Rechercher
Rechercher

Liban

Pietton : « Nous avons été surpris et déçus par les déclarations du patriarche »

M. Pietton a évoqué avec M. Berry le bilan de la visite de Mgr Raï en France. Photo Hassan Ibrahim

Pour la première fois dans l’histoire contemporaine du Liban, voire depuis l’époque de Saint-Louis et l’établissement des rapports entre la France et la communauté maronite du Liban, les relations entre Paris et Bkerké sont marquées depuis quelques jours par un certain malaise en raison des propos tenus en France par le patriarche Béchara Raï au sujet du régime syrien et des armes du Hezbollah.
« Nous avons été surpris et déçus par les déclarations du patriarche, parce qu’elles n’ont pas paru reprendre les messages transmis par les autorités françaises », a ainsi déclaré hier l’ambassadeur de France, Denis Pietton.
M. Pietton a mis en évidence la nette divergence de points de vue entre Paris et le patriarche au sujet du régime syrien, confirmant que Mgr Raï avait exprimé son inquiétude pour l’avenir des chrétiens en cas de chute du régime syrien, lequel, a dit le locataire de Bkerké, « rassure et protège les chrétiens ».
Dans le cadre d’un entretien accordé au site Alkalimaonline, le diplomate français a en outre indiqué qu’il n’avait pas qualifié la visite du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, en France de « réussie », dans la déclaration qui avait suivi son entretien avec le Premier ministre Nagib Mikati.
M. Pietton a précisé qu’il avait qualifié la visite d’« importante », dans la mesure où il est de tradition que le nouveau patriarche, une fois élu, réserve sa première visite à l’étranger – après Rome – à la France. Le diplomate français a insisté dans ce cadre sur l’importance de cette visite officielle, qui s’est déroulée 25 ans après l’élection du patriarche Sfeir.
L’ambassadeur de France a ajouté qu’il rendrait certainement visite au patriarche Raï tout prochainement à la demande du gouvernement français, lequel est « déçu de ses dernières déclarations en France », pour s’informer de ses véritables positions. Il a déclaré à ce propos : « La visite était utile pour la France, car ce fut l’occasion de rencontrer le patriarche Raï et de discuter avec lui de plusieurs sujets, qu’on peut résumer par trois points essentiels : la présence de la Finul au Liban-Sud aux frontières libanaises avec Israël, le Tribunal spécial pour le Liban, et la situation dans la région, plus particulièrement en Syrie ». Selon lui, les évènements qui se déroulent en Syrie sont « intolérables » et le régime syrien s’est mis dans une impasse en réprimant avec férocité l’opposition.
Le diplomate français a indiqué que la France avait communiqué au patriarche sa position sur les trois sujets, qui constituent des messages à l’État libanais. Paris a ainsi mis en exergue le rôle de la Finul au Sud et la nécessité pour l’État libanais de détenir le monopole de la violence légitime et de sécuriser les déplacements de la Finul en dehors de sa zone d’action, notamment après la multiplication des attentats contre les forces internationales. Paris a également exprimé son attachement au TSL dont il soutient l’action. Et Paris a enfin évoqué avec le patriarche la situation dans la région, notamment en Syrie, où se déroulent des évènements sanglants. La répression féroce de l’opposition par le régime est intolérable, a souligné M. Pietton dans ce cadre.
M. Pietton a affirmé que le patriarche Raï a exprimé son inquiétude pour l’avenir des chrétiens en cas de chute du régime syrien qui, selon lui, rassure et protège les chrétiens, notamment après les développements intervenus en Égypte et en Irak, où les chrétiens ont payé le prix de la guerre et de l’absence de l’État. La France, quant à elle, considère que c’est l’instauration de la démocratie et du pluralisme qui préserve les droits de tous les citoyens, dont les chrétiens.
Il a ajouté que la visite du patriarche Raï en France était une visite d’État, durant laquelle il a rencontré le président Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon et d’autres responsables qui l’ont informé de la position officielle de la France et lui ont transmis des messages sur la vision de la France.
« Nous avons été surpris et déçus par les déclarations du patriarche, parce qu’elles n’ont pas paru reprendre les messages que les autorités françaises lui ont communiqués, même si le patriarche, bien sûr, est libre de ses pensées », a-t-il poursuivi. « Toute cette polémique à propos de ces déclarations montre les attentes qu’ont les Libanais vis-à-vis du patriarche, et éventuellement leur déception lorsque ces attentes ne sont pas satisfaites. Ceci montre donc l’importance qu’a le patriarcat dans ce pays en tant qu’autorité religieuse, morale et aussi politique », a-t-il noté.
À la question de savoir par ailleurs si l’absence d’un entretien entre le président Sarkozy et le Premier ministre Mikati est liée à la position du gouvernement libanais vis-à-vis du TSL et de son financement, M. Pietton a indiqué que « M. Mikati a toujours été constant dans sa volonté d’appliquer les obligations concernant le Liban, y compris le financement. La France attend aussi de voir s’il arrivera à concrétiser ses promesses ». Il a en outre insisté sur la nécessité pour l’armée libanaise d’avoir le monopole des armes et a rappelé la poursuite de la coopération entre son pays et l’armée libanaise dans plusieurs domaines, évoquant en particulier des aides livrées récemment à l’armée libanaise.
Sur le dossier des réfugiés palestiniens, M. Pietton a indiqué que son pays a toujours soutenu la création d’un État pour les Palestiniens, un État démocratique, viable et digne. Il a appelé à la reprise des négociations. « La question va être discutée à New York », a-t-il conclu.
Il convient par ailleurs de signaler que l’ambassadeur de France a été reçu hier par le président de la Chambre, Nabih Berry, avec qui il aurait évoqué trois questions : la visite à Paris du patriarche maronite, les inquiétudes françaises concernant la sécurité de la Finul et le dossier de la disparition de l’imam Moussa Sadr et ses compagnons, et l’aide que pourrait apporter Paris, compte tenu de sa position en Libye à l’heure actuelle, à ce niveau.
M. Pietton a également été reçu par le chef du bloc parlementaire du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora.
Pour la première fois dans l’histoire contemporaine du Liban, voire depuis l’époque de Saint-Louis et l’établissement des rapports entre la France et la communauté maronite du Liban, les relations entre Paris et Bkerké sont marquées depuis quelques jours par un certain malaise en raison des propos tenus en France par le patriarche Béchara Raï au sujet du régime syrien et des armes du Hezbollah. « Nous avons été surpris et déçus par les déclarations du patriarche, parce qu’elles n’ont pas paru reprendre les messages transmis par les autorités françaises », a ainsi déclaré hier l’ambassadeur de France, Denis Pietton. M. Pietton a mis en évidence la nette divergence de points de vue entre Paris et le patriarche au sujet du régime syrien, confirmant que Mgr Raï avait exprimé son inquiétude pour...
commentaires (13)

En reponse a Hélène Maison votre reaction montre votre naivete et votre ignorance totale de ce qui se passe au proche orient. Venez vivre notre quotidien avant de profaner de telles absurdites. Et mieux, restez en securite dans votre cocon et ne venez pas nous donner des lecons.

Joseph Jeanbart

02 h 23, le 16 septembre 2011

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • En reponse a Hélène Maison votre reaction montre votre naivete et votre ignorance totale de ce qui se passe au proche orient. Venez vivre notre quotidien avant de profaner de telles absurdites. Et mieux, restez en securite dans votre cocon et ne venez pas nous donner des lecons.

    Joseph Jeanbart

    02 h 23, le 16 septembre 2011

  • M.STEPHANE CARETTE Vous avez dit en quelques mots toute la VERITE.La France d'aujourd'hui n'est plus la France de St Louis. Mgr RAI, réaliste l'a bien compris.Ceux qui ne veulent pas comprendre ne sont pas nécessairement les amis des chretiens et tous ceux qui veulent entrainer le Liban dans ce piege mortel s'en "fichent" peut-etre royalement!

    Carine Fares

    00 h 25, le 16 septembre 2011

  • En réponse à M. Jeanbart : si un "pays chrétien" est un pays où l'on applaudit quand des innocents sont torturés, alors oui, la France n'est pas un "pays chrétien".

    Hélène Maison

    15 h 50, le 15 septembre 2011

  • Et qui a dit à M. Pietton que la vocation du Patriarche est de faire le porte-parole des messages que les autorités françaises lui communiquent ??! En plus, il clarifie sa mauvaise conscience en ajoutant que le Patriarche est libre de ses pensées... Respecte-toi !

    Hicham Chemali

    06 h 02, le 15 septembre 2011

  • Pour que la France aille si loin c'est qu'il y a "anguille sous roche"... il n'y a plus que les Russes qui continuent à prendre la défense du "boucher"...il suffit de voir la barbarie et les tortures pour avoir la nausée...et puis comment peut-on oublier les destructions commises au Liban???

    Sylvia Laurent

    05 h 28, le 15 septembre 2011

  • En tant que Français chrétien aimant le Liban, je suis profondément triste de constater combien la situation actuelle des chrétiens d'orient reste peu comprise ou, en tout cas, ne soulève guère d'intérêt de la part des occidentaux, politiques ou diplomates !Il est vrai qu'en France, Etat laïc, la notion de"chrétien"n'est plus à la mode! Ce sont pourtant les valeurs qui ont fondé notre culture et, à trop l'oublier, on risque de plus grands périls. Je pense que seule la voie du dialogue et de la compréhension mutuelle entre les différentes religions peut garantir la paix , mais cela ne justifie pas à mes yeux le recours aveugle à la violence! Les légitimes craintes du Patriarche ne devraient, à mon sens, pas cautionner une répression aveugle mais, au contraire, inciter les chrétiens à s'unir pour jouer, si cela est encore possible, un utile rôle de médiation indipensable pour briser l'engrenage infernal de la violence. Philippe Labrousse

    labrousse philippe

    04 h 57, le 15 septembre 2011

  • Mais comment un simple ambassadeur, fusse t il de la plus grande puissance planétaire et là, et encore, il ne s'agit que de la France de Sarko/bhl, peut il se permettre de donner au Patriarche des maronites d'Orient des feuilles de route à appliquer ? Comment peut il se permettre de refuser à MSG Rai le droit de ressentir ce qui est bon pour les chrétiens et pour son pays le Liban.Qu'il soit déçu et avec lui les tenants de la politiqye sarko/bhl, on le comprend, mais de grace, laissez les orientaux penser pour eux et par eux, ils savent mieux que personne ce qui leur conviendrait, l'expérience d'une politique alignée aveuglèment sur l'occident nous a mené et nous mène droit dans le mur des lamentations.

    Kamel Jaber

    04 h 13, le 15 septembre 2011

  • « Ne prenez la vérité que de la bouche du patriarche ». Mais cette vérité est sortie de la bouche de sa Béatitude face aux medias en disant qu'il faut donner plus de temps à Bachar El Assad et que les armes du Hezbollah ne pourraient être livrées qu'après le retrait des israéliens de nos territoires. C'était clair et n'admet pas de sous-entendu. Quant à sa crainte pour les chrétiens si le régime Baas chute, elle n'est pas justifiée, car il ne faut pas oublier ce que les chrétiens du Liban on enduré de ce régime durant la guerre de 1975-1990 et jusqu'à 2005. Et puis S.B. n'a pas condamné franchement l'effusion de sang intolérable en Syrie! Quelle autre « vérité il faut prendre de la bouche du patriarche » ?

    Bardawil Michel

    03 h 37, le 15 septembre 2011

  • Il est grand temps que les maronites en particuliers et les chrétiens d'orient en général, comprenne que la France de Mrs Sarkosy et consorts n'est plus la France de St Louis, d'Assas ou d'Henry IV. L'enfant naturel de 1789 est avant tout l'ennemi du christiannisme et des civilisations basée sur la famille, le travail et la Patrie. Continuer à réver à la "France" de Mr Pietton est un piège mortel dont les chrétiens ne se relèveront pas. Il faut être certain que leur sort, non seulement est indifférent à la République laïque, mais qu'il leur est odieux;car un vivant reproche à son mercantlilisme, son hédonisme sans frein, à son inhumanité.

    carette stéphane

    03 h 01, le 15 septembre 2011

  • « Nous avons été surpris et déçus par les déclarations du patriarche, parce qu’elles n’ont pas paru reprendre les messages transmis par les autorités françaises », a ainsi déclaré hier l’ambassadeur de France, Denis Pietton. --- Le Patriarche serait-il aux yeux des francais un simple messager ? Est-ce tout le credit qu'ils lui accordent ? En tout cas la Republique Francaise d'aujourd'hui n'a rien a voir avec la France de Francois 1er, et la France d'aujourd'hui est tres loin d'etre un pays chretien. Donc les fondements de la relation historique avec les maronites peut du jour au lendemain cesser au profit d'une autre communaute, chretienne ou non, pourvu que ca serve les interets de la France. Mais quand les libanais commenceront-ils a se soucier de leur propre interet au lieu de defendre celui des autres ?

    Joseph Jeanbart

    02 h 42, le 15 septembre 2011

  • Que le patriarche maronite soit inquiet sur le sort des chrétiens de Syrie apres le sort qui leur a été réservé en Irak est compréhensible. Mais il aurait pu exprimer ces craintes d'une autre manière. Sans absoudre Bachar el Assad. Sans s'abstenir de condamner la répression sanglante perpétrée par ses sbires. Et sans légitimer l'armement du Hezbollah. Enfin qu'il se soit cru autorise à faire ces déclarations en France est impardonnable.

    ibrahim tabet

    02 h 06, le 15 septembre 2011

  • La diplomatie serait-elle devenue un flash televise sur mesure adresse au grand public a la demande du ghetto politique le plus marchand ?????????????? POUAH..............

    sylvie.baaklini

    01 h 03, le 15 septembre 2011

  • Le Patriarche Rai a parle en Francais aux Francais a Paris. Ils n'ont rien compris non plus.

    jean tannous

    20 h 20, le 14 septembre 2011

Retour en haut