MM. Gebran Bassil et Kamal Hayek. Photos Hassan Assal
La réunion s’est tenue notamment en présence des ministres de l’Énergie et de l’Eau, Gebran Bassil, des Finances, Mohammad Safadi, du directeur de l’EDL, Kamal Hayek, et de 61 députés, pour la plupart hostiles ou du moins ayant des réserves au plan Bassil.
Les divisions et la méfiance sont tellement profondes entre les deux camps adverses qu’elles rendent non seulement toute entente sur le dossier difficile, mais ont dénaturé presque le débat, qui est supposé être technique. De ce fait, celui-ci a viré, de part et d’autre, au règlement de comptes, au procès d’intention et à l’échange d’accusations. « Ce dossier doit être réglé en dehors des commissions parce qu’il est politique par excellence », devait ainsi commenter le député Akram Chehayeb.
Les deux séances se sont déroulées dans un climat fiévreux, voire belliqueux, d’autant que le projet de loi portant accroissement de la production électrique a été distribué aux députés sans les modifications apportées par le Conseil des ministres. Il y avait là de quoi accentuer la méfiance de l’opposition, une méfiance qui s’est d’ailleurs manifestée dans les interventions parlementaires. Les explications du ministre, qui a exposé au début de la séance la finalité de son projet, ont été interrompues par les objections de quelques députés de l’opposition qui, de manière générale, ont réitéré les réserves qu’ils formulent publiquement sur le texte. Très vite, le débat a dégénéré et un remue-ménage a régné dans la bibliothèque du Parlement où la réunion s’est tenue.
Hors sujet, l’intervention du député Samer Saadé qui a de nouveau accusé le chef du CPL, le général Michel Aoun, et M. Bassil, d’« incitation au meurtre », affirmant que les partisans de ce dernier l’avaient attaqué à Faraya, a mis le feu aux poudres. M. Ghanem a eu du mal à ramener le débat autour du point pour lequel la réunion avait été convoquée.
La deuxième séance ne s’est pas déroulée dans de meilleures conditions. Les députés de l’opposition continuaient d’insister sur « les failles » du projet et ont proposé une série d’amendements, « censés rendre le texte plus transparent et conforme aux lois ». Mais leurs collègues de la majorité les ont rejetés, les accusant d’agir « dans un esprit vindicatif » et de vouloir « rogner les prérogatives du ministre ». La réunion devait se terminer en queue de poisson, sur une seule décision : reprendre le débat mercredi et soumettre le texte au vote.
Dans ce contexte, il est intéressant de relever que l’opposition, devenue minoritaire au Parlement, détiendra la majorité des voix au moment du vote, si le bloc Joumblatt, également hostile au projet Bassil, décide de s’aligner sur sa position.
Dans une conférence de presse, M. Ghanem a révélé que le débat autour du projet de loi était en partie politique et en partie technique, précisant que « les divisions politiques dans le pays se sont aussi manifestées en commissions ». Il a fait état d’une proposition d’amendement de l’exposé des motifs du projet de loi pour que le cahier des charges soit présenté au Conseil des ministres, une fois établi, et que celui-ci approuve aussi le résultat de l’appel d’offres, expliquant que ce sont ces deux points qui ont été le plus discutés aux plans légal et constitutionnel. Selon lui, c’est parce que cet amendement n’a pas été présenté par écrit aux députés que la séance a été ajournée.
Quoi qu’il en soit, la polémique devait se poursuivre dans le hall du Parlement, à partir de la tribune réservée aux conférences de presse, sur laquelle se sont succédé les députés de la majorité et de l’opposition, qui ont poursuivi les échanges d’accusations et d’arguments devant montrer que c’est la partie adverse qui a tort.
D’ici à mercredi, si des contacts ne sont pas entrepris pour rapprocher les points de vue, balayer les appréhensions des deux parties et trouver une formule acceptable par les deux, il y a fort à parier que la réunion subira le même sort que celle d’hier. « Nous ne permettrons absolument pas que des propositions visant à court-circuiter les prérogatives du ministre soient adoptées », a pour sa part martelé le député Ali Ammar.
Commentaire concernant le bloc de Joumblatt, complètement creux. Anastase Tsiris
08 h 21, le 21 septembre 2011