Beyrouth 1983 dans l’imaginaire d’Alfred Tarazi.
«Le Feel collective», qui regroupe des artistes notamment Nadim Karam et Alfred Tarazi, tente depuis quelques années de reproduire à travers des techniques nouvelles un discours engagé, non pour paralyser l’esprit mais pour susciter un certain éveil. «Nous ne tentons pas d’induire le regard en erreur mais au contraire de faire visualiser une certaine réalité souvent brumeuse», dit Tarazi.
De la dérision, voire de l’autodérision dans cet «Appelez le 911» qui n’est autre que l’appel téléphonique au secours aux États-Unis. Un secours qui vient de loin mais qui est à double tranchant depuis que ce monde s’est partagé en deux camps: les gentils et les méchants.
Sous forme de «comics» bandes dessinées totalement yankees, Alfred Tarazi imprime sur des planches en alu des images du «Big Brother». Les personnages virtuels de Wonderwoman ou Superman volent au secours des opprimés l’académie d’espionnage pend des allures très contemporain. D’autre part sur la musique de Alf Layla wa Layla d’Oum Kalsoum, Tarazi déroule le film de la guerre d’Irak avec ses lumières vertes tel des lasers. Le beau se joignant au laid pour offrir une lecture nouvelle des faits. Usant ainsi d’un langage artistique très moderne, le collectif avec «Penguin Cube», installe un univers dans l’espace de The Running Horse, à la fois ludique et tragique.
Les chroniques de Nadim Karam dessinées et compilées après la guerre de 2006 dans une sorte de journal sont reproduites sur aluminium. En un trait rapide, Karam, qui a abandonné pour quelque temps son monde animalier, croque toute la violence contenue et les rêves réprimés. Quant à «Penguin Cube» (société de graphic design), elle fait revivre par une installation électrique l’événement des tours jumelles.
«Ce n’est pas une exposition pour ouvrir la sempiternelle discussion sur la responsabilité de l’un ou de l’autre, conclut Alfred Tarazi mais comme une gifle qu’on assène pour réveiller les sens et guider le regard vers une autre réalité.»