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Liban

Le Liban accueille la deuxième conférence de la convention sur les bombes à sous-munitions

Durant toute la semaine, des représentants de 120 pays, d’institutions onusiennes et d’organisations internationales, en tout plus de 800 participants venus des quatre coins du globe, se retrouvent à Beyrouth dans le cadre de la deuxième réunion des États membres de la convention contre les bombes à sous-munitions.

Une équipe de démineurs au travail à Nabatiyeh. Photos Samir Sabbagh

L’ouverture officielle de la conférence des États membres de la convention, entrée en vigueur en 2010 et adoptée par 107 pays, a eu lieu hier soir au palais de l’Unesco en présence du chef de l’État, Michel Sleiman. Les réunions démarreront ce matin à l’hôtel Phoenicia, alors que les représentants des ONG internationales et locales se retrouveront à l’hôtel Monroe.
Hier en journée, des visites de terrain ont été organisées. Elles étaient destinées aux délégations et à la presse. Un groupe s’est rendu à Sarafand auprès de l’association de bienfaisance libanaise pour les handicapés alors qu’un deuxième s’est rendu sur le terrain à Nabatiyeh, où il a été accueilli par le général Mohammad Fehmi, directeur de Centre libanais de l’action antimines (L-Mac), relevant de l’armée libanaise. Cet organisme est chargé de détruire les mines antipersonnel et de nettoyer le territoire libanais des bombes à sous-munitions.
Pour l’occasion, la caserne de l’armée à Nabatiyeh a pris des allures de kermesse afin de recevoir plus de 300 personnes. Des ONG internationales et locales s’occupant notamment du nettoyage du Liban-Sud des bombes à sous-munitions, du suivi des victimes et des campagnes de sensibilisation destinées particulièrement aux enfants avaient dressé des stands pour présenter leurs activités.
Plus loin, l’armée a organisé une exposition relative aux sous-munitions : de petites bombes désamorcées, des réservoirs qui contenaient initialement des sous-munitions, des casques et des gilets pare-balles ainsi que des dizaines d’outils utilisés pour détecter et désamorcer ces petites armes explosives qui peuvent s’enfoncer dans le sol et rester actives durant des dizaines d’années.
Des équipes de militaires ont effectué des démonstrations de nettoyage de terrain et d’évacuation de blessés. Des officiers ont expliqué le travail entrepris par les équipes de l’armée, au quotidien, sur le terrain.
Dans ses déclarations à la presse, le général Fehmi a rappelé que lors de la guerre de juillet 2006, le taux de « défaillance » des sous-munitions larguées par l’armée israélienne était de 42 %, expliquant qu’elles « dataient de 1973. Elles étaient donc très anciennes ; généralement ces bombes devraient être utilisées durant les quinze ans suivant leur fabrication ».
Selon les estimations, quatre millions de bombes à sous-munitions ont été larguées au-dessus du sud du pays. 95 % sont de fabrication américaine et 5 % israélienne. « 67 % des terrains contaminés par les bombes à sous-munitions ont été nettoyés et les habitants peuvent se remettre à cultiver leurs terrains en toute sécurité. 56 équipes, dont des contingents de la Finul, des associations libanaises et internationales, sont sur le terrain. Tous travaillent sous la supervision de l’armée », a-t-il indiqué.

75 millions de dollars pour tout nettoyer
Le pays manque cependant de fonds pour pouvoir relever le défi. À L’Orient-Le Jour, le directeur de Centre libanais de l’action antimines a expliqué que « le Liban a besoin de 75 millions de dollars pour pouvoir nettoyer son territoire des bombes à sous-munitions ». « Si les fonds sont disponibles, le travail pourrait s’achever en six ans », a-t-il fait valoir.
« Sur les 33 % des bombes à sous-munitions qui restent à détruire, 31 % ont été localisées au Liban-Sud et 2 % dans la Békaa. Celles qui se trouvent dans la Békaa datent de l’été 1982 et non de guerre de juillet 2006 », a-t-il précisé.
Dans un bref entretien avec L’OLJ, Jordan Ryan, vice-administrateur du PNUD et directeur du bureau de la prévention des crises et du redressement, a relevé que « le Liban représente un exemple vivant des pays touchés durement par les bombes à sous-munitions ». « Pour nous, organiser des réunions dans des pays aussi touchés par les sous-munitions que le Liban constitue le meilleur moyen de sensibiliser la communauté internationale à ce fléau », a-t-il ajouté.
Interrogé sur le rôle du PNUD dans la mise en place et l’adoption de la convention, Jordan Ryan a souligné que l’organisme qu’il représente « a travaillé avec un nombre de pays membres de l’ONU pour que la convention soit adoptée ». « Nous œuvrons également avec des États comme le Liban, qui a assumé les séquelles des sous-munitions et qui a décidé de s’en débarrasser, notamment en le mettant en contact avec des donateurs », a-t-il indiqué, poursuivant que « le pays mettra prochainement un plan, échelonné sur dix ans, visant à se débarrasser complètement des bombes à sous-munitions ».
« Cette réunion constitue une opportunité pour le Liban qui montrera le travail effectué depuis 2006, notamment en aidant les populations à retrouver leur vie quotidienne, spécialement en ce qui concerne l’agriculture, après la dépollution des terrains », a-t-il noté, mettant l’accent sur la « coopération sud-sud ». Grâce à cette conférence, d’autres pays pourront prendre le Liban en exemple, et construire leur plan de dépollution par exemple à partir du modèle libanais, selon M. Ryan.
Le chef de délégation autrichienne, Alexander Kmentt, directeur du désarmement et du contrôle et de la non-prolifération des armes au ministère des Affaires étrangères, a rappelé que Vienne (comme Oslo) avait énormément travaillé pour que la convention soit adoptée. « Pour nous, le problème des sous-munitions est facile. Nous ne sommes pas producteurs de ces armes et notre armée possédait un petit stock que nous avons détruit l’année dernière. Nous nous intéressons surtout à aider les pays qui souffrent de ce fléau à s’en débarrasser. Nous œuvrons pour que les armes qui causent du mal à long terme aux civils soient bannies dans le droit », a-t-il expliqué à L’OLJ.

Une école de déminage à Beyrouth
Le chef de délégation française, Éric Danon, également chef de la délégation pour les négociations de désarmement multilatéral à Genève, a souligné, de son côté, que « Paris se réjouit que le Liban ait pris le problème des armes à sous-munitions à bras-le-corps. Il a dans ce cadre souligné la coopération de la France et de la communauté internationale pour dépolluer son territoire, la dépollution étant, selon lui, un élément fondamental du développement et de la sécurité des personnes. » Le pays bénéficie de l’appui de la France. Dans ce cadre, une école de déminage verra prochainement le jour à Beyrouth, un grand nombre du personnel de l’armée sera formé à cette tâche humanitaire », a-t-il ajouté.
Lors de la séance inaugurale, un documentaire retraçant la vie de trois victimes de bombes à sous-munitions a été présenté. Il s’agit de Mohammad Abdel Aal, 12 ans, qui a perdu sa jambe lors de l’automne 2006 alors qu’il gardait le troupeau de son père dans le Arqoub. Hussein Ghandour, 30 ans, a perdu sa jambe et son bras dans une explosion de sous-munitions dans le caza de Tyr. Sportif, il a remporté plusieurs médailles lors de Jeux panarabes et a participé à divers éditions de Jeux paralympiques. Adham Najdi, âgé aujourd’hui de 23 ans, était l’une des premières victimes des sous-munitions en septembre 2006. Une bombelette a explosé alors qu’il aidait ses voisins à nettoyer leur jardin. Il est, depuis, cloué sur une chaise roulante. Il appelle à ce qu’une loi respectant les droits des handicapés soit adoptée au Liban.
L’ouverture officielle de la conférence des États membres de la convention, entrée en vigueur en 2010 et adoptée par 107 pays, a eu lieu hier soir au palais de l’Unesco en présence du chef de l’État, Michel Sleiman. Les réunions démarreront ce matin à l’hôtel Phoenicia, alors que les représentants des ONG internationales et locales se retrouveront à l’hôtel Monroe.Hier en journée, des visites de terrain ont été organisées. Elles étaient destinées aux délégations et à la presse. Un groupe s’est rendu à Sarafand auprès de l’association de bienfaisance libanaise pour les handicapés alors qu’un deuxième s’est rendu sur le terrain à Nabatiyeh, où il a été accueilli par le général Mohammad Fehmi, directeur de Centre libanais de l’action antimines (L-Mac), relevant de l’armée libanaise. Cet...
commentaires (2)

L'éradication de ces bombes sales, sales comme ceux qui les produisent et les utilisent, ramènera les territoires qui en seront débarrassés à un niveau de développement plus appréciable. Car en plus des destructions physiques qu'elles causent, elles créent une psychose innervante d'un corps atteint et mal irrigué. Les délais d'attente sont beaucoup trop long pour en finir.

Kamel Jaber

04 h 37, le 13 septembre 2011

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Commentaires (2)

  • L'éradication de ces bombes sales, sales comme ceux qui les produisent et les utilisent, ramènera les territoires qui en seront débarrassés à un niveau de développement plus appréciable. Car en plus des destructions physiques qu'elles causent, elles créent une psychose innervante d'un corps atteint et mal irrigué. Les délais d'attente sont beaucoup trop long pour en finir.

    Kamel Jaber

    04 h 37, le 13 septembre 2011

  • Je propose d'envoyer des paquets de ces bombes - apres qu'elles aient ete parfaitement desamorcees - au siege des Nations Unies, aux Etats Unis et en Israel, chez repsectivement Obama a la maison blanche, le premier ministre Netenyahu et dans les universites des deux pays. Ca sera un bon cou de pied dans la fourmiliere.

    Paul Pierce

    22 h 13, le 12 septembre 2011

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