Les habitants et les écoliers étaient au rendez-vous, mais la nouveauté de la journée d’hier, c’est l’entrée en scène de nouvelles figures politiques venues défendre le point de vue des manifestants. Alors que, jusque-là, les politiciens qui ont fait le déplacement appartenaient aux partis des Kataëb et des Forces libanaises (FL), dont des représentants se trouvaient au sit-in, d’autres forces politiques se sont manifestées hier : le député Dory Chamoun, président du Parti national libéral (PNL), le député Atef Majdalani, membre du bloc du Futur et président de la commission parlementaire de la Santé, le député Serge TorSarkissian, également du bloc du Futur, et l’ancien ministre Issam Abou Jamra.
M. Chamoun a affirmé que « tous les moyens seront employés, aux niveaux politique et parlementaire, pour arrêter ce projet et faire en sorte d’enterrer les lignes ».
M. Majdalani a déclaré qu’« en tant que président de la commission parlementaire de la Santé, je ne peux accepter l’installation de câbles aériens, et les responsables ne peuvent ignorer les craintes des habitants ». Il a refusé « la décision du gouvernement d’installer les lignes par la force ». « Nous devons trouver une solution qui dissipe les craintes de la population », a-t-il insisté.
Pour sa part, M. TorSarkissan a démenti que la question soit politisée (étant donné que les personnalités qui ont fait le déplacement sont tous de l’opposition). « Je suis un député de Beyrouth, on ne vote pas pour moi au Metn, que ferais-je là si la question était politisée ? » a-t-il déclaré aux journalistes. « Il faut replacer cette affaire dans son cadre, qui est celui de la santé du citoyen, a-t-il ajouté. J’espère que le Premier ministre fera un pas en direction des habitants, parce que l’initiative est entre ses mains. »
Enfin, M. Abou Jamra a souligné que « le coût supplémentaire pour installer les lignes souterraines ne dépassera pas quelques millions, et pourrait être puisé dans les milliards consacrés au plan sur l’électricité », récemment voté par le gouvernement. Il a appelé « les députés qui appuyaient cette cause avant les élections de 2009 à reprendre leurs responsabilités auprès des habitants », en référence aux députés du Courant patriotique libre (CPL), son ancienne formation, et celui de l’actuel ministre de l’Énergie.
« La lutte se poursuit »
Par ailleurs, le comité des habitants de Aïn Najem a publié hier un communiqué pour répondre à un nombre de déclarations politiques concernant le sit-in. Il a ainsi ironiquement « remercié » le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, pour le fait qu’il n’y a pas eu de heurts avec les manifestants, notant ses efforts pour « sauver la face » au ministre de l’Énergie en s’alignant sur ses opinions. Il a également critiqué les explications fournies par le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), Samir Jisr, pour justifier la poursuite du projet.
Les habitants ont rendu hommage au ministre Ghazi Aridi, qui a prôné le dialogue avec eux, spécifiant toutefois que leur position restera inchangée puisqu’elle repose sur des études épidémiologiques et sur des recommandations d’organismes internationaux, notamment celles du Conseil de l’Europe dans sa résolution 1815, datant de mai. Cette résolution préconise une certaine distance entre les endroits habités et les lignes aériennes, ou alors l’enterrement des lignes, ce qu’ils revendiquent pour leur quartier.
Répondant aux accusations selon lesquelles le retard dans l’installation de ces lignes influe sur l’alimentation en électricité des régions libanaises, le comité rappelle que « cette ligne sert au transport du courant, et n’a pas d’incidence sur la production ». Il a enfin assuré que « la lutte se poursuivra jusqu’à ce que les objectifs soient atteints ».