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Liban - L’éclairage

Taëf : Raï propose que l’on comble certaines lacunes

Des sources informées qui ont suivi de près la visite du patriarche Raï en France indiquent qu’au cours de ses entretiens, notamment avec le président Sarkozy, il s’est abstenu d’évoquer la nécessité d’amender Taëf. Un pacte parrainé comme on sait par les Occidentaux aussi bien que par les Arabes.
Il avait cependant soulevé cette question à l’issue de sa visite au président Sleiman à Baabda. Pour souligner que le pays est paralysé faute d’un contrat de coexistence rénové rétablissant l’équilibre dans la vie politique.
Car un vice de fond était apparu à ce niveau par suite du transfert de prérogatives primordiales de la présidence de la République au Conseil des ministres. C’est-à-dire, dans la pratique courante, au chef du gouvernement. Ainsi que, par ricochet systémique, au président de la Chambre dont dépend l’existence du cabinet.
Ce qui a entraîné un déséquilibre institutionnel et, partant, hautement politique, marqué, comme le relève un ancien ministre, ajoutant qu’il avait exposé le problème au président Émile Lahoud, sous l’un des gouvernements du regretté Rafic Hariri. Et qu’il n’en avait pas reçu de réponse favorable, l’objection qu’on lui opposait étant que les circonstances ne se prêtaient pas à un débat sur la révision de Taëf. Ni à la restitution au chef de l’État de certains de ses anciens pouvoirs, dont le droit de dissoudre le gouvernement ou le Parlement, dans des limites serrées.
L’approche du patriarche Raï se contente actuellement de mettre l’accent sur la nécessité de certaines retouches, pour atténuer le manque d’organisation, et de régulation paritaire, qui grippe la machine d’État depuis Taëf.
Un exemple : le président de la République est soumis à des impératifs, ainsi qu’à des délais de signature stricts, qui ne sont pas du tout imposés aux ministres. En fait, un ministre est un roi dans son foyer, sous le régime issu de Taëf. Le chef du gouvernement ne peut lui forcer la main en aucun cas, en ce qui concerne son département. Il y a donc contradiction entre la pratique courante, obstruée, et la Constitution qui édicte que le président du Conseil conduit la politique de l’exécutif en tous domaines, gestion ministérielle comprise.

Précipitation
Un député qui avait participé à la conférence de Taëf reconnaît que l’on avait légiféré à la hâte, sans trop y regarder, car il y avait urgence, la priorité étant de faire taire le canon. Il admet qu’il existe des failles qu’il est grand temps de combler.
De son côté, un dirigeant sécuritaire souligne que l’État, entité globale, n’a qu’un chef, le président de la République. Il prête donc serment national. Ce que le président de la Chambre et le président du Conseil, qui dirigent deux institutions constitutionnelles, mais sans plus, ne font pas. Ainsi, poursuit cette personnalité, il faut cesser de parler de troïka ou de trois chefs, car l’État n’en a qu’un. C’est pourquoi, selon lui, il faut lui redonner certaines de ses anciennes prérogatives, dont le droit de dissolution du gouvernement et du Parlement. Il retrouverait du même coup ses attributions d’arbitre, sifflant les fautes, et distribuant aux joueurs cartons rouges ou jaunes pour réguler la partie, entendre le travail des institutions et des services publics.
Allant dans le même sens, des observateurs précisent que le but, tant que le fruit tout entier n’est pas mûr, est simplement d’opérer quelques corrections de tir permettant la réactivation de l’État. Par le rétablissement des équilibres institutionnels, premier moteur de la machine. Sans ouvrir un débat de fond, incluant la parité chrétiens-musulmans, par exemple, qui ferait exploser la scène politique, déjà si tendue.

Bazar
Au long cours, et sans que cela ne soit mis en exergue tout le temps, l’Occident s’emploie à ce qu’une ouverture du dossier de la révision de Taëf débouche sur un marché englobant l’armement du Hezbollah. Le diplomate qui livre cette indication précise que certaines capitales européennes s’activent particulièrement à cette fin. En clair, il s’agirait de modifier la parité simple chrétiens-musulmans en partage à trois entre sunnites, chiites et chrétiens. Moyennant quoi le Hezbollah accepterait de se désister de son arsenal.
Le sujet avait été soulevé en force avant l’élection du président Sleiman. Il avait été discuté entre les Européens qui le proposent et des Arabes, ainsi qu’avec des États influents dans, ou sur, la région. Mais le marché avait été contré par les forces locales qui rejettent catégoriquement toute atteinte à la parité égalitaire. En soulignant que la coexistence, principe vital, n’aurait plus de sens. Ajoutant que l’on ne saurait absolument pas toucher au fond même du pacte national. Pour ces forces, la révision ne peut porter que sur des éléments, structurels ou autres, de fonctionnement du système.
Bien entendu, les chrétiens sont les premiers à refuser que l’on touche à la règle du binôme. Mais ils ont l’appui, bien entendu, aussi, des fractions sunnites et des minorités. Le président Sleiman lui-même a cessé de demander la révision de Taëf quand il est apparu que certains voulaient exploiter ce thème aux fins de concrétiser le marché parité-arsenal.
Un chef d’État européen a interrogé un diplomate libanais sur la révision de Taëf. Et il lui a répondu qu’une telle mesure ne peut être entreprise que dans un climat et des circonstances qui sont encore loin d’exister. En effet, a-t-il ajouté, il faut qu’il y ait au départ un esprit, et une volonté d’entente entre tous les leaderships libanais, ce qui est loin d’être le cas. Ou encore, à Dieu ne plaise, que cela ne soit par suite d’une nouvelle guerre civile, se terminant on ne sait quand. Et qui éclaterait pour sûr, selon lui, si certains cherchent à imposer de force une nouvelle parité.
Les capitales ont maintenant renoncé à leur marché, par suite de la levée de boucliers libanaise, chrétiens en tête. Mais, surtout, il faut bien en convenir, parce que le Hezbollah a fait savoir que son armement, destiné à la libération, n’est négociable contre rien. Un ministre du parti de Dieu indique en privé qu’en tout cas, la formation n’est pas pour le partage à trois, comme certains l’avancent, mais qu’elle est au contraire à fond pour Taëf, et même pour son application scrupuleuse, dans les moindres détails. Ajoutant, pour que le message soit bien capté, qu’il n’est pas question de redonner au chef de l’État ses anciennes prérogatives. Car ce n’est pas au chef du gouvernement qu’elles ont été transférées, mais au pouvoir commun dans son ensemble, c’est-à-dire au Conseil des ministres.
Des sources informées qui ont suivi de près la visite du patriarche Raï en France indiquent qu’au cours de ses entretiens, notamment avec le président Sarkozy, il s’est abstenu d’évoquer la nécessité d’amender Taëf. Un pacte parrainé comme on sait par les Occidentaux aussi bien que par les Arabes.Il avait cependant soulevé cette question à l’issue de sa visite au président Sleiman à Baabda. Pour souligner que le pays est paralysé faute d’un contrat de coexistence rénové rétablissant l’équilibre dans la vie politique.Car un vice de fond était apparu à ce niveau par suite du transfert de prérogatives primordiales de la présidence de la République au Conseil des ministres. C’est-à-dire, dans la pratique courante, au chef du gouvernement. Ainsi que, par ricochet systémique, au président de la Chambre...
commentaires (1)

- - Tant que ce marché de dupes appelé Taef n'est pas amendé , comme le réclament le Patriarche et bien d'autres chefs importants de la communauté Maronite , le pays continuera a vivre dans une ambiance politique malsaine et restera ingouvernable . un passage dans l'article a attiré mon attention , qui dit q' un ministre est roi dans son foyer , sous le régime de Taef ! Or on a bien vu ce " qu'ils " ont fait , ou voulu faire , au ministre Maronite de l'énergie pour faire passer un projet Ô combien important et essentiel pour le pays (...) " ILS " ont bouclé le pouvoir , ILS , c'est Hariri et Joumblatt avec Berry . Le Patriarche à raison , nous avons perdu plus de 20 ans , il faut réagir . Si l'actuel berger était à Bkérké à cette époque , Taef n'aura pas eu lieu , et l'armée Syrienne n'aurait pas attaqué le Palais .

JABBOUR André

00 h 56, le 23 septembre 2011

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Commentaires (1)

  • - - Tant que ce marché de dupes appelé Taef n'est pas amendé , comme le réclament le Patriarche et bien d'autres chefs importants de la communauté Maronite , le pays continuera a vivre dans une ambiance politique malsaine et restera ingouvernable . un passage dans l'article a attiré mon attention , qui dit q' un ministre est roi dans son foyer , sous le régime de Taef ! Or on a bien vu ce " qu'ils " ont fait , ou voulu faire , au ministre Maronite de l'énergie pour faire passer un projet Ô combien important et essentiel pour le pays (...) " ILS " ont bouclé le pouvoir , ILS , c'est Hariri et Joumblatt avec Berry . Le Patriarche à raison , nous avons perdu plus de 20 ans , il faut réagir . Si l'actuel berger était à Bkérké à cette époque , Taef n'aura pas eu lieu , et l'armée Syrienne n'aurait pas attaqué le Palais .

    JABBOUR André

    00 h 56, le 23 septembre 2011

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