Au laboratoire cantonal de Neuchâtel.
Q. Sur quelles bases se font les inspections alimentaires ?
R. La majeure partie des inspections se fait sur la base d’une analyse de risque des différents établissements. Ceux-ci sont classés sur une échelle de risques qui comprend les volumes vendus, les aliments et la population cliente, qui diffère d’un établissement à un autre (magasin, hôpital, restaurant...). En nous basant sur cette échelle, nous déterminons la fréquence d’inspection. En moyenne, une entreprise en ordre est visitée une fois tous les dix-huit mois. Dans le cas contraire, nous ordonnons des mesures à suivre. Du coup, les contrôles seront faits lors d’une échéance plus brève, dans les deux à six mois qui suivront, en fonction des délais que nous accordons aux entreprises concernées. Ces mesures peuvent ne pas paraître suffisantes, mais la fréquence d’inspection en Suisse est élevée en comparaison avec d’autres pays, comme la France où des mesures strictes sont prises en cas d’alerte.
À quels niveaux intervenez-vous ?
Nous intervenons sur toute la chaîne, mais ce sont les douanes qui sont les premiers responsables des produits importés. D’ailleurs, nous collaborons beaucoup ensemble. En ce qui nous concerne, nous suivons deux modes de fonctionnement pour les visites d’inspection : les campagnes et les inspections ordinaires. Les campagnes sont coordonnées dans toute la Suisse romande, dans le cadre d’un accord intercantonal. Nous nous réunissons deux fois par an et nous fixons les produits sur lesquels nous allons mener des campagnes. Dans le cadre de ces opérations, tous les services en Suisse romande prélèvent le même type de produits dans des commerces préalablement établis et les échantillons sont analysés dans un même laboratoire. En ce qui concerne les inspections ordinaires, elles sont effectuées en fonction du rythme lié au risque, comme les commerces spécialisés dans certains produits. Si le résultat de l’inspection montre que tout est en ordre, celle-ci sera gratuite. Dans le cas contraire, elle est facturée. De plus, en cas d’infractions, nous sanctionnons les propriétaires des entreprises d’une amende.
Les résultats des inspections sont-ils rendus publics?
Pour l’instant, ils ne le sont pas. La loi est toutefois en train d’être révisée et il se peut que les établissements puissent avoir la possibilité d’afficher les résultats des analyses d’inspection. Mais à l’heure actuelle, le rapport d’inspection reste confidentiel entre le responsable de l’établissement et nous.
Il va sans dire que nous avons des clients qui sont plus pénibles que d’autres et chez lesquels nous trouvons toujours des problèmes d’une façon récurrente. Dans ces cas, le fait de rendre publics les rapports d’inspection peut éventuellement aboutir à une amélioration qu’il nous est difficile d’obtenir, même en imposant des amendes.
En cas de crise internationale, prenez-vous des mesures spéciales ?
Après la crise de Fukushima, les produits provenant du Japon ont été soumis à des contrôles plus stricts, conformément aux mesures prises en ce sens par l’Office fédéral de la santé publique.
En cas d’alerte européenne, nous agissons en fonction des notifications que nous recevons pour retirer un produit qui aurait pu être introduit dans le pays ou, le cas échéant, pour limiter les risques.
Prenez-vous des mesures spécifiques pour des produits en provenance de pays à risques ?
Récemment, il y a eu des ordonnances sur la gomme de Guar en provenance d’Inde, suite à des cas de contamination par des produits chlorés. La marchandise avait été détruite. Dans le cadre des campagnes que nous menons, nous pouvons cibler des produits en fonction de l’origine des pays, comme c’était le cas il y a quelques mois des baies de Goji en provenance de Chine. Elles contenaient des pesticides et le lot a également été détruit.
Pensez-vous que des mesures supplémentaires doivent être prises pour un meilleur contrôle ?
Un de nos gros soucis est l’hygiène dans les établissements publics et la production primaire au niveau des abattoirs, des usines de fromages, etc. Les problèmes dans ces endroits restent les installations vétustes, l’organisation de travail inadéquate et les problèmes d’hygiène.
Au niveau de l’importation, nous avons un problème de coordination entre les douanes et les autorités d’exécution, parce que les responsabilités ne sont peut-être pas suffisamment bien déterminées. Le contact avec les douanes peut être renforcé. Il se fait en fonction des contacts personnels.