Le chef du législatif, Nabih Berry, a fini hier par convoquer les députés à une séance plénière afin d’achever le débat et de procéder au vote du projet, chiffré dans sa première phase à 1,2 milliard de dollars. En attendant, une dernière réunion des députés pour discuter du texte proposé dans le cadre des commissions mixtes sera tenue aujourd’hui.
La précédente réunion, qui avait eu lieu lundi dernier, avait pratiquement tourné à la foire d’empoigne entre, d’un côté, les parlementaires de l’opposition et, de l’autre, leurs collègues aounistes regroupés autour de « leur » ministre de l’Énergie, Gebran Bassil.
L’inconnue résidait jusque-là dans la position ambiguë du camp « centriste » au sein du gouvernement, qui se faisait discret sur le sujet depuis l’accord officiellement intervenu en Conseil des ministres le 7 septembre.
La décision de M. Berry de convoquer une séance plénière jeudi donne à penser que cette phase d’ambiguïté est terminée, d’autant qu’il y avait hier des indications selon lesquelles le bloc joumblattiste s’apprêterait à voter en faveur du projet.
Ghazi Aridi, ministre des Travaux publics, et proche du chef du PSP, a laissé entendre cela en affirmant que « les décisions qui ont fait l’objet d’un accord à l’unanimité au sein du Conseil des ministres doivent être mises en œuvre ».
« Lorsque ces décisions ont été prises, un certain nombre de collègues au sein de l’opposition y avaient applaudi. C’est pourquoi je dis que c’est une occasion qu’il ne faut pas manquer par entêtement ou par défi », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse. « J’espère que nous serons tous à la hauteur et que nous nous engagerons dans ce plan », a-t-il dit.
Du côté de l’opposition, les critiques acerbes ont continué à pleuvoir hier au sujet de l’attitude du ministre de l’Énergie. Le bloc parlementaire du Futur, réuni comme chaque mardi sous la présidence de son chef, Fouad Siniora, a pris acte du « refus du ministre concerné et des députés du 8 Mars de prendre en compte les remarques émises par les députés du 14 Mars pour combler les lacunes du projet avancé ».
Selon un communiqué publié à l’issue de la réunion, les propositions faites par le 14 Mars « n’ont pas de caractère personnel et ne ciblent pas une partie spécifique, d’autant que la réforme du secteur de l’électricité nécessitera plusieurs années et que de ce fait, il n’est pas dit que le ministre actuel sera toujours en place ».
« Aucun projet de dépense, d’exploitation et de prêt portant sur des montants aussi énormes ne devrait être adopté sans règles claires et garde-fous internationalement reconnus. La question n’est ni personnelle ni politique. Elle est d’ordre national, professionnel, technique et financier », ajoute le communiqué.
De son côté, le président de la commission parlementaire de l’Énergie, Mohammad Kabbani, est revenu à la charge, réclamant du ministre Bassil un texte « transparent » comportant l’ensemble des volets du projet.
« Nous allons combattre la corruption par tous les moyens, même lorsque les corrompus sont les plus proches parmi les proches », a lancé M. Kabbani, affirmant que le ministère de l’Énergie était géré comme s’il était « une propriété privée ».
Ammar Houry, député de Beyrouth et membre du bloc du Futur, a estimé qu’il y avait « anguille sous roche » dans l’attitude de « la partie adverse », car « elle cherche à fuir la transparence et le respect de la loi en recourant à des prétextes fallacieux comme par exemple celui selon lequel on attenterait aux prérogatives du ministre ».
« Tout ce que nous voulons, c’est que le gouvernement prenne des décisions et que les choses se fassent dans la transparence », a renchéri son collègue Nabil de Freige. Selon lui, « le problème de Gebran Bassil, c’est qu’il prend tout le monde pour des imbéciles et croit que les députés ne savent pas lire les lois ».
Quant à Michel Pharaon, député de Beyrouth I, il a invité M. Bassil à « cesser de parler de généralités » et à « s’adresser à l’opinion, au Parlement et au gouvernement pour leur exposer les détails de son plan ».
Par ailleurs, le chef du gouvernement, Nagib Mikati, a présidé hier une courte réunion de la commission ministérielle chargée d’examiner les possibilités d’amendement de la loi 462 relative à la régulation du secteur de l’électricité.
De sources informées, on indique que les discussions n’ont pas enregistré de progrès, trois des membres de cette commission, notamment les ministres Mohammad Safadi et Waël Bou Faour, n’ayant pu y participer du fait de leur présence à l’étranger.
Les tractations à ce sujet ont été reportées au 10 octobre prochain.
Je crois que " LES ÉCLAIRÉS ", ne se mettraient jamais d'accord pour éclairer les citoyens. Intérêts obligent ! Anastase Tsiris
06 h 53, le 21 septembre 2011