Le Brésilien Sergio Pinheiro présidera cette commission d’enquête. Professeur à la retraite et ancien secrétaire d’État aux Droits de l’homme du gouvernement brésilien, il a déjà travaillé pour le Conseil de l’ONU sur le Burundi et la Birmanie. La Turque Yakin Erturk, qui a déjà été chargée de travailler sur les violences faites aux femmes, et l’Américaine Karen Abou Zeid, précédémment chargée du dossier des réfugiés palestiniens, sont les deux autres experts nommés.
L’Uruguayenne Laura Dupuy Lasserre, qui préside le Conseil, a souligné quant à elle « l’importance de voir les autorités syriennes coopérer pleinement avec la commission ».
Au moins 2 600 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations hostiles au régime, a annoncé pour sa part hier le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay.
À Moscou, la conseillère de M. Assad, Boutheina Chaabane, a avancé un tout autre chiffre, faisant état de quelque 1 400 personnes tués, 700 policiers et militaires et autant de « rebelles ». « Nous avons une liste des victimes avec leur nom et nous pouvons la fournir », a-t-elle ajouté. Ce bilan est le premier annoncé officiellement par les autorités syriennes.
Mme Chaabane a appelé par ailleurs les Occidentaux à suivre l’exemple de la Russie en encourageant le dialogue politique dans le pays au lieu de prôner des sanctions contre le régime. Citant notamment l’exemple de l’Irak et de la Libye, Mme Chaabane a dénoncé l’ingérence occidentale qui entraîne de nombreuses victimes et « encourage l’extrémisme », selon elle.
Peu après, lors d’une rencontre avec le chef du gouvernement britannique David Cameron, le président russe Dmitri Medvedev a déclaré qu’il n’était pas nécessaire d’exercer des « pression supplémentaires » sur Damas, appelant à l’adoption d’une résolution « ferme mais équilibrée » sans sanctions « automatiques ». « Nous ne voyons pas d’avenir pour le président Assad et son régime », a insisté de son côté M. Cameron. La France, qui tente comme le Royaume-Uni d’obtenir une résolution du Conseil de sécurité, a dénoncé de son côté la position russe : « Le blocage d’une prise de position du Conseil de sécurité des Nations unies est un scandale », a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Dans ce contexte, une délégation de sénateurs russes va se rendre prochainement à Damas pour y « rencontrer des représentants des différentes forces politiques », a déclaré le sénateur Ilias Oumakhanov qui mènera cette délégation. « L’objectif de la Russie est d’éviter qu’une éventuelle intervention extérieure n’aboutisse à l’escalade des violences et à de nombreuses victimes », a-t-il ajouté.
Face à la position russe, des militants prodémocratie ont appelé à « une journée de colère » aujourd’hui. « Ne soutenez pas les assassins. Ne tuez pas les Syriens à cause de vos positions » appuyant le régime de Damas, ont écrit les militants à l’attention de Moscou sur leur page Facebook, moteur de la contestation. Ils ont appelé à manifester dans toutes les régions syriennes. « Exprimons notre colère envers la Russie et envers le gouvernement russe. Le régime disparaîtra mais le peuple reste », ont-ils écrit.
Sur le terrain, la répression continue, au moins vingt personnes ayant été tuées hier à travers le pays. Dix-sept personnes ont été tuées par des tirs de militaires et des forces de sécurité syriennes qui ont lancé une opération d’envergure dans les environs de Hama, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon des militants, les forces militaires et de sécurité syriennes cherchaient à Hama le procureur général de la ville, Adnane Bakkour, qui a récemment fait défection en dénonçant les exactions du régime. Les troupes syriennes avaient déjà lancé une opération d’envergure à Hama entre le 31 juillet et le 10 août, faisant plus d’une centaine de morts selon les militants, après des manifestations antirégime ayant rassemblé des centaines de milliers de personnes chaque vendredi de juillet dans cette ville.
Dans le reste du pays, un enfant de 12 ans a été tué lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des funérailles à Douma, près de Damas et à Homs, et un homme et son fils sont morts lors d’opérations sécuritaires, toujours selon l’OSDH.
Dans la soirée, des manifestations ont eu lieu, notamment à Homs, Deraa, Alep et dans plusieurs villes du Houran.
(Sources : agences et rédaction)