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Couverture spéciale de la révolte en Syrie - Révolte

Paris dénonce le silence du Conseil de sécurité face à la répression en Syrie

Le Conseil des droits de l’homme réclame une action internationale ; au moins cinq tués par balles à Houla.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a dénoncé hier « le silence inacceptable » du Conseil de sécurité de l’ONU face à ce qu’il a qualifié de « crimes contre l’humanité », concernant la répression meurtrière en Syrie. M. Juppé s’exprimait devant le Conseil des relations étrangères (CFR), un centre de réflexion américain, en marge de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, à New York.
Alors que la Chine et la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité dotés du droit de veto, se sont opposés à un projet de résolution prévoyant des sanctions contre le régime de Bachar el-Assad, Alain Juppé a rappelé, lors d’une conférence de presse, qu’il s’était rendu récemment dans ces deux pays pour évoquer notamment la situation syrienne. « C’est surtout avec la Russie que le dialogue a été le plus franc. Nous avons une divergence fondamentale d’appréciation. Nous considérons que le régime (syrien) a perdu peu à peu sa légitimité en pratiquant une répression d’une brutalité inouïe », a rappelé le ministre. « Les Russes (évoquent) de prétendus terroristes qui utiliseraient la violence contre le régime. Nous ne partageons pas cette vision des choses et cela explique que la situation reste bloquée au Conseil de sécurité », a-t-il ajouté.
Rappelons que les membres permanents du Conseil de sécurité sont profondément divisés dans leur attitude face à la répression en Syrie. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France souhaitent le départ du président Assad et veulent que l’ONU prenne des sanctions contre le régime. La Russie, proche alliée de la Syrie, et la Chine y sont opposées.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a réclamé de son côté une action internationale. « Malgré la pression croissante de la communauté internationale (...), la répression sanglante s’est intensifiée », a ainsi déploré Kang-wha Kang, Haut-Commissaire adjoint aux Droits de l’homme à l’ONU, en soulignant « la situation de plus en plus désastreuse des droits de l’homme et l’urgence d’une réponse internationale efficace pour y remédier ».
Mme Kang a relevé que si le gouvernement syrien avait promis des réformes, il les avait « constamment reniées (...) en faisant un usage excessif de la force, en tuant des manifestants, en procédant à des arrestations massives (ou) en faisant usage de la torture ».
L’opposition laïque, réunie à Paris, a également appelé hier l’ONU à adopter une résolution pour « protéger les civils » en Syrie, sur le modèle de la résolution 1973 de l’ONU sur la Libye. D’autres groupes de l’opposition syrienne sont opposés à toute intervention étrangère.
Sur le terrain, « cinq citoyens, dont une femme, ont été tués par les tirs des forces de sécurité qui menaient depuis dimanche soir des perquisitions à Houla » dans la province de Homs, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Le bruit des tirs, en particulier à la mitrailleuse lourde, résonne dans cette région où les routes entre les villages ont été coupées par des chars et des barrages », ont ajouté des militants sur place.
Selon des contestataires, des habitants de Waer, toujours à Homs, se sont ralliés à la contestation alors que les forces de sécurité ont arrêté des membres du Croissant-Rouge qui soignaient des blessés, dont un enfant de 4 ans qui a reçu une balle dans la jambe.
Un militant à Dhamir, dans la région de Damas, a par ailleurs rapporté à l’OSDH que huit soldats ayant fait défection avaient été la cible de tirs nourris de la part des forces de sécurité : deux ont été tués, quatre arrêtés et deux sont encore en fuite.
L’armée a aussi mené de vastes opérations dans des villages de la région de Jabal al-Zaouiya (Nord-Ouest), selon des militants sur le terrain, qui ont fait état de perquisitions et de brutalités contre des villageois, évoquant des tirs nourris dans plusieurs villages.
Un jeune homme de 26 ans, blessé dimanche lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu pendant des funérailles, a en outre succombé hier à Irbin, dans la province de Damas.
Et comme tous les jours, les forces de l’ordre ont procédé à de nombreuses arrestations dans la province d’Alep, ainsi qu’à Deir ez-Zor, Lattaquié, Banias et Dhamir.
Le bilan de la répression des manifestations antigouvernementales s’élève désormais à 2 700 morts, a annoncé le Haut-Commissariat aux Droits de l’homme de l’ONU, qui fait état d’une centaine de tués dans la semaine écoulée.
À Damas, où l’année scolaire a commencé dimanche, « les écoliers de trois écoles du quartier de Barzé ont manifesté hier, appelant pendant 15 minutes à la chute du président », avant l’arrivée d’agents de sécurité qui les ont frappés et ont arrêté certains d’entre eux, a en outre rapporté l’OSDH.
Les militants ont aussi appelé à des rassemblements aujourd’hui « en solidarité avec Hussein Harmouche », un officier de l’armée syrienne, qui avait fait défection en juin, rentré au pays dans des circonstances troubles.
Par ailleurs, une figure de l’opposition, Georges Sabra, arrêté en juillet à son domicile, a été libéré hier à Qatana, dans la province de Damas, a annoncé l’avocat Khalil Maatouk, alors que l’opposant Mohammad Yaacoub Abou Houayeh a été arrêté à son retour d’Arabie saoudite.
Enfin, les forces de l’ordre se sont déployées en nombre dans la ville de Daël dans le gouvernorat de Deraa et des manifestations nocturnes appelant à la chute du régime du président Bachar el-Assad ont eu lieu dans plusieurs villes syriennes, ont rapporté des militants, notamment à Baraza, Alep, Lattaquié et dans le Hauran.
(Sources : agences et rédaction)
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a dénoncé hier « le silence inacceptable » du Conseil de sécurité de l’ONU face à ce qu’il a qualifié de « crimes contre l’humanité », concernant la répression meurtrière en Syrie. M. Juppé s’exprimait devant le Conseil des relations étrangères (CFR), un centre de réflexion américain, en marge de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, à New York.Alors que la Chine et la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité dotés du droit de veto, se sont opposés à un projet de résolution prévoyant des sanctions contre le régime de Bachar el-Assad, Alain Juppé a rappelé, lors d’une conférence de presse, qu’il s’était rendu récemment dans ces deux pays pour évoquer notamment la situation syrienne. « C’est surtout...