Un autre rassemblement de l’opposition, baptisé « Conseil national de transition syrien » et chapeauté par les comités de coordination de la révolution, a choisi Burhan Ghalioun, directeur du Centre des études arabes à la Sorbonne à Paris, comme président. Choisi à son insu, il a indiqué ne pas pouvoir « se soustraire » à cette « mission morale », affirmant que son « souci sera de faire de cette initiative le point de départ d’un véritable front d’opposition unifié », dans une interview au quotidien français Le Monde.
Les États-Unis ont aussitôt salué l’émergence du « Conseil national », sans nier les difficultés de cette entreprise. « Nous applaudissons l’effort » de l’opposition, a déclaré Mark Toner, un porte-parole du département d’État. Parallèlement, des opposants syriens étaient reçus hier et aujourd’hui à Paris au ministère français des Affaires étrangères qui entend développer ses contacts avec l’opposition syrienne, a annoncé Bernard Valero, porte-parole du ministère.
D’autre part, les militants syriens ont appelé à se rassembler aujourd’hui sous le slogan : « Nous avançons jusqu’à la chute du régime. » « Nous sommes massacrés et plus que jamais déterminés. Nous sommes jetés en prison et plus que jamais déterminés. La révolution a éclaté, elle ne s’arrêtera que lorsque le régime sera renversé », ont-ils écrit sur leur page Facebook The Syrian Revolution. « Une nouvelle génération est née en Syrie durant les six mois de la révolution, une génération qui refuse d’être servile, de se prosterner devant les images du tyran », ont affirmé ces militants qui manifestent contre le régime du Baas, au pouvoir depuis près d’un demi-siècle.
Depuis le début de la contestation mi-mars, la répression a fait plus de 2 600 morts, selon l’ONU. Plus de 70 000 Syriens ont été interpellés et plus de 15 000 personnes sont actuellement détenues, tandis que des milliers d’autres sont portées disparues, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Les écoles et les terrains de sport ont été transformés en centres de détention et de torture », a affirmé le président de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. De son côté, l’ONG SKeyes a dénoncé hier l’assassinat de militants des droits de l’homme ainsi que la torture d’autres activistes et l’arrestation d’intellectuels ces derniers jours.
Sarkozy pour une Syrie libre
Hier, le président français Nicolas Sarkozy a dédié sa première visite en Libye depuis la révolte qui a renversé le dirigeant Mouammar Kadhafi « à tous ceux qui espèrent une Syrie libre ». « Alors qu’il n’a pas tenu ses promesses, trop c’est trop, et la communauté internationale doit réellement prendre des mesures cohérentes et parler d’une seule voix », a souligné de son côté le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, alors que Moscou et Pékin s’opposent à l’adoption d’une résolution au Conseil de sécurité prévoyant des sanctions contre Damas. « J’ai parlé à de nombreuses reprises (au téléphone) avec le président Assad. Je lui ai dit de prendre des mesures décisives avant qu’il ne soit trop tard. Il a dit qu’il s’engagerait dans un dialogue et qu’il arrêtait l’usage de la force militaire lors des manifestations », a encore souligné M. Ban. « Il n’a tenu aucune de ses promesses, c’est pourquoi je parle de promesses non tenues. » « Il doit maintenant écouter les appels urgents de la communauté internationale pour qu’il arrête de tuer son propre peuple », a ajouté M. Ban.
Faisant fi des appels internationaux à l’arrêt des violences, les forces de sécurité ont poursuivi leur répression, les autorités affirmant vouloir « extirper les terroristes armés » qu’ils accusent d’assassiner manifestants et forces de l’ordre pour semer le chaos. À Zabadani et à Madaya, l’armée et la Sécurité ont arrêté 126 personnes depuis mardi. Un jeune homme a été tué hier et cinq autres blessés par les tirs des forces de sécurité, a précisé l’OSDH. Une vaste opération militaire se poursuivait également hier dans la région de Jabal al-Zaouia, au lendemain de la mort, mercredi, de huit personnes, dont un enfant, à travers le pays. À Homs, deux jeunes, dont un infirmier de 27 ans, ont succombé à leurs blessures, après avoir été touchés lors d’opérations de sécurité les jours passés. « La priorité aujourd’hui est de ramener la sécurité et la stabilité et d’avancer dans les réformes », a affirmé la conseillère du président Assad, Bouthaïna Chaabane, estimant que les pressions occidentales sur Damas « font partie de vastes plans visant à effriter le monde arabe ». En outre, la télévision publique a diffusé des déclarations d’un officier de l’armée syrienne, Hussein Harmouche, rentré en Syrie dans des circonstances non élucidées après avoir fait défection en juin. Hussein Harmouche a nié avoir reçu l’ordre d’ouvrir le feu sur des civils dans ses déclarations présentées par la télévision comme des « aveux ».
(Source : agences et rédaction)