Dans son allocution, le ministre des Affaires étrangères du Laos, Thoungloun Sisoulith, dont le pays avait organisé la première réunion des pays membres de la convention sur les bombes à sous-munitions, a souligné l’importance de l’une des clauses du texte qui appelle à accorder de l’aide aux victimes de ces armes. Il a aussi souhaité que la convention soit adoptée et ratifiée par le plus grand nombre de pays.
Prenant la parole, le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour a rappelé le thème de la deuxième réunion « ensemble pour une vie sûre », notant que le Liban œuvrera pour consolider l’application de la convention. « Au terme de la conférence, des recommandations – baptisées Déclaration de Beyrouth – seront adoptées », a-t-il dit, mettant l’accent sur les engagements pris par les pays membres pour le respect du texte, notamment en ce qui concerne le stockage et la destruction des sous-munitions ainsi que l’aide accordée aux victimes. Des efforts devraient être effectués pour éradiquer ces armes et leur effet sur les populations, a-t-il ajouté.
Au nom de toutes les ONG libanaises, Randa Nabih Berry, présidente de l’Association de bienfaisance libanaise pour les handicapés, a pris la parole. Elle a rappelé que l’armée israélienne avait massivement arrosé le Liban de bombes à sous-munitions durant les 36 heures ayant précédé l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, en août 2006. Plus de quatre millions de projectiles avaient été largués au-dessus de 185 villages du Liban-Sud, a-t-elle poursuivi.
Donnant lecture du message du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, Sergio Duarte, haut représentant des Nations unies pour les Affaires de désarmement, a mis l’accent sur le danger des bombes à sous-munitions. « Bien après la fin des conflits, ces armes continuent de tuer, de menacer et d’effrayer les civils les empêchant de reconstruire leur quotidien. Les sols qu’elles contaminent sont difficiles à dépolluer et souvent elles explosent entre les mains de ceux et celles qui se chargent de les désamorcer », a-t-il dit.
Soulignant que jusqu’à présent 62 pays ont adhéré à la convention et 109 l’ont signée, il a souhaité que le plus grand nombre d’États ratifie le texte.
Trois décennies séparent le Liban du Laos...
La vice-présidente du CICR, Christine Beerli, a noté que l’expérience du Laos avec les bombes à sous-munitions est passée sous silence par rapport à celle du Liban.
Soulignons que de 1964 à 1973, l’armée américaine, lors de la guerre du Vietnam, avait largué des centaines de millions de bombes à sous-munitions au-dessus du Laos, qui compte jusqu’à présent 10 000 victimes.
Mme Beerli a également noté que trois décennies séparent l’expérience du Laos de celle du Liban en 2006. Durant ces trente ans, les sous-munitions ont été utilisées dans une trentaine de pays dont l’Afghanistan, la Tchétchénie, l’Érythrée, l’Éthiopie, l’Irak, le Kosovo et la Serbie, a-t-elle dit, soulignant que la guerre de juillet 2006 a changé les choses en montrant au monde entier les effets de ces armes, illustrant leur impact à long terme sur les civils. En quelques mois, grâce à l’intervention de 25 États, l’initiative d’Oslo, donnant naissance à la convention sur les bombes à sous-munitions, a vu le jour, a-t-elle rappelé.
Elle a invité les pays membres de la convention à procéder rapidement au nettoyage des zones contaminées, à la destruction des stocks disponibles et à venir en aide aux victimes.
Prenant la parole au nom des ONG internationales présentes à Beyrouth, sous le nom de la Coalition contre les sous-munitions, Branislav Kapetonavic, a parlé de son expérience. Chargé du nettoyage en Serbie des terrains contaminés par les sous-munitions larguées par l’OTAN, il a été atteint, en 2000, aux jambes et aux mains. Il a indiqué que les régimes libyen et thaïlandais ont utilisé ces armes contre leurs propres peuples. Il a aussi appelé à la promotion de la justice et du droit humanitaire afin de faire adopter la convention.
Espérons que la Russie, les Etats-Unis, la Chine, Israël, et Singapour, qui sont les plus gros producteurs des bombes à sous-munitions cesseront la production pour permettre à cette conférence de Beyrouth de porter ses fruits . Nazira.A.Sabbagha
05 h 57, le 14 septembre 2011