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À La Une - Qu’est-ce que vous me chantez là ?

« L’Aigle noir » de Barbara , on ne l’écoutera plus de la même façon

« L’Aigle noir » est une chanson belle et immortelle, signée Barbara. Avec ses paroles ciselées, comme le rubis qui orne le front de l’oiseau royal, cette chanson, composée en 1970 en pleine époque yé-yé, sera l’un des plus gros succès discographiques de l’année.

Pochette du disque à l’époque.

Si Monique Andrée Serf, surnommée par la suite Barbara, arrive en pleine mode yé-yé, elle apporte aux chansons de Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et le rock américain le mal de vivre qui caractérise l’adolescence, ce spleen baudelairien qu’aucun ado ne peut décrire. La chanteuse sera propulsée dans la cour des grands grâce à L’Aigle Noir qu’elle aura composé et qui sera chanté par différents interprètes même après le décès de la femme vêtue de noir.
«Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d’un lac je m’étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir [....]

De son bec il a touché ma joue,
Dans ma main il a glissé son cou,
C’est alors que je l’ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m’était revenu...»

Barbara disait de cette chanson qu’elle l’avait rêvée, « un rêve plus beau que la chanson elle-même ». Pourtant, cette beauté cache en son sein une horreur. En effet, de nombreuses interprétations vont faire état d’un lien entre l’inceste et L’Aigle noir.
Quels pourraient être ces mots qui disent l’indicible? Barbara aura caché toute sa vie ce secret avant de le révéler, parmi tant d’autres dans son livre autobiographique inachevé (Il était un piano noir), écrit en novembre 1997. Un exercice difficile pour cette femme d’une grande pudeur. «La poésie, ne serait-ce tout simplement pas de dire avec des mots ce que les mots ne peuvent pas dire?» se demande Michel Cazenave à ce propos.
Il était un piano noir dévoile enfin le viol que la chanteuse a subi par son père alors qu’elle était âgée de dix ans et demi. Elle met à nu cette grande blessure et ce traumatisme qui ressurgit chaque soir. Pourtant, apprenant le 21 décembre 1959 la mort de son père à Nantes, Barbara commence l’écriture de la chanson Nantes, qu’elle terminera quelques heures avant son passage au théâtre des Capucines le 5 novembre 1963. Elle aura ainsi pardonné à son père son enfance bafouée et meurtrie.
Dans son livre autobiographique Il était un piano noir, 1998, éditions Fayard, livre inachevé, Barbara dit : « Les enfants se taisent parce qu’on refuse de les croire. Parce qu’on les soupçonne d’affabuler. Parce qu’ils ont honte et qu’ils se sentent coupables. Parce qu’ils ont peur [...] De ces humiliations infligées à l’enfance, de ces hautes turbulences, de ces descentes au fond du fond, j’ai toujours ressurgi. Sûr, il m’a fallu un sacré goût de vivre, une sacrée envie d’être heureuse, une sacrée volonté d’atteindre le plaisir dans les bras d’un homme, pour me sentir un jour purifiée de tout, longtemps après...»
Et encore: «J’ai le souvenir d’une nuit, une nuit de mon enfance toute pareille à celle-ci froide et lourde de silence [...] Soudain je me suis éveillée, il y avait une présence...»
Des paroles qui résonnent très fort évoquant cette chanson qu’on n’écoutera plus de la même oreille, mais qui demeurera l’une des plus belles chansons du répertoire français.

Si Monique Andrée Serf, surnommée par la suite Barbara, arrive en pleine mode yé-yé, elle apporte aux chansons de Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et le rock américain le mal de vivre qui caractérise l’adolescence, ce spleen baudelairien qu’aucun ado ne peut décrire. La chanteuse sera propulsée dans la cour des grands grâce à L’Aigle Noir qu’elle aura composé et qui sera chanté...

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