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Culture - Initiative

L’héritage musical de Zaki Nassif en de bonnes mains

Elles sont très rares, malheureusement, les actions qui visent à sauver notre patrimoine intellectuel ou artistique. La démarche privée, basée sur le volontariat, du « Zaki Nassif Music Program » de l’AUB devrait servir de modèle où un avoir aussi riche que celui de l’artiste est répertorié, classé, protégé intellectuellement. Bref, non seulement sauvé de l’oubli, mais servant aussi de base à l’enseignement de la musique en tous genres.

Zaki Nassif en compagnie des membres du jury de « Studio el-Fann ».

Il faisait danser les notes sur des paroles vibrantes de patriotisme ou frémissantes de poésie. Dans les deux cas, ses chansons inoxydables resteront classées sous le label « terroir libanais authentique ». Compositeur prolixe dans le monde de la chanson orientale, Zaki Nassif s’était érigé également en fin connaisseur de la musique byzantine et syriaque.
Un talent remarquable, acclamé pour son lyrisme, son attachement au folklore, fondateur d’une expression musicale populaire originale et profondément libanaise, disparu en 2004.
« Ses chansons tant aimées sont un mélange délicieux d’Orient et d’Occident. Son style mélodique s’apparente au chant traditionnel arabe et aux chorales occidentales traditionnelles... Il est le père de la chanson arabe moderne. » Telles étaient les paroles de feu Walid Gholmieh et de Paul Meers, lors d’un hommage musical à l’occasion du quarantième de son décès, rendu à l’Assembly Hall de l’AUB.
Car Zaki Nassif n’était pas étranger à l’Université américaine. Loin de là. C’est dans cet établissement qu’il a suivi des études musicales de 1936 à 1941. Sous la férule notamment de la famille Kouguell, « des russes blancs ayant collaboré à la fondation du département de musique de l’AUB, à l’initiative des missions syriaques et des Français », précise Nabil Nassif, neveu de l’artiste et professeur en mathématiques dans cette même université.
« Après son décès en 2004, des professeurs enseignant à l’université, mus par l’amour de son art, « Mouhibbou fann Zaki Nassif fil Jamiaa al-Amirikiyya », ont commencé à explorer les moyens de lui rendre hommage et de garder son art vivant », indique Nassif.
Trouvant que l’AUB était l’institution à même de lui offrir la reconnaissance qu’il mérite, le groupe – avec les encouragements de Khalil Bitar, ancien doyen de la faculté des arts et des sciences (de 1997 à 2009), et de Walid Gholmieh, feu président du Conservatoire national supérieur de musique, dont Zaki Nassif était membre – a lancé un appel pour la création d’un fonds de soutien à un « Zaki Nassif Music Program ».
C’est ainsi qu’est né ce programme, placé sous la tutelle de la faculté des arts et des sciences, et dirigé par un comité académique dont les membres actuels, désignés par le doyen, sont : Maher Jarra, Walid Jureidini, David Kurani, Paul Meers, Nabil Nassif et Ramzi Sabra. Par ailleurs, un comité administratif, chargé de la collecte des fonds et dont la présidente d’honneur est l’ex-Première dame Mona Hraoui, comporte parmi ses adhérents : Nada Saab Abou Chakra, Leila Ahmad Bissat, Hayat Bualuan, Salma Dannaoui Oueida, Hayat Hajj Chalhoub, Maher Jarrar, Wadih Jureidini, Nina Kassatly, Lena Kelekian Sulahian, David Kurani, Sawsan Agha Maktabi, Paul Meers, Dalal Nassif, Nabil Nassif, Nahia Nassif, Ramzi Sabra, Hoda Salameh, Diaa Awar Salha et Milad Sebaaly.

Mission du programme
Directrice du bureau du développement de l’AUB, Salma Oueida indique que l’objectif principal de ce programme est de préserver et promouvoir l’héritage musical de Zaki Nassif. Il cherche également à asseoir une excellence dans l’enseignement de la musique à travers plusieurs activités. « À cet effet, nous organisons des compétitions, des concerts, mais aussi des conférences et des séminaires. Nous invitons également des musiciens professionnels et des académiciens. Récemment, nous avons instauré un concours intitulé “A Choir from Every School”, qui met en compétition diverses chorales issues de plusieurs écoles », et dont l’objectif vise à promouvoir la musique en chorale au Liban selon les souhaits propres de Zaki Nassif exprimés lors d’une interview. Le programme décerne par ailleurs des prix, des scolarités et des « Fellowships » au nom de Zaki Nassif.
Mais le projet le plus important, qui tient le plus à cœur aux membres du comité, est sans doute la création d’un diplôme en musique orientale libanaise et celui, à long terme, de réinstaurer le programme d’études musicales dans le curriculum de l’université. « À commencer par un diplôme de masters et un centre de recherche en musicologie », indique Oueida.
« Nous nous rapprochons du but, ajoute-t-elle en énumérant les réalisations à ce jour. L’un des premiers accomplissements a été réalisé le 10 janvier 2008 avec le transfert de l’ensemble des archives du compositeur à la Jafet Library. La famille a ainsi légué ses avoirs et leur propriété intellectuelle à l’AUB. Cela a pu être réalisé grâce notamment à un effort conjoint entre le programme, la famille de Nassif, le bureau du président de l’AUB, le bureau de développement et la Jafet Library. L’aide de Gisèle Hebbo dans l’archivage du matériel, a été capitale. »
Parmi les projets en cours, Nabil Nassif cite la publication d’un ouvrage intitulé Min Awrak Zaki Nassif, où seraient répertoriés des écrits, des correspondances, des paroles de chansons, des notes...
« Nous poursuivons le catalogage du matériel archivé selon les standards internationaux des bibliothèques pour le transférer, le documenter et le conserver sous format électronique », ajoute le mathématicien. Le programme s’occupe également de la protection intellectuelle des avoirs de Zaki Nassif, désormais inscrits à la Sacem.
Pour son financement, le programme fonctionne un peu comme une association caritative, basée sur le volontariat et les donations. « Il est vrai que nous faisons partie de l’Université américaine de Beyrouth, mais les sources de notre financement viennent de donations, de bourses et de l’argent collecté par les événements que nous organisons », précise Oueida.
Le prochain concert parrainé par le Programme Zaki Nassif pour la musique sera donné par Samar Kammouj à l’Assembly Hall, le 21 octobre. À prévoir également un hommage à Walid Gholmieh le 23 novembre.
Variété, authenticité et attachement aux racines dans une optique pédagogique. Telles semblent être les trois lignes de conduite d’un comité qui rêverait sans doute de « protéger » les œuvres d’autres compositeurs ayant marqué le paysage libanais du sceau de leur génie musical. Mais cela est une autre histoire...
Il faisait danser les notes sur des paroles vibrantes de patriotisme ou frémissantes de poésie. Dans les deux cas, ses chansons inoxydables resteront classées sous le label « terroir libanais authentique ». Compositeur prolixe dans le monde de la chanson orientale, Zaki Nassif s’était érigé également en fin connaisseur de la musique byzantine et syriaque.Un talent remarquable,...

commentaires (2)

Excellent article. Nous devons tous travailler pour la promotion de l'heritage musical de Zaki Nassif.

Basma Chebani

02 h 01, le 01 septembre 2011

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Commentaires (2)

  • Excellent article. Nous devons tous travailler pour la promotion de l'heritage musical de Zaki Nassif.

    Basma Chebani

    02 h 01, le 01 septembre 2011

  • Superbe article qui a savamment dépeint ce Géant enchanteur. Elle a rappelé sa savante osmose des hymnes syriaques et chants byzantins qu’il a savamment adapté au patrimoine culturel du Liban. On l’a donc vu entouré de ceux qui ont su l’apprécier à sa juste valeur : Roméo Lahoud, Georgette Gebara, Elia Abou-Chedid, Stavro Jabra, Walid Gholmieh, Maguy Farah, Henri Zgheib, Majida al-Roumi, et d’autres. Merci Mme Maya GHANDOUR HERT pour tous les renseignements et précisions des projets en cours. .

    Samir EL KHOURY

    08 h 30, le 31 août 2011

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