Des combattants pro-CNT se reposent à l’ombre à Wishtata, avant de reprendre la route vers Bani Walid. Leon Neal/AFP
Alors que Mouammar Kadhafi et son fils le plus en vue, Seif al-Islam, restent introuvables, 32 proches de l’ex-dirigeant libyen, dont son fils Saadi, ancien capitaine de l’équipe nationale de football mais aussi chef d’une unité d’élite de l’armée, sont arrivés au Niger depuis le 2 septembre, a affirmé hier le Premier ministre nigérien, Brigi Rafini. Ces personnes, entrées au Niger en quatre convois, sont « reçues » pour « raisons humanitaires », a-t-il souligné. Mais le Niger a aussi assuré qu’il respecterait ses engagements auprès de la justice internationale si un responsable recherché se trouvait sur son sol. Après cette annonce, la diplomatie américaine a indiqué que ce pays a l’intention de placer Saadi en détention à Niamey . La porte-parole Victoria Nuland a également rappelé que les États-Unis « encouragent » le dialogue entre les autorités nigériennes et CNT. Rappelons que deux des huit fils de M. Kadhafi – Hannibal et Mohammad –, sa fille Aïcha et son épouse Safiya avaient déjà trouvé refuge. Deux autres fils, Seif al-Arab et Khamis, seraient morts.
Dans le même temps, la Chine a pris acte hier de la chute de l’ancien « guide », devenant le dernier membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à reconnaître officiellement le Conseil national de transition (CNT) libyen. L’armée américaine a envoyé quant à elle une équipe de quatre personnes pour aider à la réouverture de l’ambassade des États-Unis à Tripoli, a indiqué le Pentagone.
Sur le terrain, des dizaines de civils, craignant de nouveaux combats, fuyaient Bani Walid, bastion pro-Kadhafi assiégé par les forces du nouveau régime. Plus de deux jours après l’expiration de l’ultimatum fixé aux pro-Kadhafi pour déposer les armes, les forces du CNT n’ont encore lancé aucune offensive d’envergure, mais de violents combats ont eu lieu dimanche dans la ville. Le chirurgien Riba Ahmad, d’un hôpital de campagne proche, a fait état de 10 morts et d’une vingtaine de blessés. « J’ai aussi reçu un prisonnier (pro-Kadhafi) et pour être honnête, il présentait des signes de torture (...). Je crains que l’on soit en train de remplacer un Kadhafi par un autre ». La ville, étendue et parsemée de collines, se prête mal à une vaste offensive. De plus, « Bani Walid est pleine d’armes, chaque maison en a. Il y a des tireurs embusqués partout qui nous empêchent » d’avancer, a raconté un combattant, Sami Saadi Abou Roueiss. Sur le front de Syrte, la région natale de Kadhafi à 370 km à l’est de Tripoli, des centaines de combattants avançaient depuis dimanche par l’ouest. Un commandant a déclaré qu’ils étaient désormais à 50 km de la ville mais évoqué aussi « une forte résistance », avec en particulier « un déluge » de roquettes Grad. Par l’est, les combattants pro-CNT étaient encore à une soixantaine de kilomètres de Syrte, et ont subi à l’arrière une contre-offensive des pro-Kadhafi qui a fait 12 morts dans leurs rangs sur un site pétrolier près de Ras Lanouf, conquis fin août, selon un porte-parole des forces anti-Kadhafi.
À Tripoli, une puissante explosion a fait deux blessés dans un grand dépôt d’armes près de l’aéroport.
Parallèlement, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a réaffirmé que l’Alliance poursuivrait ses opérations en Libye tant que les civils seraient menacés par les forces de Kadhafi.
(Source : AFP)