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Dernières Infos - Etats-Unis

"A ceux qui s'apprêtent à m'ôter la vie, que Dieu vous bénisse"

Symbole international de lutte contre la peine capitale, Troy Davis a été exécuté, la nuit dernière.

Les manifestants s'attendaient à un miracle. Mais c'est l'"injustice pour Troy Davis" qui a finalement eu le dernier mot. Tami Chappell/

Devant la prison de Jackson, dans le sud-est des Etats-Unis, où le Noir américain Troy Davis a été mis à mort mercredi soir, un profond silence s'est abattu sur la plaine où toute la journée les prières et les clameurs avaient résonné pour sauver celui qui a clamé son innocence jusqu'à son dernier souffle.
Jusqu'au dernier moment, ils ont voulu croire au miracle. Plusieurs centaines de personnes, dont beaucoup de Noirs, ont prié le ciel pour obtenir un ultime sursis en faveur de Troy Davis, symbole international de lutte contre la peine capitale. Condamné à mort en 1991 pour le meurtre du policier Mark MacPhail tué par balles sur un parking de Savannah en 1989, Troy Davis avait déjà échappé à trois exécutions grâce à de multiples recours judiciaires évoquant des doutes quant à sa culpabilité. Lors du procès, neuf témoins l'avaient désigné comme l'auteur du coup de feu mais l'arme du crime n'avait jamais été retrouvée et aucune empreinte digitale ou ADN n'avait été relevée. Depuis, sept témoins s'étaient rétractés, certains d'entre eux affirmant avoir été incités par la police à accuser Troy Davis.

 

Devant la prison de Jackson, les personnes venues soutenir Troy Davis avaient sauté de joie en apprenant que l'exécution prévue hier à 19h00 (23h00 GMT) était retardée le temps que la Cour suprême statue. Mais c'est l'abattement, le silence qui est tombé devant le centre pénitentiaire de Géorgie à l'annonce du rejet par la plus haute juridiction des Etats-Unis de l'ultime requête de Troy Davis. Les manifestants ont aussitôt formé un cercle resserré autour de la famille du condamné, priant, chantant, pleurant, en attendant la mort par injection, qui été prononcée à 23h08 (jeudi à 03h08 GMT). Jusqu'à la chambre d'exécution, Troy Davis a clamé son innocence. "Ce n'était pas de ma faute, je n'avais pas d'arme", a-t-il dit, selon une journaliste locale qui a assisté à l'exécution aux côtés de parents de la victime. "A ceux qui s'apprêtent à m'ôter la vie, que Dieu vous bénisse", a-t-il ajouté.

 

 

Photo AFP


"Troy Davis est mort ce soir, et avec lui, est mort sa quête pour la justice et la vérité", a déclaré un de ses avocats Jason Ewart. "Toute une famille est en deuil ce soir", a-t-il ajouté, "l'innocence n'a pas d'autre ennemi que le temps" mais "l'héritage de Troy Davis ne s'arrête pas ce soir".
Son collègue Thomas Ruffin a dénoncé un "lynchage légal".
Benjamin Jealous, président de l'association pour la défense des gens de couleur (NAACP), a parlé d'un "moment où votre cœur se brise, où la justice de votre pays déçoit des millions de gens dans le monde".
Pour Larry Cox, directeur d'Amnesty International USA, "Troy Davis est maintenant devenu le symbole incroyable de tout ce qui est cassé, de tout ce qui va mal, nous essayerons de nous appuyer sur cela (...) pour montrer que la peine de mort doit être abolie".
"Nous n'arrivons pas à croire à ce qui arrive", a ajouté Laura Moye, directrice en charge de la peine capitale à Amnesty, "près d'un million de personnes ont appelé à arrêter l'exécution".

Toute la journée, les manifestants ont chanté, les bras au ciel, hurlant, implorant "Justice pour Troy Davis", priant dans une petite église pour "qu'il y ait une intervention", avait confié à l'AFP la soeur de Troy Davis, Martina Correia.
"C'est un scandale, personne ne doit exécuter quelqu'un sans preuve matérielle et uniquement sur la base de témoignages oculaires", avait scandé le révérend Al Sharpton.
"Il y a des gens à Paris, il y a des gens en Afrique, il y a des gens dans le monde entier qui vont nous voir le tuer", avait lancé un autre pasteur, Vizion B. Jones. "Ne venez plus jamais en vacances en Géorgie, ne venez plus jamais assister à un match de base-ball ici".
A l'annonce de la mort de Troy Davis, le carré d'herbe où étaient cantonnés les manifestants s'est très vite vidé, en silence. Les sœurs et frères de l'exécuté, ses petits neveux, ont quitté les lieux sans un mot.
"L'injustice où qu'elle soit est partout une menace pour la justice", a insisté A. C. Dumas, de la NAACP, en citant le pasteur Martin Luther King. Pourtant, "on peut toujours éteindre la musique mais on ne pourra pas faire disparaître la chanson".

Devant la prison de Jackson, dans le sud-est des Etats-Unis, où le Noir américain Troy Davis a été mis à mort mercredi soir, un profond silence s'est abattu sur la plaine où toute la journée les prières et les clameurs avaient résonné pour sauver celui qui a clamé son innocence jusqu'à son dernier souffle.Jusqu'au dernier moment, ils ont voulu croire au miracle. Plusieurs centaines de personnes, dont beaucoup de Noirs, ont prié le ciel pour obtenir un ultime sursis en faveur de Troy Davis, symbole international de lutte contre la peine capitale. Condamné à mort en 1991 pour le meurtre du policier Mark MacPhail tué par balles sur un parking de Savannah en 1989, Troy Davis avait déjà échappé à trois exécutions grâce à de multiples recours judiciaires évoquant des doutes quant à sa culpabilité. Lors du procès,...