« Il est temps de se réveiller » : tel est le slogan de la campagne internationale contre la corruption lancée hier conjointement par Lebanese Transparency Association (LTA) et Transparency International (TI) au Liban, et organisée par TI dans 80 pays. La présentation de la campagne s’est déroulée à l’ordre de la presse, en présence notamment du président de l’ordre de la presse, Mohammad Baalbacki, et du président de la LTA, Gérard Zoviguian.
« En 18 ans d’existence, TI est devenue une des voix les plus respectées au monde dans la lutte contre la corruption », a déclaré ce dernier. Il a précisé que l’organisation s’est affirmée comme leader du mouvement anticorruption, suite aux enquêtes et activités qu’elle a menées à travers ses 90 branches dans le monde.
« Nous avons pu voir que du Maghreb au Golfe, l’absence de démocratie et la corruption ont été les principales causes du soulèvement des peuples dans plusieurs pays arabes », a ajouté M. Zoviguian, observant que le régime politique libanais, loin d’être autocratique, souffre plutôt de la faiblesse congénitale de l’État. « En revanche, la corruption politique et administrative y est aussi répandue que chez nos voisins, avec des conséquences économiques et sociales dévastatrices », a-t-il noté.
Le président de LTA a expliqué sa lutte, depuis 12 ans, pour combattre ce fléau en mobilisant la société civile. « Nous avons fait nombre de propositions susceptibles d’améliorer la bonne gouvernance au niveau des secteurs public et privé. Mais la tâche est encore immense », a-t-il dit. Et d’affirmer que l’opportunité que représente le « printemps arabe » est « une occasion unique pour réclamer la fin de l’impunité dont jouissent les responsables libanais ».
C’est la raison pour laquelle LTA a décidé de s’associer à la campagne internationale que Transparency International (TI) lance dans près de 80 pays pour lutter contre la corruption, a-t-il expliqué. « Alors que 80 % des citoyens de ces pays pensent que leur gouvernement est corrompu, une écrasante majorité d’entre eux ne fait rien à ce sujet. » D’où le slogan de notre campagne : « Il est temps de se réveiller. » M. Zoviguian a enfin tenu à souligner l’importance du rôle des médias dans la lutte contre la corruption et la volonté de LTA de renforcer les liens de partenariat avec eux.
À son tour, Ibrahim Tabet, animateur du comité de communication au sein de LTA, a énuméré les objectifs de la campagne médiatique. Il s’agit de renforcer la notoriété et la confiance dont jouit TI en tant qu’acteur mondial de lutte contre la corruption, de communiquer au grand public le message anticorruption de TI, en soulignant particulièrement ses conséquences sociales, de réclamer un changement de comportement de la part des gouvernements, des entreprises et des particuliers, et de renforcer la participation des citoyens aux activités de TI.
Quant à la campagne médiatique elle-même, elle sera diffusée sous forme de spot TV, de documentaires courts diffusés en ligne, de tables rondes télévisées, d’événements sur le terrain et de publicités. Un dossier spécial sera aussi publié sur l’état des lieux de la corruption au Liban.
Lançant, de son côté, un appel en faveur de la lutte contre la corruption, l’avocate Nada Abdelsater Abousamra, membre du conseil de LTA et membre du comité de communication de LTA, a estimé nécessaires la participation active et dynamique de la société civile, de même que le soutien et l’engagement de tous les médias.
Elle n’a pas manqué de mettre en valeur le rôle essentiel joué par la jeunesse et le pouvoir mobilisateur des nouvelles technologies de la communication et de l’information dans le printemps arabe. « C’est pourquoi toute stratégie de communication anticorruption au Liban doit en tenir compte », a-t-elle dit. « Pionniers dans la défense des libertés dans le monde arabe, les Libanais ne doivent pas être à la traîne dans le mouvement consistant à mettre fin à l’impunité de leurs dirigeants et à utiliser les nouveaux médias dans ce but », a-t-elle ajouté. Et de souligner que « la corruption transforme les citoyens en esclaves des dirigeants et met la population à la merci des leaders pour obtenir des droits pourtant essentiels ». « La corruption transforme aussi le fonctionnaire (supposé être employé du citoyen) en seigneur », a-t-elle conclu, observant que la démocratie ne peut exister dans un système corrompu.