Selon un câble de l’ambassade américaine à Beyrouth datant du 12 novembre 2006 (avant la démission des ministres du Hezbollah et de Amal du gouvernement) et publié par WikiLeaks, Nagib Mikati a assuré à l’ambassadeur américain, à l’époque Jeffrey Feltman, qu’il a « fortement soutenu » le Premier ministre Fouad Siniora et qu’il continuera à le faire. Selon le câble, M. Mikati a assuré que non seulement il ne cherchait pas à remplacer le Premier ministre Siniora mais qu’il était opposé aux efforts visant à le remplacer. M. Mikati a également affirmé à l’ambassadeur qu’il pensait avoir fait un bon travail en tant que Premier ministre en 2005 et qu’il méritait d’être Premier ministre de nouveau, mais il a assuré qu’il « n’accepterait pas d’être utilisé contre » le Premier ministre Fouad Siniora, ni de devenir Premier ministre « dans cette atmosphère, aux dépends de M. Siniora ».
En outre, M. Mikati a déclaré que « le Hezbollah et Michel Aoun feraient tout pour essayer d’avoir le contrôle sur le gouvernement, soit à travers la minorité de blocage soit en renversant Fouad Siniora complètement ». « Le Hezbollah et Aoun sont plus proches qu’avant la guerre (de 2006) et leur alliance renforcée est plus dangereuse », a-t-il ajouté. Michel « Aoun a convaincu ses partisans que les sunnites sont une menace et les chiites n’ont pas besoin d’être convaincus de cela », a-t-il expliqué. « Le Hezbollah soutiendra Aoun pour la présidence de la République maintenant », a-t-il encore affirmé.
En réponse à une question sur ce qu’il ferait face à la menace Aoun-Hezbollah s’il était Premier ministre, M. Mikati avait deux suggestions : « essayer de me rapprocher de Nabih Berry, parce qu’il est plus Libanais que le Hezbollah et pourrait être persuadé de ne pas participer à l'entraînement du pays vers le chaos, ou être fort et ne pas reculer face aux provocations ».
Par ailleurs, lorsque l’ambassadeur a demandé à M. Mikati quelle était sa vraie relation avec le journal al-Akhbar, ce dernier a répondu qu’il « a honte d’admettre qu’il lui avait donné 150 000 dollars comme capital de départ », dans le cadre de sa stratégie visant à aider les médias libanais. Dégoûté par la propagande du journal, selon le câble, M. Mikati aurait refusé par la suite de s’impliquer davantage et a précisé qu’il ne fait pas partie des propriétaires du journal, selon le câble de l’ambassade.