C’est, comme d’habitude, la faute à la presse. Lorsqu’un haut responsable cherche à revenir, d’une façon ou d’une autre, sur des prises de position qui ont suscité un tollé, le procédé utilisé est toujours quasiment le même : on dit que les propos ont été rapportés de manière « tronquée » par les médias et on évoque des « malentendus ».
D’après le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, c’est exactement ce qui s’est passé avec les déclarations qu’il a récemment faites en France au sujet de la situation en Syrie, des armes du Hezbollah et de l’implantation des Palestiniens au Liban.
« Oubliez les propos tronqués qui ont été rapportés, probablement de façon délibérée », a lancé le patriarche à la foule qui l’accueillait au village de Aarbaniyé, première étape d’une tournée pastorale qu’il a effectuée hier dans le Haut-Metn.
« Ces propos tronqués ont été tirés de déclarations que j’ai données en France et n’ont aucun rapport avec mes positions personnelles fondamentales », a-t-il ajouté.
« Je regrette ce qui s’est passé. Je peux vous certifier que la communion et l’amour resteront et qu’au contraire de ce que laissent croire les propos tronqués qui ont été rapportés, je veux rassurer tous ceux qui m’écoutent : nous ne nous ingérons pas dans des désaccords entre factions, ni au Liban ni à l’étranger. Nous sommes avec la paix et le bonheur pour tous », a-t-il dit.
Et de renchérir : « C’est comme si l’on disait “La Ilah... (il n’y a de Dieu...)” sans dire la suite “...illa Allah (que Dieu)”. Voilà pourquoi il ne faut pas se laisser influencer par ce qui sort dans la presse comme titres tronqués. » D’ailleurs, a-t-il poursuivi, « je suis de ceux qui pensent que 99 pour cent des désaccords entre les humains sont dus à des malentendus. Ma ligne à moi, c’est la franchise et l’objectivité et c’est de dire la vérité sans m’aligner sur quiconque ».
Ce mot de « malentendu » devait accompagner le patriarche durant toutes les étapes de sa tournée. Après Aarbaniyé, il s’est rendu à Deir el-Harf, puis à Jouar el-Hoz. « Il ne faut pas avoir peur des malentendus, a-t-il déclaré dans ce dernier village. C’est ce qui s’est passé avec nous ces deux derniers jours. Certains ont commenté des propos ; tant pis. Il faut apprendre à aller au-delà de ces considérations pour atteindre les profondeurs. »
Et de nouveau à Kfar Sélouane, où il a été notamment accueilli par l’enfant de ce village druzo-maronite, le ministre de la Justice Chakib Cortbaoui : « Nous nous devons de dépasser l’offense, les malentendus et les propos et articles nuisibles », a dit le prélat.
Il a clôturé sa tournée par la localité maronito-sunnite de Tarchiche, dont il a félicité les habitants pour avoir résisté à la tentation de vendre leurs terrains.