L’IIF a estimé à cet égard que le PIB réel devrait se contracter de 4 % durant l’année en cours, notamment à cause d’une forte diminution des investissements privés et des exportations de biens et de services, spécialement dans le tourisme.
Le rapport, élaboré par le directeur adjoint du département Moyen-Orient et Afrique au sein de l’institut, a en effet dit s’attendre à une baisse des recettes provenant des exportations de biens, du tourisme, des investissements directs étrangers (IDE) et des transferts d’émigrés de quelque 25 milliards de dollars en 2010 à 12 milliards de dollars en 2011.
De ce fait, le déficit fiscal devrait s’élargir, a estimé l’IIF, à 6,5 % du PIB, contre 3,8 % en 2010 et 2,1 % en 2009. Les réserves en devises risquent également de diminuer de quelque 20 milliards de dollars fin 2010 à environ 15 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année, a prévenu le rapport. Celles-ci resteront toutefois suffisantes pour couvrir l’équivalent de douze mois d’importations de biens et de services – une situation qui demeure confortable, a estimé l’IIF.
Pour faire face à cette situation inédite, la Banque centrale syrienne (CBS) a augmenté en mai les taux d’intérêt sur les dépôts bancaires de 2 points à 6,5 % et a abaissé le seuil des réserves obligatoires de 10 % à 5 % afin d’éviter une éventuelle fuite de capitaux dans les pays voisins et d’augmenter les liquidités dans le système bancaire.
Les sanctions, une réelle menace ?
En parallèle, le rapport de l’IIF s’est attardé sur les retombées des dernières sanctions lancées par les États-Unis et l’Europe contre le régime syrien, notamment en ce qui a trait à l’embargo sur les exportations de pétrole. Celles-ci représentaient jusque-là entre un quart et un tiers des revenus de l’État, selon les variations du prix du brut. En 2010, la production pétrolière a atteint 375 000 barils par jour (bj), dont 145 000 ont été exportés principalement en Allemagne, en France et en Italie, rapportant ainsi près de 20 % des recettes provenant de l’étranger (soit 3,7 milliards de dollars), a rappelé à cet égard le rapport.
Avant le début des révoltes, la Syrie subissait déjà l’impact de sanctions américaines, mais celles-ci ont augmenté au fil des derniers mois. Début septembre, l’Union européenne a, à son tour, adopté de nouvelles mesures visant à élargir les sanctions contre la Syrie. Celles-ci prohibent les exportations pétrolières syriennes dans la zone euro et portent, par ailleurs, sur le gel des avoirs de certains hommes politiques proches du régime.
Selon l’IIF, ces sanctions risquent de n’avoir qu’un effet limité sur l’économie syrienne et sur le régime. L’expérience d’autres pays montre que le régime syrien pourrait survivre à ces mesures en détournant ses exportations de pétrole brut vers les pays voisins. Néanmoins, cette porte de secours pourrait se refermer si d’autres pays arabes adoptaient des sanctions à l’égard des produits syriens, a souligné l’IIF.
En conclusion, et si la situation politique et sécuritaire ne s’améliore pas, une fragilisation interne et une distanciation de plus en plus grande de certains acteurs économiques à l’égard du régime risquent de se produire, ce qui ne ferait qu’alimenter le cercle vicieux et affecter encore plus durement l’économie, a mis en garde le rapport.