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Liban - Justice

Le général Fayez Karam condamné à deux ans de prison pour collaboration avec Israël

Après treize mois passés en prison, l’ancien général de l’armée et cadre du Courant patriotique libre (CPL), Fayez Karam, a été condamné samedi par la Cour militaire à deux ans de prison pour avoir fourni des informations à Israël. Le CPL veut faire appel dès aujourd’hui.

Le député Ibrahim Kanaan et l’avocat de Karam, Rachad Salamé, faisant leur entrée dans la salle du tribunal. Photo Sami Ayad

Durant une audience qui a duré de longues heures, le procureur militaire Fadi Akiki a reconnu Fayez Karam « coupable d’avoir eu des contacts avec les services de renseignements de l’ennemi israélien et de leur avoir fourni des informations politiques », en particulier sur le Hezbollah et le CPL. M. Karam a été également déchu de tous ses droits civiques. Il s’est effondré après la lecture du verdict et a été transporté à l’hôpital. Son état a cependant été qualifié de « stable » par des sources médicales.
Étaient présents durant toute l’audience trois députés du bloc du Changement et de la Réforme, Ibrahim Kanaan, Nabil Nicolas et Naji Gharios.
Sept témoins ont été appelés à la barre lors de la dernière audience du procès, qui s’est tenu au tribunal militaire, présidé par le général Nizar Khalil : deux médecins de l’hôpital Dahr el-Bachek, qui se trouve près de la prison de Roumieh, un gardien de la prison de Roumieh où M. Karam se trouvait depuis son arrestation et quatre éléments des Forces de sécurité intérieure (FSI) qui avaient mené l’enquête sur M. Karam lors de son arrestation. Selon notre chroniqueuse judiciaire Claudette Sarkis, l’un d’eux, le commandant Abdallah, directeur du département technique du service des renseignements des FSI, a parlé de l’enquête qui a permis de retracer les coups de fil « suspects » effectués par l’accusé. Il a également soulevé la question de l’enregistrement des interrogatoires par les enquêteurs des FSI, un point qui fait polémique auprès du CPL, précisant que ces enregistrements sont gardés quinze jours seulement, puis effacés.
La question de la santé de l’accusé, hospitalisé plusieurs fois après son arrestation pour des problèmes de cœur, a pris une grande part du débat. Le lieutenant-colonel Habib Ali Takch, médecin auprès du service des renseignements des FSI, qui supervisait l’état de santé de Fayez Karam, a précisé qu’il avait lui-même donné l’ordre de le sortir de l’hôpital où il suivait un traitement parce que son état le permettait et après concertation avec son médecin soignant.
Toutefois, toujours selon Claudette Sarkis, un autre témoin, le médecin Sohad Kichichian, a répondu par la négative quand on lui a demandé si l’ancien général devait être sorti de l’hôpital. « Son état de santé aurait pu se détériorer et il devait rester sous observation », a-t-il dit. Il a nié connaître l’accusé avant de l’avoir soigné ou avoir souscrit à une demande de le garder à l’hôpital. Un autre témoin, le médecin Ilham Hobeika, a souligné que l’état de santé de l’accusé ne nécessitait peut-être pas l’hospitalisation, mais du fait de la pose d’un stent (petite prothèse métallique en forme de ressort) dans le cœur, le malade devait rester sous observation.
Par ailleurs, l’accusé lui-même a été interrogé sur des lettres qu’il a écrites à sa famille, mais il a assuré les avoir rédigées « sous la dictée des enquêteurs ». À la fin de l’audience, dans un dernier mot, Fayez Karam a une nouvelle fois rejeté toutes les accusations. Il a dit « ne même pas connaître l’identité de ce correspondant israélien avec lequel on m’accuse de collaborer ». Il a dénoncé « des abus perpétrés par les enquêteurs, que j’aurais pu prouver si les enregistrements des interrogatoires avaient été disponibles ».

Critiques du CPL
Fayez Karam avait été arrêté en août 2010. Au cours de sa carrière, il avait été en charge de différents postes. Il a notamment été chef du contre-terrorisme et du bureau d’espionnage. L’officier avait quitté l’institution militaire après le départ en exil du général Michel Aoun. Il était rentré au Liban en 2005, après le retrait des troupes syriennes.
Un autre accusé, Élias Karam, dont le lien de parenté avec le général à la retraite n’a pas été précisé, a été condamné samedi par contumace à dix ans de prison pour avoir introduit Fayez Karam à des officiers israéliens à Paris.
Le général Karam, dont l’arrestation avait choqué l’opinion publique libanaise, est la première personnalité politique à être condamnée dans le cadre de l’enquête qui, depuis 2009, a mené à l’arrestation d’une centaine d’agents présumés de l’État hébreu. Plusieurs d’entre eux ont été condamnés à mort.
Au Liban, la collaboration avec Israël est passible d’une peine de prison à vie assortie de travaux forcés. Si le juge estime que cette collaboration a causé la mort, il peut demander la peine capitale.
Dès le prononcé du verdict, le CPL a critiqué cette condamnation, estimant que les preuves retenues contre l’accusé lui avaient été extorquées dans des conditions qui lui étaient défavorables. Les avocats de l’accusé ont déclaré vouloir faire appel de la décision dès lundi.
Le député Ibrahim Kanaan a déclaré hier à la LBC que le verdict contre le général Fayez Karam est « totalement faux » vu qu’il est basé sur des « fabrications ». « Les FSI ont d’abord affirmé avoir enregistré les étapes de l’enquête avec M. Karam puis ont confirmé plus tard avoir détruit ces enregistrements, pouvons-nous y croire ? » s’est demandé Kanaan. Le député aouniste a fait assumer à la branche des renseignements des FSI la responsabilité de ne pas avoir présenté ces enregistrements avant la tenue du procès.
Le député Nabil Nicolas a affirmé que le verdict était « préparé à l’avance » et que l’affaire était « politisée ». « Le tribunal doit entendre les témoins et les avocats de la défense et doit faire prévaloir la voix de la conscience. Il ne doit pas émettre un verdict fondé sur des raisons politiques », a déclaré M. Nicolas au quotidien an-Nahar. Le député a également affirmé qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour condamner Karam et que les témoignages donnés étaient « confus et contradictoires ».

L’opposition dénonce
Du côté de l’opposition, Ahmad Fatfat, député du bloc du Futur, a déclaré dans une interview publiée dimanche dans le même journal que le verdict du tribunal militaire contre le général Karam « renforce la crédibilité de la branche des renseignements des FSI ». M. Fatfat a également estimé que la peine de prison prononcée à son encontre est « très légère » et qu’elle « encourage les gens à collaborer avec Israël ».
Le député du même bloc, Okab Sakr, a pour sa part affirmé que le verdict révèle un « double scandale ». « D’une part, le verdict prouve que Fayez Karam est coupable malgré les dénégations continues du bloc du Changement et de la Réforme, et de son chef, Michel Aoun, lit-on dans un communiqué publié par le député. D’autre part, cette condamnation démontre une grande incohérence dans le traitement d’une affaire aussi délicate, surtout que les collaborateurs du général Karam ont été condamnés à des peines de prison allant de sept ans à la condamnation à vie », a-t-il ajouté. « La peine de prison a été réduite à trois ans parce que l’ancien officier est membre du CPL, puis à deux ans en signe de loyauté de la part du Hezbollah », a-t-il déploré.
Commentant les protestations des cadres du CPL après le verdict et leur campagne contre le service des renseignemets des FSI, le député Jamal Jarrah, bloc du Futur, a considéré que « l’inculpation de Fayez Karam est un signe de crédibilité pour ce service, même si le verdict est moins sévère qu’on aurait pu le croire ». Il a dénoncé « le comportement des députés du CPL envers les institutions de l’État, qui montre combien leurs allégations de défendre ces mêmes institutions sont mensongères ».
Durant une audience qui a duré de longues heures, le procureur militaire Fadi Akiki a reconnu Fayez Karam « coupable d’avoir eu des contacts avec les services de renseignements de l’ennemi israélien et de leur avoir fourni des informations politiques », en particulier sur le Hezbollah et le CPL. M. Karam a été également déchu de tous ses droits civiques. Il s’est effondré après...

commentaires (13)

C'est un homme magnifique...qui possède des qualités exceptionnelles...nous le connaissons personnellement. Pourquoi est-il devenu un collabo d'israël? Ou plutôt pour QUI? Pour rendre service à QUI? Que lui a-t-on demandé de façon précise? Lisez le journal Al-Balad du 17-11-2007....

Sylvia Laurent

13 h 24, le 05 septembre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • C'est un homme magnifique...qui possède des qualités exceptionnelles...nous le connaissons personnellement. Pourquoi est-il devenu un collabo d'israël? Ou plutôt pour QUI? Pour rendre service à QUI? Que lui a-t-on demandé de façon précise? Lisez le journal Al-Balad du 17-11-2007....

    Sylvia Laurent

    13 h 24, le 05 septembre 2011

  • J'aime bien cette justice moi qui est schizophrène à souhait. En 2006 le Général Daoud invitait les israéliens au thé à Marjeyoun suite aux ordres que lui a donné Monsieur Fatfat (tout est enregistré et a été montré à la télé). Or la justice, à l'époque, n'avait pas jugé utile de juger ces deux personnes. Est-ce parce qu'ils étaient tendance 14 Mars et que Monsieur Fatfat était ministre au gouvernement Saniora? Quant à Monsieur Karam, sans rentrer dans les détails et de discuter de sa culpabilité ou pas, je trouve sa condamnation bizarre.... Alors que le code pénal libanais prévoit des peines allant de "perpet" à la condamnation à mort, le Général Karam est condamné à 2 ans... Je ne comprends pas sur quelle base. Si il avait collaboré, perpet ou guillotine. S'il n'a pas collaboré, il aurait du être relaxé. Mais il n'y a pas de peine de 2 ans de prévu encore moins de peine en l'absence de preuve (de l'aveu même des enquêteurs). C'est pourquoi cette fois aussi encore, la justice militaire (d'exception) de notre pays n'a pas été à la hauteur et s'est laissé politiser. Remarquez, à la hauteur de quoi vu les faits d'armes de la justice dite "normale". Par contre, et comble de l'indécence, est le fait que Monsieur Fatfat monte au créneau pour applaudir. Cela me fait penser à un proverbe bien de chez nous: Tu lui cracherai au visage qu'il te dirai qu'il pleut (suis pas trop sûr en ce qui concerne les temps utilisés ;)

    Daniel LANGE

    12 h 10, le 05 septembre 2011

  • Monsieur Saleh ISSAL il est merveilleux votre commentaire un mega BRAVO pour vous, je suis toujours très heureuse de vous lire, pas un mot à ajouter à votre réaction. Marie Jose Malha.

    Marie José Malha

    08 h 04, le 05 septembre 2011

  • Cet épisode judiciaire n'est qu'un énième indice de la déliquescence de notre Etat et de la jurisprudence Hezbollah. Bien que je considère les tribunaux militaires comme une antiquité stalinienne, et au delà de la présomption d'innoncence, pourquoi Mr Fayez Karam bénificie t-il d'une peine allégée ? La réponse est claire, puisque dans notre pays il y a les intouchables jaunes et oranges qui bénéficient de passe droit et d'une justice à la tête du client, et il y a tous les autres, les citoyens lambdas comme vous et moi qui doivent se conformer aux lois et aux décisions judiciaires. Qu'on nous explique pourquoi Mr Karam a écopé d'une peine de deux ans et pas la perpétuité, pour plus de transparence.

    Chris Doueihy

    06 h 46, le 05 septembre 2011

  • Il faudrait punir tout "Responsable" qui travaille a la solde de n'importe quel pays autre que le Liban et non seulement a la solde d'Israel non ? Mais avant il faudrait construire des prisons car il en faudrait. Il ne faut pas oublier ensuite de construire des prisons pour tout "Responsable" qui travaille pour une "CHAISE" ou pour "son compte bancaire" etc...Les juges (qui sont a la solde de la loi) devront decider eu etc...

    samaha joumana

    05 h 16, le 05 septembre 2011

  • Autre remarque : 1) Pour ceux du 8 mars : si vous considérez que le tribunal militaire est injuste car il a condamné mr Karam à deux ans de prison , alors vous comprenez pourquoi, nous du QUATORZE, avons fait appel à un tribunal international. Pour ceux du 14 mars ( dont moi) : si vous considérez que la sentence est politisée par le Huit mars au pouvoir puisque mr Karam méritait la perpétuité d'après les lois libanaises , alors vous avez eu entièrement raison de choisir le TSL. Conclusion de (1) et (2) : le 8 et le 14 sont d'accord que seul le TSL peut donner une vraie justice non politisée.

    Saleh Issal

    04 h 45, le 05 septembre 2011

  • Le commandant Abdallah, directeur du département technique du service des renseignements des FSI, a parlé de l’enquête qui a permis de retracer les coups de fil « suspects » effectués par l’accusé. Il a également soulevé la question de l’enregistrement des interrogatoires par les enquêteurs des FSI, un point qui fait polémique auprès du CPL, précisant que ces enregistrements sont gardés quinze jours seulement, puis effacés. Quand on enquête on garde les preuves pour le jugement! Quand on enquête on garde les traces des numéros appelés! Quand on enquête on dévoile le soit disant numéro allemand qui a permis de faire les appels! Quand on enquête et qu'on est un bon technicien on sais que les numéros étrangers et nationaux, même en roaming à partir du territoire Libanais ne permettent pas l'accès au code pays de l'entité sioniste! Alors qu'on trouve autre chose et de concret sinon, tout simplement, le Général Fayez Karam est innocent.

    Fadi Yazbeck

    04 h 28, le 05 septembre 2011

  • L’Equité dans Le "Monde Inique", n’est qu’une "Madone" aux yeux bandés vêtue de probité candide ; et force est de constater que cette "Equité ? Immaculée" n’a pas Toujours été à la hauteur de sa redoutable mission du temps du "Régime Sécuritaire". Ce qui permet de suggérer : "Vérité au delà de la Méditerranée ! Mais à présent Vérité Enfin aussi en deçà !" Si l’on examine donc de prés, sous divers angles, les multiples facettes de cette suspicion qu’ont "Certains Malins" à l’égard de Cette Justice Saine, on peut dire que l’un des facteurs les plus susceptibles d’altérer profondément cette Saine Lutte pour l'Equité des Libanais Sains, est cette Vaine Tentative de l’intrusion enflammée de l’opinion "Définitivement Maligne de Certains Moyens" à l’encontre de Cette JUSTICE Saine ! Ce qui signifie que, même si l’on ne répugne jamais à faire part, et parfois avec quelle véhémence !, d’un sentiment personnel au moins lui Sain, il est temps que "Certains Moyens" admettent enfin que la conjugaison de ce grand nombre "d’opinions Malignes" émanant de leur part à l’encontre de Cette Justice Saine, ne produit généralement et inévitablement qu’un argument absolument "Inique", non convaincant et définitivement "Moyen" ! D’ailleurs : "Leur Brouillage engendre l’opinion Maligne !" A quoi on pourra ajouter, C’est surtout "quand l’opinion Moyenne et Maligne se transforme en Espionnage qu’elle devient Calamiteuse !"

    KARAMAOUN Antoine-Serge

    04 h 06, le 05 septembre 2011

  • Si Fayez Karam est innocent de collaboration avec l'ennemi malgre les preuves accablantes et les aveux, alors les 4 suspects de l'assasinat de Harriri sont bien entendu des saints. C'est maintenant que je comprends leur logique! Tant que vous faites partie du 8 Mars, alors TOUT vous est permi, a commencer par la colonisation de terrains qui ne vous appartiennent pas comme dans la banlieue sud, l''aeroport et autres terrains. Si vous faites partie du 14 mars, alors vos droit les plus elementaires vous sont interdit, a commencer par la justice.

    Mohamad Batal

    03 h 50, le 05 septembre 2011

  • Incohérent...ou coupable,et il "devait" être condamné à hauteur des autres,ou innocent,et il "devait" être relaxé.Encore un méli-mélo à la libanaise!Et s'il ne s'agissait de la liberté d'un homme estimable,ce searit franchement ridicule!

    GEDEON Christian

    03 h 45, le 05 septembre 2011

  • Suite. Comme aujourd'hui, d'autres ont l'indécence de nommer les quatre accusés dans l'assassinat de Hariri, des Saints, et comme d'autres ont l'indécence de nommer mR. Fayez Karam, un martyr.... Tout comme certains osent parler de liberté d'opinions et de démocratie tout en applaudissant les massacres et tortures d'enfants en Syrie et les répressions des contestations populaires en Iran .

    Saleh Issal

    01 h 45, le 05 septembre 2011

  • Il n'y a pas si longtemps, Mr. Nasrallah affirmait à qui voulait bien l'entendre que le hezb ne pouvait être percé et noyauté par l'ennemi. Puis, il y a deux mois, le même Mr. Nasrallah nous annonce avec le sourire lors d'un de ses discours où il dit toujours la même chose ( tout autre que moi n'est que misérable humanité) que le parti a été quelque peu noyauté par les SR israéliens. Bien sûr, nous savons qu'il préparait la sortie de la mise en accusation du Tribunal, au cas où..... Aujourd'ui, Mr Aoun et ses seconds couteaux nous affirment que le CPL n'a pas d'espions dans ses rangs, bien que Liais Karam ait écoppé de dix ans pour avoir introduit le réseau israelien au general Fayez Karam, et bien que les FSI aient fait preuve de leur efficacité extraordinaire en la matière. Alors quand vont-ils prendre exemple sur leur allié Hezbollah? Remarquez, que l'on soit à la solde d'Israel ou de l'Iran ou de la Syrie, c'est pareil. Un ennemi est un ennemi. Car on appelle ennemi tout état qui soutient, entreprend, finance, coordonne, organise des opérations de terrorisme ou des assassinats politiques ou des accusations diffamatoires d'espionnage ou d'être à la solde d'autres ennemis, ou fait des pressions économiques comme celles de fermer ses frontières afin de désorganiser l'économie de l'ennemi même si on l'appelle le Liban frère.... Après quarante années d'assassinats politiques au Liban par un pays frère, il y en a encore qui ont l'indécence d'appeler ce pays frère Al Shakika!.

    Saleh Issal

    01 h 26, le 05 septembre 2011

  • Il faut applaudir le courage de la justice militaire pour envissager ce cas. On aimairait de voir evoluée chaque jour une justice avec plus de transparence, pour ne pas laisser place aux doutes sur leur decisitions.

    Gallego Delima Eleazar

    23 h 24, le 04 septembre 2011

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