La présidente de Apeal, Rita Nammour (au centre), en compagnie de Juliana Khalaf et de Farah Bahmad, l’un des heureux récipiendaires de la bourse universitaire de Apeal. (Michel Sayegh)
Cette nouvelle initiative de l’association à but non lucratif fait suite à la première activité, une exposition d’art contemporain qui a réuni également les œuvres de plusieurs artistes (peinture, sculpture, photographie, cinéma et architecture) en avril 2010 à l’American University Museum Katzen Arts Center, à Washington DC. « Cette première manifestation a contribué à octroyer des bourses universitaires à quatre étudiants », a indiqué Rita Nammour, présidente de Apeal, lors d’une conférence de presse tenue hier au restaurant Al Dente, en présence de Michel de Chadarevian, représentant le ministre de la Culture, Gaby Layoun.
Car outre la promotion de la culture et des artistes made in Lebanon, Apeal vise également à accorder des bourses universitaires aux artistes talentueux, de même qu’à lancer des programmes d’échanges culturels et à commissionner des œuvres d’art.
« L’image culturelle du Liban commence à remplacer les titres de la guerre », a précisé Nammour. Et de poursuivre : « L’art et la culture reflètent l’âme de notre nation et témoignent de la richesse de sa diversité. La construction des gratte-ciel et des centres commerciaux n’est pas suffisante ni durable, l’art est aussi un moyen de salut pour une nation qui cherche à tirer les leçons de son passé et à trouver un sens à sa mémoire collective. L’échange culturel nous aide à comprendre notre héritage et confirme le potentiel artistique libanais. »
Juliana Khalaf, curatrice de l’exposition, a souligné pour sa part que les 33 artistes ont été sélectionnés pour leur « pluralité » et la « diversité de leurs messages ». L’exposition se divise en cinq parties ou récits : « War-torn Narratives » ou les récits de la guerre ; « Reconstructing Narratives » ou les récits de la reconstruction; « Bittersweet Narratives » ou les récits doux-amers; « Cultural Narratives » ou les récits culturels, et « Blurred Narratives » ou les récits flous.
« Dans les récits de la guerre, l’artiste témoigne du passé douloureux et de son lourd impact, note Khalaf. Le drapeau libanais de Fouad el-Khoury, criblé de balles et lacéré, est un exemple poignant des cicatrices et séquelles de la guerre. »
La curatrice ajoute que le thème consacré à la reconstruction de l’après-guerre s’est fait dans un état où la mémoire collective est fragmentée, désordonnée.
« La pièce de Zeina Assi est une dénonciation du boom incontrôlé des constructions, parodiant l’anarchie du béton, où Beyrouth s’enlise. »
« Les Libanais s’adaptent à toutes les circonstances, donnant lieu à des récits doux-amers. “L’Électricité Elusive” de Ayah Bdeir ou » “Ejet Ejet” est une illustration des conditions de vie imprévisibles, comme les légendaires coupures de courant électrique, dans un pays qui ne finit pas de lutter pour une qualité de vie décente et meilleure. »
Pour Juliana Khalaf, qui a fait des études d’art à Londres, « la diversité de la culture au Liban, riche des influences occidentales et orientales, permet aux artistes libanais d’utiliser les outils divers comme la langue, la religion et autres symboles, pour exprimer leurs réalités culturelles ».
Dans la partie consacrée aux « récits flous », les artistes utilisent des techniques plus abstraites, comme « Terre/Mer » d’Hannibal Srouji qui nous offre une vision d’un souvenir d’enfance.
Tous les récits des artistes sont représentés à travers des peintures, sculptures, photographies, vidéos, installations et médias mixtes.
En parallèle à cette exposition, un débat autour du thème « Art, Testemonial or Impulse to Looming Change ? » (L’art : témoignage ou influx d’un changement imminent?, animé par Monita Rajpal, de la chaîne CNN, regroupera quatre artistes et une journaliste ayant couvert la guerre du Liban.