La marche de solidarité avec le peuple syrien organisée hier à Tripoli. Photo Reuters
Les possibles raisons de l’attaque
Dans ce cadre, le président Sleiman s’est entretenu hier avec le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, après la tournée effectuée par ce dernier aux postes de contrôle des deux passages frontaliers de Abboudiyé et de Arida. Le chef de l’État a donné des instructions visant à accroître la surveillance au niveau de ces deux secteurs précisément.
De leur côté, les forces de sécurité syriennes ont acheminé hier des renforts militaires aux frontières, face aux villages de Kneisseh et de Hnaider. Selon la chaîne de télévision Future TV, ces redéploiements signifieraient une « possible résurgence des incidents en cours de soirée ». La chaîne a relevé dans ce cadre « un mouvement d’exode de femmes et d’enfants » fuyant les deux villages dans la soirée.
Selon un reportage de la chaîne télévisée LBC, l’armée syrienne aurait mené son attaque pour empêcher la propagation aux contrées voisines de l’atmosphère hostile au régime de Damas, caractéristique de ces deux villages. En plus d’avoir lancé plusieurs appels à l’armée et à l’État pour une protection plus efficace des frontières, les habitants locaux ont réitéré en parallèle leur soutien à la révolution syrienne. Toutefois, ils ont démenti les accusations de livraison d’armes vers la Syrie. Parmi les arguments qu’ils avancent, l’absence de preuves et l’étanchéité des frontières.
Mais selon la chaîne télévisée NBN, qui cite une source sécuritaire, les forces de sécurité auraient réussi à arrêter hier les deux Syriens, Assem Fadel et Bassel Kasswan, ainsi que le Libanais Ibrahim Mehdi, qui « planifiaient de livrer des armes en direction de la Syrie ». Toujours selon la chaîne, les forces sécuritaires auraient ainsi confisqué « de grandes quantités d’armes, comprenant des obus, des jumelles de vision nocturne, des mitraillettes et des armes à feu ».
Notons par ailleurs qu’aucune mention d’attaques contre les villages libanais n’a été faite dans le communiqué officiel de l’armée. Selon le texte, « la patrouille syrienne a traversé la frontière sur une profondeur de 200 mètres environ en direction du territoire libanais (...) et les soldats syriens ont tiré plusieurs rafales alors qu’ils poursuivaient des fuyards. Une unité de l’armée s’est déployée sur les lieux pour constater aussitôt que la patrouille syrienne avait déjà rebroussé chemin. Les soldats syriens ont cependant continué à tirer à partir du territoire syrien, touchant un véhicule militaire libanais, sans cependant faire de victimes ».
3 580 réfugiés syriens au Liban
Depuis le début des soulèvements en mars dernier en Syrie, les frontières nord enregistrent continuellement des troubles sécuritaires, liés notamment au passage de réfugiés en territoire libanais, pour fuir la répression. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a fait état hier de plus de 3 580 réfugiés ayant déjà traversé la frontière depuis le début de l’insurrection, « la plupart venant des régions de Tall Kalakh, Arida, Baba Amro, Heyt et Kassir, limitrophes de la région de Wadi Khaled au Liban-Nord ». De plus, le rapport a souligné que « la plupart des Syriens ayant fui leurs villages au cours des dernières semaines sont entrés au Liban à travers les passages légaux, après que les autorités syriennes eurent renforcé le contrôle des passages illégaux ». Enfin, le HCR a signalé que « la plupart des réfugiés syriens habitent chez des familles libanaises, alors qu’une centaine d’entre eux se trouvent actuellement dans les bâtiments de deux écoles ».
Par ailleurs, une marche de solidarité avec le peuple syrien a été organisée hier à Tripoli, après la prière du vendredi, à partir de la mosquée Hamza jusqu’à la région de Kobba. Les manifestants, portant des banderoles qui dénoncent la violente répression en Syrie, se sont arrêtés sur la place Ibn Sina où ils ont entamé la prière de l’absent.