MM. Sarkozy et Cameron ont pris un bain de foule place Tahrir à Benghazi (est), qui a servi de « capitale » aux rebelles pendant les six mois d'insurrection contre le régime. Philippe Wojazer/
Depuis l'expiration il y a six jours de l'ultimatum lancé par le CNT aux pro-Kadhafi dans cette ville pour déposer les armes, troupes et armements s'étaient massés sur la route côtière en vue d'une offensive, tandis que les avions de l'OTAN poursuivaient leurs frappes. Jeudi matin, plusieurs centaines de pick-up surmontés d'armes lourdes étaient partis de Misrata, se dirigeant vers l'est en longeant la côte. Au carrefour d'Abou Qarin, le convoi, composé de 900 véhicules selon le Conseil militaire de Misrata, s'était divisé pour encercler Syrte sur trois fronts. Une partie du convoi a pris la route côtière vers Syrte, une autre une route serpentant à travers le désert, tandis qu'un troisième s'est enfoncé plus profondément vers le Sud après avoir subi des tirs nourris à Wadi Bey.
Dans son dernier message mercredi soir, le colonel Mouammar Kadhafi a accusé l'OTAN de « terrorisme et de destructions indescriptibles à Syrte », selon la chaîne Arraï basée en Syrie qui diffuse régulièrement ses messages. Son porte-parole Moussa Ibrahim a lui accusé sur la même chaîne les combattants du CNT d' « affamer des régions entières pour les obliger à se rendre », dans une allusion aux bastions pro-Kadhafi, citant en particulier Syrte et Bani Walid.
Parallèlement, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont été accueillis en héros jeudi en Libye. Premiers dirigeants occidentaux à venir en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en place depuis 1969, MM. Sarkozy et Cameron ont notamment pris un bain de foule à Benghazi (est), qui a servi de « capitale » aux rebelles pendant les six mois d'insurrection contre le régime.
Le président français a affirmé, lors d'une conférence de presse commune avec M. Cameron et les dirigeants du CNT à Tripoli, que Mouammar Kadhafi, en fuite depuis le 23 août, était encore « un danger ». « L'engagement » de l'OTAN en Libye « n'est pas terminé », a ajouté le chef de l’État français. « Nous vous aiderons à trouver Kadhafi et à le présenter devant la justice », a renchéri le Premier ministre britannique. « Nous devons poursuivre la mission de l'OTAN jusqu'à ce que tous les civils soient protégés et jusqu'à ce que notre travail soit terminé », a-t-il ajouté. « Ce travail n'est pas encore fini. Il y a encore des parties de la Libye sous le contrôle de Kadhafi, a-t-il rappelé. Ceux qui pensent encore que Kadhafi a encore une place au gouvernement ou dans le pays doivent se défaire de cette idée. Il n'en a aucune. Il est temps pour lui de se rendre ».
Par ailleurs, à Benghazi, Nicolas Sarkozy a assuré croire dans une « Libye unie, pas dans une Libye divisée », tandis que David Cameron, a jugé « extraordinaire de se retrouver dans Benghazi libéré, dans une Libye libre ». « Vous avez voulu la paix, vous avez voulu la liberté, vous voulez le progrès économique, la France, la Grande Bretagne et l'Europe seront aux côtés du peuple libyen », a affirmé le président français. « Votre ville a été une source d'inspiration pour le monde. Vous avez renversé un dictateur et choisi la liberté », a lancé à la foule le Premier ministre britannique.
Sur le plan économique, un porte-parole de David Cameron a affirmé que la Grande-Bretagne allait débloquer « environ 600 millions de livres (688 millions d'euros) d'avoirs libyens qui étaient gelés par les résolutions des Nations unies ». Quelque 12 milliards de livres (près de 14 milliards d'euros) en liquide et d'autres actifs (immobiliers, etc.) détenus par le régime du colonel Kadhafi avaient été gelés au Royaume Uni en février à la suite de résolutions.
Entre-temps, la Russie a annoncé vouloir que le Conseil de sécurité de l'ONU mette fin à la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye. Moscou, qui avait permis la mise en place de la zone d'exclusion en s'abstenant lors du vote en mars à l'ONU, a depuis vivement critiqué les forces occidentales, estimant qu'elles outrepassaient largement le mandat accordé par les Nations unies.
Depuis l'expiration il y a six jours de l'ultimatum lancé...