C’est le premier attentat à Mogadiscio depuis que les shebab ont été contraints, début août, de quitter la ville face à une offensive des troupes progouvernementales soutenues par la force de l’Union africaine (Amisom). « L’attaque a été menée avec un camion rempli d’explosifs », raconte un témoin, Ahmad Mohammad, fonctionnaire au ministère de la Santé, un des ministères hébergés dans le bâtiment. Après avoir forcé un barrage de contrôle, le véhicule chargé d’explosifs est entré dans l’enceinte du bâtiment – qui abrite au moins quatre ministères – et a explosé à un embranchement connu sous le nom de « K4 » (Kilomètre 4), un des principaux carrefours de la ville qui mène à l’aéroport où est installée une base de l’Amisom. Le complexe ministériel a été gravement endommagé et plusieurs voitures ont pris feu. De nombreux cadavres, sur lesquels avaient été jetés des draps blancs, jonchaient les lieux.
« Un de nos moudjahidine (combattants) s’est sacrifié pour tuer des responsables du gouvernement fédéral de transition, des soldats de l’Union africaine et des informateurs », a déclaré un responsable shebab, qui n’a pas dévoilé son identité, revendiquant ainsi l’attentat au nom du groupe. Un passeport kényan, au nom de Ashad Abdi Said, a été retrouvé sur le cadavre du kamikaze conducteur du camion, a affirmé le porte-parole de la police, Abdullahi Hassan Barise.
L’attentat a fait parmi les victimes de nombreux étudiants et leurs parents qui attendaient les résultats d’examens, en vue d’obtenir des bourses d’études en Turquie. L’Amisom a accusé les shebab d’avoir délibérément visé les étudiants. Une radio somalienne proshebab, al-Andalus, a affirmé que « plus de 100 personnes soutenant le gouvernement de transition avaient été tuées, dont la plupart étaient des stagiaires devant se rendre à l’étranger pour aider l’Agence nationale de sécurité » (services secrets).
Le précédent attentat le plus meurtrier à Mogadiscio avait fait 33 morts en août 2010.
Un « mépris pour la vie »
« L’attaque montre que le danger constitué par les terroristes n’est pas encore éliminé, et qu’il reste des gens qui veulent faire dérailler les avancées faites par le peuple somalien vers la paix », a réagi le gouvernement somalien. Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné un attentat « répugnant », estimant « incompréhensible » que des victimes innocentes soient prises pour cibles. L’administration américaine a aussi vivement condamné l’attentat, dénonçant « le mépris complet pour la vie » manifesté par les shebab. « Il est évident qu’ils n’ont aucun intérêt pour le peuple somalien », a réagi la porte-parole du département d’État, Victoria Nuland.
Parallèlement, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a dénoncé l’escalade de la violence en Somalie. « La reprise des affrontements (...) entre groupes armés rivaux aggrave la situation humanitaire déjà très sérieuse », a ainsi mis en garde un porte-parole du HCR, Adrian Edwards. « Nous exhortons tous les groupes armés et forces en Somalie à éviter de viser les zones civiles et garantir que les civils ne soient pas placés dans une situation dangereuse », a-t-il ajouté.
(Sources : rédaction et agences)