Sur cette photo tirée d'une vidéo postée sur YouTube par des militants, des centaines de personnes manifestent vendredi à Qousseir, près de Homs (centre), contre le régime syrien et pour l'unité de l'opposition.
Le Conseil national, qui a pris sa forme définitive le 15 septembre à Istanbul, est la principale coalition de l'opposition et a été mise sur pied à l'initiative des islamistes. Les comités locaux de Coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain, ont annoncé cette semaine leur adhésion. D'autres regroupements existent comme le Conseil national de transition syrienne dirigé par l'universitaire vivant à Paris Burhane Ghalioune.
Dans la région de Homs, principal foyer de contestation, à 160 km au nord de Damas, deux civils ont péri sous les balles des forces de sécurité alors qu'était entendu "le son des mitrailleuses lourdes" dans deux quartiers de la ville, selon des militants. "Un manifestant a été tué à Talbisseh, un civil a trouvé la mort et trois autres ont été blessés alors qu'ils se rassemblaient pour la prière du vendredi dans le village d'Al-Zaafarana", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) basé en Grande-Bretagne. Il y a également eu trois blessés à Qousseir, une autre localité proche de Homs. A Zabadani, à 45 km au nord de Damas, une passante, blessée jeudi soir par balles alors que les forces de sécurité pourchassaient des militants, a succombé vendredi. La télévision officielle syrienne a affirmé quant à elle que "six agents des forces de l'ordre ont été blessés à Deir Ezzor par des groupes terroristes armées". Depuis le début du mouvement de contestation, la répression en Syrie a fait plus de 2 700 morts, selon l'ONU et plus de 70 000 personnes ont été détenues selon l’OSDH.
Selon la LCC, l'ambassadeur de France à Damas s'est rendu jeudi à l'entrée d'écoles à Damas et dans sa banlieue à la suite d'informations faisant état de manifestations lycéennes réprimées. Interrogée par l'AFP, une source de l'ambassade de France a déclaré : "Nous ne démentons pas". Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a également dénoncé vendredi la répression syrienne qui s'exerce, selon lui, aussi dans des écoles contre des enfants. "Nous sommes aussi fermes" que pour la Libye mais "nous n'avons pas vocation à faire la guerre partout", a aussi ajouté le ministre, en se défendant d'avoir une position moins tranchée à l'égard des dirigeants syriens que celle affichée pour leurs homologues libyens. "Nous essayons d'agir en proportionnant chaque fois nos moyens d'intervention à la situation", a-t-il ajouté. En Syrie, "vous avez des communautés qui sont peut-être en train de s'antagoniser, des chrétiens d'un côté, des alaouites, des sunnites, tout ceci risque de dégénérer en une guerre civile, c'est pour cela qu'il faut agir avec détermination", a-t-il dit.
Amnesty International a, de son côté, dénoncé les exécutions de prisonniers en Syrie, citant notamment le cas d'une jeune fille de 18 ans arrêtée à Homs le 27 juillet. Le corps de Zainab el-Hosni a été découvert par sa famille le 13 septembre dans un hôpital militaire où ses parents s'étaient rendus pour identifier le corps de son frère Mohammad, lui-même arrêté, apparemment torturé, et mort en détention. Zainab avait été décapitée, démembrée et écorchée, affirme Amnesty. "S'il est confirmé que Zainab était en prison lorsqu'elle est morte, cela serait l'un des cas les plus troublants d'un décès en détention que nous avons vu jusqu'ici", a déclaré Philip Luther, directeur-adjoint d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord, cité dans un communiqué. Il s'agit, selon Amnesty, du 103e cas recensé, et le premier concernant une femme, d'un décès en détention en Syrie depuis le début de la contestation.
"Nous sommes extrêmement préoccupés par des informations (...) faisant état d'une répression de plus en plus brutale menées par les autorités syriennes contre les manifestants en Syrie", a déclaré de son coté une porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, au cours d'une conférence de presse vendredi. "D'éminents défenseurs des droits de l'homme, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, auraient été ciblés", a-t-elle ajouté, sans donner de détails.
A Bruxelles, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a annoncé que "compte tenu de la poursuite de la campagne brutale du régime syrien contre sa propre population, l'Union européenne a décidé d'adopter des sanctions supplémentaires". Ce septième train de sanctions contre le régime du président Assad interdit notamment d'investir dans le secteur pétrolier, vital pour l'économie du pays, et d'alimenter la banque centrale en pièces et billets. Cette sanction vient compléter une précédente mesure. La Suisse est venue du reste s'y associer vendredi en interdisant elle aussi l’importation, l’achat et le transport de pétrole et de produits pétroliers syriens.
L'impact de ces restrictions commence d'ailleurs à se faire sentir alors que le ministre syrien de l’Économie et du commerce a annoncé vendredi suspendre l'importation de voitures et de produits de luxe pour "sauvegarder les réserves en devises" de la Syrie. Cité par l'agence officielle Sana, Mohammed Nedal el-Chaar a indiqué que les importations de produits soumis à des taxes douanières de 5% et plus seront également suspendues.
Le Conseil national, qui a pris sa forme définitive le 15 septembre à Istanbul, est la principale coalition de l'opposition et a été mise sur pied à l'initiative des islamistes. Les comités locaux de Coordination (LCC), qui animent la contestation...