La Turquie est prête à faire marche arrière dans le conflit gazier offshore qui l'oppose à Chypre si cette dernière fait de même, a indiqué le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan au secrétaire général des Nations unies, rapporte vendredi l'agence de presse Anatolie. "Si les deux parties (grecques et turques, ndlr) renoncent aux explorations de gaz naturel, nous l'accepterons", a déclaré M. Erdogan lors d'une rencontre avec Ban Ki-moon jeudi soir à New York en marge de l'assemblée générale de l'ONU, précise l'agence, citant des sources de l'entourage du chef du gouvernement turc. Mais, a-t-il prévenu, si Chypre insiste pour aller de l'avant, cela "sabotera" les négociations en cours entre les dirigeants des parties grecques et turques de Chypre en vue d'une réunification de l'île divisée politiquement depuis 1974.
M. Erdogan a demandé au secrétaire général d'intervenir auprès de la République de Chypre, que la Turquie ne reconnaît pas, pour faire cesser les explorations en Méditerranée. M. Erdogan a affirmé que "les décisions et initiatives unilatérales de l'administration chypriote-grecque constituent un risque pour la paix" en Méditerranée.
La Turquie a appelé la République de Chypre --la seule entité reconnue sur l'île, mais qui ne dirige de facto que la zone de peuplement chypriote grec (sud)-- à renoncer à ses projets d'exploration gazière, qui se sont concrétisés dimanche avec le lancement de recherches par la compagnie américaine Noble Energy. En riposte à cette démarche, la Turquie a décidé de lancer ses propres recherches offshores au large de Chypre et le navire turc "Piri Reis" devait appareiller vendredi de son port d'attache d'Izmir (ouest, sur l'Egée). La Turquie a signé mercredi un accord avec la République turque de Chypre nord (RTCN), qu'elle est seule à reconnaître, pour entamer des forages au large des côtes de celle-ci. Le gouvernement turc a affirmé que la marine turque escorterait les navires d'explorations au large de Chypre.
L'Union européenne a appelé Ankara à la retenue et les Etats-Unis ont dit soutenir le droit de Chypre aux explorations énergétiques.