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Liban - Citoyen grognon

Interdit d’accès

Quoi de plus normal, lorsqu’on a 18 ans, que d’avoir envie d’aller danser. Quoi de plus normal, pour la jeunesse libanaise, que d’avoir accès, sans encombres, aux boîtes « in » du pays. En fonction de son budget certes, de ses goûts musicaux et de ses affinités.
Élias a 18 ans. Comme tous les jeunes de son âge, il aime sortir, s’amuser, vivre normalement. Mais il s’est catégoriquement vu refuser l’accès d’une nouvelle boîte de nuit en vogue à Dora. Renvoyé, comme un vulgaire voyou, par des videurs aussi intraitables que bornés. Sans explication aucune. Serait-ce parce que le jeune homme est handicapé, cloué sur un fauteuil roulant ?
L’étudiant était pourtant tout heureux de montrer à ses cousins canadiens, en vacances au Liban, la « nightlife » libanaise. Belle vie de nuit où la discrimination est de rigueur. Contre les personnes différentes, les handicapés, les homosexuels, les gens de couleur, la main-d’œuvre migrante, et j’en passe.
Profondément blessé, Élias n’a pas pour autant baissé les bras. Ce n’est pas dans ses habitudes. Encadré de ses proches, ce battant s’est dirigé vers une célèbre boîte de nuit à ciel ouvert, où il a été cordialement accueilli, sans la moindre hésitation.
Cerise sur le gâteau, une belle jeune femme, fille d’un ancien président de la République, l’a invité à danser. Véritable baume au cœur pour Élias qui n’en croyait pas ses yeux.
En France, cette atteinte aux droits de l’homme aurait fait la une des médias. Les responsables auraient été sévèrement sanctionnés. Comme l’a été, l’année dernière, un videur qui a refusé à deux personnes de couleur l’entrée d’une boîte de nuit. Et qui a écopé de 1 500 euros d’amende et de 5 300 euros de dommages aux victimes et aux associations antiracisme.
Mais nous ne sommes pas en France, n’est-ce pas. Tout bonnement dans une république bananière où les droits du citoyen sont bafoués au quotidien.
Alertés par les parents d’Élias, qui ne manquent pas de relations, les deux ministères des Affaires sociales et du Tourisme ont promptement réagi, certes. La police du tourisme a pris la peine de se déplacer au domicile du jeune homme pour y recueillir sa déposition. Le ministre du Tourisme en personne, Fady Abboud, a même publié un communiqué, interdisant toute forme de discrimination dans les lieux touristiques. Mais un communiqué mou et laconique, qui n’a même pas pris la peine de dénoncer l’incident, ni même de l’évoquer.
L’affaire sera-t-elle étouffée, comme il est de coutume au pays du Cèdre ? Les promesses de sanctions, à l’encontre du videur ou même du gérant de la boîte de nuit, ne sont-elles que paroles en l’air lancées par les responsables ? D’autant que le gérant s’est empressé d’appeler les parents d’Élias pour s’excuser.
Qu’elle soit une déception ou une victoire remportée par Élias, au nom de tous les handicapés du Liban, cette affaire met en exergue la lutte au quotidien des personnes sur fauteuil roulant, en quête d’un brin d’autonomie. Une lutte acharnée, voire humiliante, dans un pays qui n’est pas pressé de les prendre en compte.
Tout récemment, le jeune homme a dû être porté par ses camarades pour avoir accès à une salle de cinéma, dans un grand centre commercial d’Achrafieh, qui affiche pourtant ouvertement son empathie pour les personnes handicapées. À Mansourieh, où une célèbre enseigne de restauration rapide vient d’ouvrir ses portes, aucune rampe n’a été prévue pour les handicapés, ni même pour les poussettes. Élias refuse de s’y rendre. Trois marches lui en bloquent l’accès.
W ba3dein, serions-nous tentés de demander, en bons Libanais ?
N’est-il pas grand temps de réagir ?
Quoi de plus normal, lorsqu’on a 18 ans, que d’avoir envie d’aller danser. Quoi de plus normal, pour la jeunesse libanaise, que d’avoir accès, sans encombres, aux boîtes « in » du pays. En fonction de son budget certes, de ses goûts musicaux et de ses affinités.Élias a 18 ans. Comme tous les jeunes de son âge, il aime sortir, s’amuser, vivre normalement. Mais il s’est catégoriquement vu refuser l’accès d’une nouvelle boîte de nuit en vogue à Dora. Renvoyé, comme un vulgaire voyou, par des videurs aussi intraitables que bornés. Sans explication aucune. Serait-ce parce que le jeune homme est handicapé, cloué sur un fauteuil roulant ?L’étudiant était pourtant tout heureux de montrer à ses cousins canadiens, en vacances au Liban, la « nightlife » libanaise. Belle vie de nuit où la discrimination...
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