selon des analystes et militants. Les Kurdes, qui participent déjà à la révolte contre le régime du président Bachar el-Assad depuis son début en mars, « vont rejoindre en masse le mouvement de contestation, ce qui aura un impact énorme » sur son évolution, estime Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’assassinat du dirigeant kurde, qui avait rejoint le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, aura « un grand impact sur la révolution syrienne », pronostique également Massoud Akko, un militant kurde basé en Norvège.
À l’annonce de l’assassinat de Mechaal Tamo par des inconnus dans la ville de Qamichli, des milliers de manifestants kurdes sont descendus dans la rue vendredi soir. Et samedi, quelque 50 000 personnes en colère ont appelé à « la chute du régime » lors de ses funérailles. Les agents de sécurité ont tiré sur l’immense foule, tuant au moins deux personnes, a indiqué l’OSDH. Des défilés ont également eu lieu dimanche dans toutes les régions kurdes à Qamechli, Amouda, Derbassiyé et Malkiyé, dans le nord de la Syrie, aux confins de la Turquie et de l’Irak, selon les militants prodémocratie qui ont appelé à des défilés « pour Mechaal, flambeau de la liberté ». Une vidéo diffusée sur YouTube a montré des manifestants à Amouda saccager une statue géante de Hafez el-Assad, père de l’actuel chef de l’État. « Les Kurdes ne baisseront pas les bras tant que le régime n’aura pas été renversé », a affirmé un des fils de l’opposant décédé, Farès Tamo, à la chaîne qatarie al-Jazira. Néanmoins, dans des déclarations à la presse, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem a qualifié dimanche Mechaal Tamo de « martyr ». « C’est un groupe terroriste armé qui a tué le martyr Mechaal Tamo, (...) afin de provoquer des dissensions dans la région de Hassaké » à majorité kurde, a-t-il assuré.
L’assassinat de Tamo a provoqué des réactions virulentes en Occident, les États-Unis appelant notamment M. Assad à quitter le pouvoir sur-le-champ. Ce week-end, des dizaines d’opposants ont pénétré dans les ambassades syriennes à Londres, Vienne, Berlin et Genève. Dans la capitale britannique, trois hommes, montés sur un balcon de l’ambassade, ont brandi le drapeau kurde.
Les Kurdes qui représentent 10 % de la population, soit environ trois millions de personnes, réclament, en plus de la reconnaissance de leur identité, un rôle dans la vie politique du pays et « une autonomie administrative », expliquent des dirigeants kurdes. Il existe en Syrie 12 partis kurdes interdits, tous laïques. Yakiti, le Parti démocratique kurde en Syrie (Parti), le parti Yazidi kurde et l’Union démocratique (proche du parti des travailleurs du Kurdistan, PKK) sont les plus influents. Déjà en mars 2004, des affrontements sanglants avaient opposé pendant cinq jours des Kurdes aux forces de sécurité dans le nord de la Syrie, notamment à Qamichli et à Alep, faisant 40 morts selon les sources kurdes, 25 selon les autorités syriennes.
Des organisations internationales de défense des droits de l’homme appellent régulièrement Damas à mettre fin à sa « répression » de la communauté kurde. Elles dénoncent la détention de dirigeants kurdes et l’interdiction de toute expression politique et culturelle kurde. Les autorités syriennes, qui ont longtemps perçu les Kurdes comme une menace pour l’identité arabe syrienne, ont tenté de les amadouer au début de la contestation. Elles ont annoncé en avril un décret accordant la citoyenneté à des habitants d’origine kurde qui en avaient été privés à la suite d’un recensement en 1962.

(Source : AFP)
L’assassinat d’une figure de l’opposition syrienne, le Kurde Mechaal Tamo, vendredi à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, va inciter cette communauté à participer plus activement à la contestation qui secoue le régime syrien, selon des analystes et militants. Les Kurdes, qui participent déjà à la révolte contre le régime du président Bachar el-Assad depuis son début en mars,...
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