“F*** you Obama” : les mots pour le dire, lors d’une manifestation anti-US hier à Ramallah. Abbas Momani / AFP
« Quoi qu’il arrive demain (aujourd’hui vendredi) aux Nations unies, nous restons concentrés sur le jour suivant », a-t-elle ainsi déclaré à des journalistes. « Je reste déterminée à travailler avec les parties pour atteindre l’objectif d’une solution à deux États que soutiennent les États-Unis », a-t-elle poursuivi, assurant que Washington ne « négligera aucun effort, aucune piste dans sa tentative d’y parvenir ».
L’une des « pistes » suivies par les États-Unis et les Européens afin d’éviter le bras de fer serait une nouvelle déclaration du quartette pour le Proche-Orient susceptible de ramener les parties à la table des négociations. Interrogée sur cette perspective, Mme Clinton a répondu que l’administration Obama « continue de travailler le plus dur possible », après que deux élus de la Chambre des représentants, le numéro deux de la majorité républicaine Eric Cantor et le numéro deux de la minorité démocrate Steny Hoyer, eurent accusé Mahmoud Abbas de dédaigner la reprise de négociations directes avec Israël en préférant s’engager dans « un affrontement diplomatique » et menacé de réviser l’aide US à l’Autorité.
Erakat confirme
Les États-Unis, à l’unisson d’Israël, qualifient la demande d’adhésion d’un État palestinien de démarche « unilatérale ». Ils affirment que des négociations israélo-palestiniennes sont la seule voie pouvant mener à un État palestinien.
Cette idée était au cœur du discours mercredi dernier du président américain à la tribune de l’ONU. Un discours qui n’a pas surpris les Palestiniens, mais qui les a « écœurés ». Désappointement et colère étaient palpables hier à Ramallah au cours d’une manifestation d’un millier de Palestiniens, qui ont accusé M. Obama, déjà largement déconsidéré à leurs yeux, d’avoir trahi leur cause. Rassemblés près de la Mouqataa, le siège de la présidence de l’Autorité palestinienne, les manifestants ont arboré des banderoles sur lesquelles était écrit : « Honte à ceux qui se prétendent démocratiques » ou « L’Amérique est la tête du serpent. » Un écriteau résumait l’opinion générale : « Obama F... you. »
Pendant ce temps, un responsable du ministère palestinien de l’Information, Moutawakil Taha, accusait Barack Obama de se conduire « comme un colon israélien ». « Quarante-deux veto américains à l’ONU ont permis à Israël de continuer à imposer l’apartheid dans la région. Le discours d’Obama a démasqué l’Amérique qui prétend soutenir les révolutions arabes », a-t-il commenté.
Les trois principaux quotidiens palestiniens de Cisjordanie ont exprimé la même amertume et la même désillusion, notant que le président américain n’avait fait aucune référence à la colonisation ou aux frontières de juin 1967. « Le discours d’Obama fut une déception pour ceux qui attendaient quelque chose de nouveau de lui. Il suscite l’écœurement et la colère », a écrit Talal Okal dans un éditorial d’al-Ayyam.
À Gaza, le groupe islamiste Hamas, qui désapprouve la démarche du président Mahmoud Abbas prévue vendredi à l’ONU, a jugé que « le discours d’Obama reflète le parti-pris américain en faveur de l’occupation israélienne et prouve que les Arabes et les Palestiniens ont tort de continuer à parier sur les Américains ». « Face à cette arrogance américano-israélienne, nous appelons à l’adoption d’une stratégie nationale palestinienne basée sur l’indépendance et le monde arabo-musulman », a déclaré le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.
En attendant, et à l’heure de mettre sous presse, le négociateur palestinien Saëb Erakat a attribué les manifestations hostiles à Barack Obama à « la partialité américaine » envers Israël, confirmant que le président Mahmoud Abbas déposerait aujourd’hui la demande d’admission. « Notre peuple a manifesté hier et aujourd’hui son sentiment que ce discours ne répondait pas à l’aspiration des Palestiniens à la liberté et à l’indépendance auxquelles appelle l’administration américaine pour tous les peuples, sauf pour les Palestiniens », a-t-il déclaré, précisant qu’après la demande d’admission, le président Abbas rentrera pour étudier les options des Palestiniens lors d’une réunion avec la direction palestinienne, « notamment l’initiative présentée par le président Nicolas Sarkozy ».
La joie en Israël
En Israël (où la police est en état d’alerte pour le discours de Abbas à l’ONU), les commentateurs soulignaient la teneur « sioniste » du discours de Barack Obama et « la grande joie » de la délégation israélienne à l’ONU. La plupart des éditorialistes israéliens se félicitaient ainsi hier du discours « pro-israélien » du président américain Barack Obama qui a rejeté la requête d’un État de Palestine à l’ONU. « Obama a fait siens tous les arguments israéliens contre l’adhésion d’un État palestinien à l’ONU et a aussi adopté le “récit narratif” d’Israël, un petit peuple menacé dans son existence par ses voisins (...) qui porte les souffrances de milliers d’années d’exil et de la Shoah », soulignent-ils. « Il n’est pas étonnant qu’Abou Mazen (surnom de Mahmoud Abbas), assis dans la salle pendant le discours, ait tenu sa tête dans les mains en signe d’incrédulité et de désespoir », relève un journaliste. « À tous égards, ce fut, à mon avis, le discours le plus sioniste à ce jour de Barack Obama. Il ne manquait qu’une jolie photographie de Theodor Herzl », le fondateur du sionisme, ironise encore Eitan Haber.
Visiblement ravi, le chef de la diplomatie israélienne, le nationaliste Avigdor Lieberman, a confié au quotidien Haaretz (gauche) qu’il s’agissait du « meilleur discours jamais prononcé » par M. Obama. Lequel Haaretz s’est élevé en revanche contre « le nouvel Obama », estimant qu’ « il a renvoyé dos à dos l’occupant et l’occupé afin qu’ils se débrouillent tout seuls pour résoudre les questions clés du conflit ».
Naturellement, la Turquie a réagi très durement : iI est « nécessaire de faire pression sur Israël pour faire la paix » avec les Palestiniens, a ainsi affirmé hier le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan devant l’Assemblée générale des Nations unies. Ainsi, la communauté internationale « montrera que clairement ils (les Israéliens, ndlr) ne sont pas au-dessus des lois », a ajouté le chef du gouvernement turc, rappelant que le soutien de la Turquie à la reconnaissance d’un État de Palestine (à l’ONU) est « sans condition ».
M. Erdogan a été plus loin : « Les Nations unies n’ont été d’aucune aide, puisqu’elles n’ont pris aucune mesure pour mettre fin à la tragédie humaine que connaît la population palestinienne ». Il a également répété qu’Israël devait présenter ses excuses et lever l’embargo sur Gaza suite à la mort de neuf Turcs lors d’un raid israélien contre une flottille internationale qui tentait de briser le blocus autour de Gaza en mai 2010. « Avant cela, notre position ne changera pas », a souligné M. Erdogan qui s’exprimait alors que les relations entre la Turquie et Israël connaissent un sérieux coup de froid.
(Sources : agences et rédaction)
Kamel,ne sois pas étonné...ytu as toujours pensé que j'étais pro-israëlien,en quelque sorte.Je suis pro-paix et pro-justice.Il y a assez de potentiel dans cette partie du monde pour que tout le monde y trouve son compte.je n'aime pas les discours haineux,de part et d'autre.Mais force est de constater que les Israêliens sont dans une sacrée impasse...et nous avec.C'est pourquoi il est urgent que les peuples ,qui aspirent d'un côté et de l'autre,à la paix,fassent leur révolution interne et morale.Israël,tout Israêl qu'il est souffre d'un syndrome aggravé de perte d'indépendance.Il est à la merci de factieux qui n'ont aucun intêret à voir arriver la paix,aucun.Et nous avons les mêmes à la maison.Ils sont une minorité.La justice aux Palestiniens,le contôle des agités...et tout est possible.mais tellement de milliards d'armements sont en jeu que çà ne va pas être facile.Peut-être un déclic du côté de Tel-Aviv?Inchallah et même Inchallahpas!
11 h 40, le 23 septembre 2011