« Au total, 108 000 déplacés ont fui vers les provinces de Aden et de Lahj, et 65 % d’entre eux ont été hébergés dans 66 écoles à Aden », a déclaré M. Kahlani, ministre des Affaires parlementaires. « Au moins 2 800 familles vivent encore dans des écoles à Aden », à trois jours de la rentrée scolaire, a-t-il ajouté. Les déplacés pourraient être réinstallés « dans des stades ou des camps à aménager sur des sites identifiés » par les autorités, a indiqué M. Kahlani.
Il a souligné que le gouvernement, confronté à une grave crise politique et économique, n’a honoré que partiellement une aide promise de quelques milliers de dollars. Mais « les déplacés refusent l’idée de quitter les écoles », a déclaré Issam al-Rabouï, un père d’une famille de sept membres qui ont trouvé refuge à l’école Balkis dans un quartier de Aden. « Les autorités nous ont informés (...) de notre réinstallation dans un stade ou un camp. Mais nous refuserons car notre situation va empirer », a renchéri un autre déplacé, Jawad Atrouche, installé dans une autre école de Aden.
Le Croissant-Rouge yéménite reconnaît son incapacité à agir. « Nous n’avons pas les moyens d’apporter une aide humanitaire aux réfugiés », a indiqué l’un des ses employés, Mahmoud Saïdi.
Le sultanat de Oman, voisin immédiat du Yémen, est jusqu’ici le seul pays des riches monarchies pétrolières du Golfe à avoir acheminé quatre cargaisons d’aide humanitaire, a ajouté M. Kahlani. Selon lui, « les déplacés vivent une situation humanitaire dramatique », que la poursuite des combats à Abyane risque d’aggraver à l’approche de l’hiver et de la saison des pluies.
Le Yémen, l’un des pays arabes les plus pauvres et miné par des conflits armés, comptait déjà dans le Nord plus de 340 000 déplacés, dont 15 % vivant dans des camps, en raison de la guerre récurrente depuis 2004 entre l’armée et les rebelles chiites, et dont le dernier round a pris fin en février 2010, selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Début août, le Conseil de sécurité de l’ONU avait exprimé ses « graves inquiétudes » concernant la détérioration de la situation humanitaire et économique du Yémen, en proie à la tourmente politique depuis un soulèvement en janvier contre le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans.
(Source : AFP)