Des milliers de personnes rassemblées mercredi à Ramallah. Darren Whiteside/
Des dizaines de milliers de Palestiniens manifestaient mercredi matin dans une ambiance festive dans les grandes villes de Cisjordanie occupée pour soutenir la demande d'admission d'un État de Palestine à l'ONU. Des cortèges défilaient notamment à Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, et dans le reste de la Cisjordanie, à Naplouse, Hébron, Bethléem et Jéricho.
"Des dizaines de milliers de Palestiniens prennent part aux rassemblements", a déclaré à l'AFP le porte-parole des services de sécurité, Adnane Damiri, en faisant état de la mobilisation de 8.000 policiers pour "maintenir le calme et assurer la protection des participants".
En revanche, seules quelques dizaines de femmes se sont rassemblées dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans cette enclave, et le Fateh de M. Abbas avaient décidé de renoncer aux manifestations pour ne pas envenimer leurs divisions.
A Ramallah, des milliers de personnes étaient rassemblées dans le centre-ville pour soutenir la demande d'adhésion à l'ONU. "Campagne nationale pour la Palestine : le 194e État", pouvait-on lire sur un énorme drapeau tandis que la foule scandait : "Le peuple veut la libération de la Palestine !". "Nous exigeons que le monde reconnaisse notre État car c'est une promesse qu'il nous a faite il y a plus de 60 ans", a proclamé le gouverneur de Ramallah, Mme Leila Ghanan.
A Naplouse, les manifestants brandissaient des centaines de drapeaux nationaux et de la "Campagne Palestine 194", les fanions jaunes du Fateh et des portraits du défunt chef historique palestinien Yasser Arafat. Dans la foule, étaient présents des cheikhs musulmans, des prêtres chrétiens et des représentants de la petite communauté des Samaritains de Naplouse ainsi qu'une vingtaine de juifs ultra-orthodoxes du mouvement Naturei Karta, un groupuscule farouchement antisioniste.
Le président de l'Autorité palestinienne et chef de l'OLP, Mahmoud Abbas, a l'intention de remettre vendredi la demande d'adhésion d'un État de Palestine au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
Les responsables palestiniens ont assuré à maintes reprises que ces marches et manifestations seraient "non violentes" et se dérouleraient à l'intérieur des cités palestiniennes pour éviter des affrontements avec l'armée israélienne déployée en force à l'extérieur des villes, notamment sur les axes routiers. Mercredi, des heurts se sont toutefois produits entre manifestants et soldats israéliens au point de contrôle militaire de Kalandia, principal point de passage entre Jérusalem et Ramallah.
Parallèlement, côté israélien, le chef de la diplomatie Avigdor Lieberman, a averti mercredi que la demande d'adhésion d'un État de Palestine à l'ONU ne resterait "pas sans réponse". "Mais je ne pense pas qu'il faille donner plus de détails", a déclaré à la radio militaire M. Lieberman, interviewé de New York. "Il faudra voir comment les choses vont évoluer (...) Nous disposons de suffisamment d'outils pour faire face (à cette situation)", a ajouté le ministre nationaliste.
M. Lieberman a par ailleurs exclu tout gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. "Il n'y aura pas de gel même pour un seul jour", a assuré M. Lieberman, rejetant une des revendications palestiniennes pour reprendre les négociations, au point mort depuis un an.
M. Lieberman a par ailleurs démenti des propos que lui prêtait le quotidien Yédiot Aharonot dans lesquels il aurait menacé de provoquer l'implosion de la coalition de droite au pouvoir si le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne prenait pas de sanctions contre les Palestiniens comme le gel des transferts de fonds et l'annexion des grands blocs de colonies en Cisjordanie. "Tout cela est complètement faux", a assuré M. Lieberman.
De son côté, l'adjoint de M. Lieberman, le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon s'est prononcé à la radio publique en faveur de l'annulation des accords conclus avec les Palestiniens et de l'annexion des blocs de colonies, où vivent la majorité des 300.000 Israéliens installés en Cisjordanie. "De toute façon, il est clair pour tout le monde que ces blocs feront partie intégrante de l’État d'Israël. Nous aurions préféré que cela se fasse dans le cadre d'un accord, mais les Palestiniens, en s'adressant à l'ONU, ont violé tous les accords auxquels nous ne sommes plus liés", a ajouté M. Ayalon. "L'annexion des blocs nous permettrait d'éviter de déclencher des problèmes dans le monde à chaque fois que nous construisons le moindre bâtiment. Au moins les choses seraient claires", a-t-il estimé.
M. Ayalon a prédit que les Palestiniens ne parviendraient pas à faire passer leur demande de reconnaissance d'un Etat au Conseil de sécurité de l'ONU. Les Etats-Unis ont d'ores et déjà indiqué qu'ils opposeraient leur veto à la démarche palestinienne au Conseil de sécurité. "Grâce aux efforts déployés par les Américains, je ne pense pas que les États-Unis auront à utiliser leur veto pour bloquer l'initiative palestinienne", s'est-il félicité.
Les Palestiniens ont besoin d'une majorité de neuf voix au Conseil de sécurité pour que leur demande d'adhésion d'un État soit validée. Selon des sources diplomatiques, cette majorité n'est pas assurée.
Pour aller plus loin, retrouvez notre dossier : La Palestine à l'ONU, décryptage.
"Des dizaines de milliers de Palestiniens prennent part aux rassemblements", a déclaré à l'AFP le porte-parole des services de sécurité, Adnane Damiri, en faisant état de la mobilisation de 8.000 policiers pour "maintenir le calme et assurer la protection des participants".En revanche, seules quelques dizaines de femmes se sont rassemblées dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans cette enclave, et le Fateh de...