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À La Une - Environnement

Décès de Wangari Maathai, prix Nobel de la paix

Le Green Belt Movement, fondé par cette Kényane jugée "trop instruite, trop forte, trop brillante, trop têtue" par son ex-mari, est à l'origine de la plantation de plus de 47 millions d'arbres.

Wangari Maathai en 2006, lors d'une cérémonie au cours de laquelle des arbres avaient été replantés dans la forêt de Sabatia, au Kenya. Une forêt touchée par l'abattage illégal d'arbres. Antony Gitonga/Files/

Wangari Maathai est morte dimanche, à l'âge de 71 ans, dans un hôpital de Nairobi où elle était soignée pour un cancer. Avec Wangari Maathai, c'est un symbole qui disparaît. Celui d’une pionnière dans le combat contre la déforestation, commencé dès les années 1970, et dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi celui de la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix en 2004.

 

Née le 1er avril 1940 à Ihithe, dans le centre fertile du Kenya, Wangari Maathai a été une des rares jeunes Kényanes de l'époque à pouvoir bénéficier d'une éducation, grâce à la ténacité de son frère aîné Nderitu qui l'a inscrite dans une école de sœurs catholiques. Partie étudier la biologie aux Etats-Unis dans les années 1960 grâce à une bourse américaine, elle revient ensuite au Kenya, tout nouvellement indépendant. En 1971, elle devient la première femme lauréate d'un doctorat en Afrique centrale et de l'Est. Mais là où nombre de membres de la nouvelle élite vont profiter, souvent jusqu'à outrance, des privilèges du pouvoir, Wangari Maathai décide d'utiliser sa position pour aider ces concitoyens plus défavorisés.

 

Militante du Conseil national des femmes du Kenya (NCWK), elle prend conscience de la marginalisation de ses concitoyennes et les incite à planter des arbres pour subvenir à leurs besoins de chauffage et de cuisine sans endommager davantage un environnement déjà menacé. Cette idée donne naissance en 1977 à son mouvement, le Green Belt Movement, à l'origine depuis de la plantation de plus de 47 millions d'arbres.

Wangari Maathai a également dirigé la Croix Rouge kényane dans les années 1970, mais s'est surtout impliquée dans le combat contre le régime autoritaire du président kényan de l'époque Daniel Arap Moi. Plusieurs fois blessée par les forces de sécurité lors de manifestations, elle a connu à plusieurs reprises la prison.

 

Après l'avènement du multipartisme et l'élection de Mwai Kibaki en 2002, Wangari Maathai devient secrétaire d'Etat à l'environnement entre 2003 et 2005. Elle sera vite déçue de cette expérience et, quand le Kenya se retrouve au bord du chaos à la suite des violences dans la foulée de la réélection contestée de Kibaki en décembre 2007, elle accuse ce dernier d'avoir "échoué à protéger ses citoyens et leurs biens", ce qui lui vaudra, dira-t-elle, des menaces de mort. Son parcours est légèrement terni par des déclarations controversées sur le sida en 2003, sur lesquelles elle est revenue, qui ont suscité des réserves à son égard, notamment de la part de Washington.

 

Plus de trois décennies après le début de son action, elle était toujours aussi préoccupée par l’avenir de l’environnement. Dans son autobiographie publiée en 2006 et intitulée "Insoumise: l'histoire d'une femme", elle raconte comment elle avait vu l'environnement se dégrader dans sa région du Mont Kenya. "A l'époque de ma naissance, les paysages autour d'Ihithe étaient riches, verts et fertiles (...) les saisons étaient si régulières", relate-t-elle. "Aujourd'hui, le climat et l'environnement ont changé" et sont devenus "imprévisibles" dans cette région, déclarait-elle en 2006 à la presse. Auteur de nombreux livres, elle s'était par ailleurs récemment investie dans la sauvegarde de la forêt du Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical au monde.

 

Wangari Maathai a été mariée à un politicien, qui a divorcé d'elle, la laissant avec trois enfants. Son ex-mari lui reprochait d'être "trop instruite, trop forte, trop brillante, trop têtue et trop difficile à contrôler". Un reproche qui résumait aussi ses qualités, grâce auxquelles elle a pu mener son combat pour l'environnement, auquel elle associait celui de la lutte pour les droits de l'Homme et les libertés politiques. C’est d’ailleurs ce qu’avait reconnu le jury du prix Nobel pour la paix en louant "l'approche holistique (de Mme Maathai) envers le développement durable, qui englobe la démocratie, les droits humains et en particulier ceux de la Femme" lors de la remise du prix en 2004.

 

Le Green Belt Movement, désormais orphelin, faisait part hier dans un communiqué de sa "grande tristesse".

 

 

Wangari Maathai est morte dimanche, à l'âge de 71 ans, dans un hôpital de Nairobi où elle était soignée pour un cancer. Avec Wangari Maathai, c'est un symbole qui disparaît. Celui d’une pionnière dans le combat contre la déforestation, commencé dès les années 1970, et dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi celui de la première femme africaine à recevoir le...
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