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Liban - Société

Déserter le cocon familial ou comment (essayer de) gagner ses galons d’adulte

Le temps des générations Tanguy (souvenez-vous de ce film français du même nom où le jeune antihéros refusait obstinément d’obéir aux ordres de ses parents au bout du rouleau : quitter le domicile familal) semble bel et bien révolu. Certes, il fut un temps où les moins de 30 ans se prélassaient au sein du cocon parental assez longtemps. Mais les habitudes se perdent petit à petit. Les jeunes filles n’ont plus besoin d’une noce pour voler de leurs propres ailes et les jeunes hommes partent avant leur batterie de diplômes. Aujourd’hui, beaucoup ont appris à faire leur lit tout seul, connaissent le prix d’un kilo de riz et savent changer une bonbonne de gaz. Un phénomène social nouveau au Liban et qui prend de l’ampleur.
Les rats de laboratoire requis pour étudier ce changement ne se font pas rares. Quelques coups de fil passés et une ribambelle de visites plus tard et nous voila armés d’éléments assez représentatifs. Des jeunes qui vivent loin de leurs parents, il y en a à tous les coins de rue (c’est le cas de le dire). En colocation, en solitaire ou avec frères et sœurs, les contours de la vie peuvent varier mais le fond reste le même. « J’ai dû apprendre à vivre seul et à m’assumer étant donné que mes parents résident à plus d’une heure de la faculté où j’étudie », explique Krystel, locataire d’un studio à Achrafieh avec ses sœurs. On la comprend : une heure de route dans ce pays suffit à esquinter un système nerveux. Raison récurrente du déplacement, la proximité avec le lieu d’études reste une des causes principales des déménagements. Les foyers estudiantins étant rapidement pleins, les élèves se tournent de plus en plus vers de petits appartements. « Et puis les foyers estudiantins sont assez limitatifs de libertés et c’est justement aussi pour éviter ça qu’on a décidé de déménager », précise Alain, en colocation.
Mais d’autres sont partis tout simplement pour avoir plus de liberté, pour sentir qu’ils ont grandi, et mûri... « Je voulais tout simplement pouvoir rentrer à l’heure que je voulais sans subir le regard moralisateur de mon père à moitié endormi », déclare un témoin qui a préféré l’anonymat afin d’éviter un déjeuner dominical explosif. Les appartements visités sont hauts en couleurs. Des posters de classiques du cinéma ornent la plupart des murs. IKEA n’ayant pas de filiales au Liban, on se débrouille comme on peut en « customisant » les armoires et autre tables de chevet. La déco respire la jeunesse.

La liberté a bel et bien un prix
Charges à payer, inconvénients et responsabilités... Vivre seul(e), est-ce toujours synonyme de vie en rose ? Un loyer dans les régions prisées par les jeunes, à savoir Mar Mikhaïl, Gemmayzé, Hamra et autres, varie entre 600$ et un peu plus de 1 000$ pour un trois-pièces (deux chambres à coucher, un salon qui fait aussi office de cuisine et une salle de bains). Ajoutez à cela les charges d’électricité (50$ mensuels environ), d’abonnement Internet, câble et moteur (150$ tous les premiers du mois) et de partie communes (peintures des murs de la cage d’escalier, maintenance de l’ascenseur etc.), et vous obtenez un peu plus que trois fois le salaire minimum local de 500 mille livres libanaises par mois. Sans oublier bien entendu les courses à faire, le frigo à remplir et la décoration des lieux qui sont, eux aussi, coûteux. Comment faire à cet âge pour régler toutes ces factures ? « Mes parents payent une partie de l’ensemble et un bon quota de mon argent de poche y passe aussi. À la rentrée, je chercherai un petit boulot (serveur, barman ou vendeur dans une boutique) qui m’aidera pour mes fins de mois », précise Rabih, locataire « semi-indépendant » donc. Les plus chanceux qui sont déjà salariés voient, eux, leur fiche de paie dynamitée en partie au rayon des surgelés.
Malgré certains aléas qui noircissent le tableau, ces jeunes sont-ils satisfaits de cette initiative ? « Ma vie a changé. Je m’assume, me sens plus adulte et apprécie chaque instant de liberté », répond Marc. Les parents manquent un peu, la cuisine n’est pas toujours bonne et les ventres sont même parfois vides après le 28 du mois, « mais l’expérience semble enrichissante et plaisante ». Plusieurs d’entre eux n’envisageraient même plus de retrouver un jour leur lit douillet d’enfance au grand dam des plus vieux qui attendent souvent le retour de l’enfant prodigue, statut qu’on acquiert très vite une fois passé le seuil de la porte, même si non mérité.
Le temps des générations Tanguy (souvenez-vous de ce film français du même nom où le jeune antihéros refusait obstinément d’obéir aux ordres de ses parents au bout du rouleau : quitter le domicile familal) semble bel et bien révolu. Certes, il fut un temps où les moins de 30 ans se prélassaient au sein du cocon parental assez longtemps. Mais les habitudes se perdent petit à petit. Les jeunes filles n’ont plus besoin d’une noce pour voler de leurs propres ailes et les jeunes hommes partent avant leur batterie de diplômes. Aujourd’hui, beaucoup ont appris à faire leur lit tout seul, connaissent le prix d’un kilo de riz et savent changer une bonbonne de gaz. Un phénomène social nouveau au Liban et qui prend de l’ampleur.Les rats de laboratoire requis pour étudier ce changement ne se font pas rares. Quelques...
commentaires (1)

Triste de voir que les foyers pour étudiants sont loin d’être abordables , et on ne pense pas jamais à leur construire des appatements douillets sans oublier que les tram et bus sont toujours loin d’exister Nazira.A.Sabbagha

Sabbagha A.Nazira

05 h 40, le 21 septembre 2011

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Commentaires (1)

  • Triste de voir que les foyers pour étudiants sont loin d’être abordables , et on ne pense pas jamais à leur construire des appatements douillets sans oublier que les tram et bus sont toujours loin d’exister Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A.Nazira

    05 h 40, le 21 septembre 2011

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