Des conteneurs de fruits et de légumes à l’aéroport de Zurich. La marchandise reste sur le tarmac jusqu’à ce qu’un agent de handling vienne s’en occuper.
Un homme moustachu arrive à bord d’un chariot tracteur. Il charge quelques conteneurs, vérifie les documents et se dirige vers les halles de l’aéroport, tout en sifflotant. Là, il tend les documents à l’un des transitaires et retourne sur le tarmac pour s’occuper du reste de la marchandise.
Aux douanes des aéroports, le contrôle des denrées alimentaires – et de toute autre marchandise – se limite essentiellement à l’aspect formel. L’inspection des restaurants, des commerces et de toute entreprise relevant du secteur alimentaire (sociétés industrielles, abattoirs, fermes...) relève de la compétence des laboratoires cantonaux. Il en est de même pour les analyses menées sur les additifs, les composants ou les substances étrangères (résidus, impuretés...) présents dans les denrées alimentaires, comme sur les objets usuels, c’est-à-dire la vaisselle, les appareils, les matériaux d’emballage, etc. « Nous sommes munis d’un programme informatique spécial, qui englobe les déclarations des marchandises, le hall dans lequel elles se trouvent, les codes des transitaires, ainsi que les références des entreprises vers lesquelles elles sont destinées, celles des importateurs et des pays d’où ils importent, explique Karl Fässler, chef de la subdivision fret aérien à l’Inspectorat des douanes de l’aéroport de Zurich. De plus, chaque lot de marchandise porte un numéro de tarif et des indications sur son poids, sa valeur et les résultats de sélection. »
En général, 90 % de la marchandise qui passe par les douanes de l’aéroport de Zurich est libérée dans les heures qui suivent. Seuls 10 % sont bloqués, « essentiellement pour des raisons formelles », précise pour sa part un jeune contrôleur. « Il existe toute une série de règles qui nous poussent à bloquer une marchandise, comme les fausses preuves d’origine qu’on présente pour éviter de payer des taxes élevées, constate-t-il. Celles-ci ne sont nécessairement pas falsifiées, mais elles ne correspondent pas aux critères que nous posons. »
Facteur humain
Chaque équipe de contrôleurs « fait sa propre sélection » concernant les marchandises à vérifier. Pour ce faire, elle se base sur les analyses de risques que lui « transmet l’administration » ou « les laboratoires cantonaux, quand il s’agit de denrées alimentaires ». « Lorsqu’une marchandise est bloquée, le contrôleur a une demi-heure pour décider s’il veut ou non la vérifier, poursuit le jeune homme. Au-delà de cette période, la marchandise est de facto libérée. La décision n’est pas facile à prendre, vu la quantité de travail. Notre décision est basée sur les facteurs de risques, les informations que nous recevons sur la marchandise, les sollicitations de l’administration ou encore la demande d’offices externes qui exigent des échantillons. Près de 1 % de la marchandise bloquée est examinée, bien que nous souhaiterions vérifier l’ensemble de ces envois arrêtés. Mais ce qui est intéressant, c’est que nous pouvons a posteriori refaire un contrôle des dossiers avec un effet rétroactif sur une période de cinq ans. »
« Près de 12 à 15 % des aliments importés nécessitent un contrôle supplémentaire, fait remarquer à son tour Karl Fässler. Ici, nous n’effectuons pas des analyses, c’est de la compétence des chimistes cantonaux. Toutefois, nous les alertons au sujet des marchandises en provenance de pays suspects et nous leur envoyons des échantillons. Parfois, à leur demande, nous prélevons des spécimens de certains produits spécifiques, comme les arachides. Récemment, ils nous ont demandé des échantillons de 100 g pour chaque envoi de plus de 50 kilos. Néanmoins, nous ne gardons pas la marchandise. Nous la libérons et informons les chimistes cantonaux de la destination. »
Et Karl Fässler de préciser : « Aux douanes, par contre, nous contrôlons la chaîne de froid. Récemment, nous avons détruit près de 300 kilos de viande parce que la température ne répondait pas aux normes. Malheureusement, nous ne pouvons pas retracer toute la chaîne à partir du pays d’origine. Nous faisons confiance aux labels, comme l’ISO ou autres, qui sont une garantie de la sûreté des aliments. En cas d’alertes internationales, des mesures plus strictes sont prises. Lors de la crise de Fukushima, par exemple, toute la marchandise en provenance du Japon était systématiquement arrêtée. Notre système de contrôle est efficace à plus de 90 %, mais il est clair que nous ne pouvons pas tout contrôler. »