Cette image tirée d'une vidéo postée sur YouTube montre des soldats syriens patrouillant dans les rues d'Edleb et tirant en l'air sans discrimination.
Le gouverneur de la Banque centrale syrienne, Adib Mayaleh, n’a pas obtenu de visa pour les Etats-Unis, alors qu’il devait assister vendredi à Washington à la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. "J'ai été informé mercredi par l'ambassade des Etats-Unis à Damas du refus de m'accorder un visa pour assister à la réunion qui se tient du 23 au 25 septembre. Aucune raison ne m'a été donnée", a-t-il déclaré à l'AFP. Cette mesure s’inscrit dans un processus de sanctions entrepris depuis mai dernier par les Etats-Unis vis à vis de Damas. Un décret présidentiel gèle désormais les avoirs que l'Etat syrien et plusieurs de ses responsables pourraient avoir aux Etats-Unis, et depuis le 18 Août, l'administration américaine a interdit l'importation de pétrole et de produits pétroliers de Syrie aux Etats-Unis.
Parallèlement, sur le terrain, les opposants se préparent à une nouvelle journée de manifestations vendredi. Sur leur page Facebook "The Syrian revolution 2011", les militants pro-démocratie appellent à une manifestation sous le slogan "l'unité de l'opposition". "L'unité de l'opposition pour renverser le régime est un devoir national. Oui au Conseil national en phase avec les principes de la Révolution", ont-ils écrit.
Le Conseil national a été formé fin août en Turquie à l'initiative des islamistes, pour coordonner la lutte contre le régime. Les comités locaux de Coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain, y ont annoncé leur adhésion. Dans un communiqué, les LCC dénoncent "les assassinats et le siège du quartier Baba Amro" à Homs. "Depuis lundi soir, un climat de terreur règne dans ce quartier où agents de sécurité, militaires et milices du régime ont perquisitionné les maisons rue par rue et kidnappé de nombreux jeunes pour les emmener dans un stade transformé en prison". "L'armée a tiré sans discrimination sur les maisons et les réservoirs d'eau pour terroriser les habitants", selon l'ONG.
Toujours à Homs, l'Observatoire syrien des droits de l'homme indique qu’un homme aurait été tué par des "tireurs embusqués".
De son côté, l’agence officielle Sana a indiqué que "cinq membres des forces de l'ordre ont été tués et 17 blessés dans une embuscade tendue par des groupes terroristes armés, sur la route de Tiba", dans la province de Deraa, dans le sud du pays.
Selon l'ONU, depuis le début de la contestation le 15 mars, 2.700 personnes - en majorité des civils - ont été tuées et une dizaine de milliers sont en prison ou ont disparu.
La poursuite des violences aurait un impact direct sur l’ampleur des manifestations. Des analystes et diplomates ont remarqué une baisse de la mobilisation lors des derniers rassemblements.
Pour Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, cette baisse de la mobilisation s'explique par les arrestations massives, notamment dans les rangs des animateurs de la contestation et par le quadrillage systématique des localités.
Pour le spécialiste de la Syrie, Thomas Pierret, "une stratégie non-violente peut fonctionner si une partie significative de l'armée affiche des réticences à tirer sur des civils. Ce n'est pas le cas en Syrie, si bien que l'on peut penser que l'opposition ne viendra pas à bout du régime de manière pacifique". Un point de vue partagé par des diplomates occidentaux à Damas. "Le nombre de manifestants a diminué mais si la répression continue ce sera de plus en plus difficile aux tenants d'une action pacifique de convaincre l'aile radicale de la contestation de ne pas prendre les armes", confie l'un d'eux.
Porte-parole des Comités locaux de la Coordination, qui animent la contestation sur le terrain, Omar Idlibi admet aussi que les manifestations sont moins étoffées, mais pour lui il s'agit d'une tactique. "Elles ne baissent pas d'intensité mais nous avons décidé de limiter leur ampleur dans les lieux où le régime réprime violemment", affirme-t-il à l'AFP. Viscéralement attaché au caractère pacifique de la contestation, il estime toutefois que "le retard de la communauté internationale à soutenir clairement la révolution pourrait la dévier de sa ligne pacifique".
Pendant ce temps le régime enregistre avec une prudente satisfaction la baisse de l'ampleur des manifestations, et met l'accent sur le danger que représentent "des bandes armées". Pour Khaled al-Ahmad, un consultant syrien proche des cercles du pouvoir, le vrai danger est représenté par les "4.000 salafistes armés qui se trouvent à Jabal Al-Zawiya (nord-ouest), très difficile d'accès, et des 2.000 autres qui se cachent à Homs (centre), où il faudrait des combats de rue très coûteux en vies humaines pour les en déloger. Ces rebelles ne croient qu'au langage des armes".