Un combattant du CNT libyen fait le « V » de la victoire en dépit du repli de Bani Walid, où de la fumée s’élève à l’horizon. Zohra Bensemra/Reuters
Depuis plusieurs jours, les combattants du CNT s’efforcent de prendre Bani Walid, puis se retirent sous le feu des défenseurs de la ville. Et après l’offensive ratée d’hier, les récriminations se sont multipliées dans les rangs des anciens rebelles face au manque d’organisation et aux errements tactiques du commandement. Les antikadhafistes de Bani Walid accusent leurs camarades venus d’autres villes du pays de refuser toute coordination. Ceux-ci répliquent que certains combattants locaux sont des traîtres et transmettent des informations aux loyalistes. Certains combattants ont choisi de désobéir ouvertement aux ordres. Un officier de Bani Walid a ainsi été interpellé bruyamment par des hommes venus de Tripoli alors qu’il tentait de les empêcher de tirer en l’air pour célébrer la prise d’un mortier aux forces kadhafistes. Les combattants du CNT ont en outre aidé quelques familles à évacuer la ville à bord de leurs pick-up.
Lente progression vers Syrte
Parallèlement, les anciens rebelles, appuyés par des avions de l’OTAN, ont repris leur lente progression vers Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, au lendemain de leur conquête d’Heraoua, une localité située à 60 km à l’est. Ils ont tiré hier des roquettes de l’entrée sud de Syrte et échangé des tirs nourris avec les troupes loyales à M. Kadhafi retranchés dans un centre de conférences. Dans un hôpital de campagne installé dans une station-service à la périphérie ouest de Syrte, un médecin a déclaré que seize combattants anti-Kadhafi et un ambulancier avaient péri dans les affrontements de samedi. Il dit avoir également admis 62 blessés. De nombreuses voitures de civils ou de 4x4 quittaient la ville en sens inverse. Les habitants en fuite parlaient de pénuries d’eau et d’électricité et de combats de rue. Plus au sud, les forces antikadhafistes ont dit avoir capturé la petite localité de Birak au cours de leur avancée vers Sabha. Il n’en reste pas moins que là aussi, l’on se montre désabusé : « Nous ne tenons même pas 5 % de Syrte, parce que nous ne faisons que pénétrer et ressortir », a déploré un combattant.
Depuis la chute de la capitale le 23 août, le mystère demeure sur la localisation de M. Kadhafi. Son porte-parole Moussa Ibrahim a assuré samedi que le « guide de la révolution » se trouvait en Libye et dirigeait la « résistance ». Hier, les combattants se disaient certains que Mouatassim, l’un des fils du dirigeant déchu, médecin et militaire de carrière, se trouvait dans les faubourgs sud de Syrte. Mais le sort des fils de M. Kadhafi, dont trois sont réfugiés en Algérie ou au Niger et deux seraient morts, a déjà donné lieu à de nombreuses rumeurs.
Dans la nuit, M. Ibrahim a déclaré à la chaîne de télévision Arraï que les pro-Kadhafi ont « remporté plusieurs victoires qualitatives contre les collaborateurs de l’OTAN. Nous sommes parvenus à les repousser en dehors de Bani Walid et de Syrte », a-t-il déclaré, rajoutant : « Nous allons reconquérir Tripoli. »
Dissensions politiques
Près de quatre semaines après la chute de la capitale, le CNT n’est toujours pas en mesure de déclarer le pays « libéré » et de lancer le processus de transition démocratique. C’est ainsi qu’hier, les nouveaux dirigeants libyens n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la composition du gouvernement de transition. L’annonce prévue hier du nouveau gouvernement « a été reportée sine die pour parachever les consultations », a déclaré le n° 2 du CNT, Mahmoud Jibril. « Il y a accord sur l’attribution de nombreux portefeuilles. D’autres font encore l’objet de discussions, mais nous espérons en finir le plus tôt possible », a-t-il ajouté.
Ce gouvernement sera chargé de gérer la transition en attendant des élections et la rédaction d’une nouvelle Constitution. Il sera aidé dans sa tâche par l’ONU, dont le Conseil de sécurité a annoncé la levée partielle du gel des avoirs libyens et l’envoi d’une mission de trois mois en Libye. Selon un responsable du CNT, une réunion a lieu entre le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, le chef de l’exécutif, M. Jibril, et les autres membres de l’exécutif. M. Jibril devrait rester à son poste et le gouvernement devrait compter 34 ministres, dont probablement deux femmes. Mais ce même responsable a fait état hier de « divergences » sur la composition de ce cabinet...
(Source : agences)