En Chine, le christianisme a le vent en poupe

Alors que dans le monde arabe et d’autres pays du Moyen-Orient les chrétiens sont de moins en moins nombreux, en Extrême Orient, notamment en Chine, le nombre d’églises et de fidèles est en pleine croissance.

« Il est impossible de dire combien de chrétiens il y a aujourd’hui en Chine, mais personne ne nie que les chiffres sont en train d’exploser », affirme BBC news dans un reportage intitulé « Les chrétiens en Chine : Le pays traverserait-il une crise spirituelle ? » (Christians in China : Is the country in spiritual crisis). « Le gouvernement dit (qu'ils sont) 25 millions : 18 millions de protestants et 6 millions de catholiques. Mais les sources indépendantes sont toutes d’accord pour dire que ces estimations sont une large sous-estimation », poursuit BBC news, en précisant qu’« il y a déjà un plus grand nombre de Chinois à la messe le dimanche que dans toute l’Europe ».

« Tout au long du vingtième siècle, le christianisme était associé à l’impérialisme occidental » et était officiellement interdit et ceci aurait pu freiner l’accroissement du nombre de convertis pendant des décennies, explique le reportage de BBC news. Mais « depuis les années 80 », les croyances religieuses ne sont plus interdites et depuis un certain nombre d’années, avec l’ouverture économique et la libéralisation de l’économie chinoise, l’image du libéralisme s’est améliorée au sein de la société, ce qui aurait pu encourager les conversions chez certaines familles chinoises.

Aujourd’hui, on trouve des convertis de toutes les catégories sociales, « des paysans » aux « jeunes sophistiqués de la classe moyenne urbaine », explique le reportage.

Officiellement, il existe une église catholique reconnue par l’État, l’Association patriotique catholique, mais celle-ci n’a pas le droit de traiter avec le Vatican même si ses fidèles ont le droit « de reconnaître l’autorité spirituelle du Pape », affirme BBC news. La majorité des catholiques chinois ont cependant rejoint l’église catholique clandestine, selon le reportage, qui elle est soutenue par le Vatican. « La plupart des évêques » de cette église sont aujourd’hui reconnus par le gouvernement chinois ainsi que par le Vatican. Mais les autorités chinoises ont « durci leurs positions ces derniers mois et nommé des évêques opposés au Vatican, qui a, de son côté, excommunié l’un d’eux », rapporte BBC news.

« L’église protestante officielle grandit plus rapidement » que l’église catholique selon le reportage, et les « églises non-officielles » se développent « partout dans le pays ». Selon un chercheur chinois proche du gouvernement cité par le reportage, « le gouvernement préfère ignorer les (églises protestantes non-officielles) car elles ne sont pas vues comme une menace ». Mais « lorsqu’une église dépasse les limites » posées par les autorités, alors ces dernières « répriment » ses fidèles, ajoute-t-il.

« Ce qui doit inquiéter le plus les autorités est la raison pour laquelle autant de personnes se tournent vers les églises », affirme par ailleurs le reportage de BBC news. Les Chinois « parlent de plus en plus d’une crise spirituelle en Chine, une formule qui a même été reprise par le Premier ministre Wen Jiao Bao », poursuit le reportage.

Les vieilles générations de Chinois ont vu le régime Marxiste-léniniste se transformer « en la société capitaliste la plus viscérale sur terre ». Quant aux jeunes générations, elles voient la confiance « dans les institutions » et « entre les individus » diminuer, affirme le reportage.

« Je pense qu'il est normal que beaucoup de gens ne soient pas satisfaits » par les croyances traditionnelles, « de sorte que lorsque le christianisme entre dans leur vie, ils s’y accrochent très fort », estime le professeur He Guanghu, « l’un des philosophes les plus éminents de Chine », cité par BBC news.