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Israël/Liban : le contentieux maritime - Liban - Énergie

Le Parlement approuve enfin la loi sur le forage du pétrole et du gaz offshore

Pour la première fois de son histoire, le Liban s'est doté hier d'une loi qui devra lui permettre
de profiter de ses ressources d'hydrocarbures au large du littoral, dont l'existence a été confirmée
par le biais de plusieurs études sismiques en 2D et 3D au cours des dernières années.
Plus de trois décennies après les premières analyses sismiques ayant permis d'identifier, dans les années 70, des traces d'hydrocarbures aussi bien dans le sol libanais qu'au large du littoral, et faisant suite aux études bidimensionnelles (2D) et tridimensionnelles (3D) « prometteuses » menées par des sociétés étrangères entre 2006 et 2007, le Liban s'est enfin doté hier d'une loi sur l'énergie qui lui permettra l'exploration offshore de ses réserves de gaz naturel et de pétrole.
La loi en question organise le processus d'évaluation, d'exploration et de production d'énergie, et prévoit la mise en place d'une entité contrôlée par le ministère de l'Énergie au sein de laquelle un fonds souverain serait créé pour investir les revenus potentiels.
Ce texte, qui avait suscité une vive polémique au cours des derniers mois - notamment au sujet de l'autorité qui serait chargée de la supervision du secteur -, a fait hier l'objet d'un vote à l'unanimité, après que la classe politique eut pris « conscience » de l'ampleur de l'affaire qui revêt un double volet territorial et économique.
En effet, la découverte de plusieurs gisements en Israël, dont certains sont soupçonnés d'être localisés dans les eaux territoriales libanaises, semble avoir poussé les parlementaires à agir rapidement de crainte que l'État hébreu n'empiète sur les réserves libanaises.
Rappelons à cet égard qu'en juin dernier, un consortium américano-israélien avait annoncé la découverte du gisement Léviathan, dont les réserves ont été estimées à quelque 450 milliards de mètres cubes. Cette découverte avait emboîté le pas à celle, 18 mois plus tôt, d'un champ gazier à Haïfa, dont la capacité devrait permettre de réduire de 20 % les dépenses d'Israël en matière d'énergie.

Le Liban aurait des droits dans le champ gazier de Haïfa
La localisation de ce gisement, situé à 90 km au large de Haïfa, avait soulevé à l'époque des interrogations à Beyrouth quant à son éventuelle appartenance aux eaux territoriales libanaises. De nombreux experts avaient en effet affirmé l'existence de ce champ en dehors de l'espace territorial israélien, se basant sur l'article 3 de la convention des Nations unies sur le droit de la mer, selon lequel la largeur des eaux territoriales d'un État ne peut dépasser 12 miles, ce qui équivaut à moins de 20 kilomètres. Un avis qui n'avait toutefois pas fait l'unanimité, certains experts estimant que le champ pourrait être situé dans la zone économique exclusive (ZEE) de l'État hébreu. En effet, selon l'article 57 de la convention internationale relative au droit maritime, la ZEE est définie comme étant l'espace maritime d'un État côtier qui s'étend jusqu'à 200 miles (370,4 km) des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de ses eaux territoriales. Dans cette zone, l'État côtier dispose de tous les droits souverains aux fins d'exploration et d'exploitation des ressources naturelles. Pour ces experts, ce champ se situerait ainsi dans la ZEE israélienne ou libanaise ou encore à la limite entre ces deux zones. Cette question reste toutefois difficile à trancher tant que le Liban n'a toujours pas délimité ses frontières maritimes - une démarche aussi importante que le vote de la loi hier au Parlement...

Un enjeu économique de taille
Au-delà de ces questions de souveraineté territoriale - certes importantes -, le Liban devrait, par ailleurs, largement profiter, sur le plan économique, de l'approbation de la loi sur les opérations de forage.
Selon plusieurs études, dont celle réalisée par la compagnie norvégienne Petroleum Geo Services (PGS), le Liban disposerait en effet d'importantes réserves de gaz et de pétrole, situées du nord au sud du littoral, qui couvriraient ses besoins énergétiques pour au moins un quart de siècle.
Certains experts avaient même récemment estimé entre 25 et 80 trillions de pieds cubes les réserves gazières du Liban (ce qui représente en valeur entre 300 et 960 milliards de dollars) et à 1,5 milliard de barils les réserves pétrolières du pays.
Des chiffres qui en disent long et qui devraient, s'ils s'avèrent exacts, permettre au Liban de passer de la situation d'un pays largement endetté à un pays excédentaire.
Loin de ces scénarios fantasmatiques, le vote de la loi, hier, constitue un petit pas sur la voie d'un long chemin encore à parcourir. Pour tirer profit de ces ressources pétrolières et gazières, le Liban doit encore délimiter ses frontières maritimes, transmettre les données aux investisseurs potentiels, sélectionner des offres et lancer les travaux... alors que le forage a déjà commencé côté israélien.
Plus de trois décennies après les premières analyses sismiques ayant permis d'identifier, dans les années 70, des traces d'hydrocarbures aussi bien dans le sol libanais qu'au large du littoral, et faisant suite aux études bidimensionnelles (2D) et tridimensionnelles (3D) « prometteuses » menées par des sociétés étrangères entre 2006 et 2007, le Liban s'est enfin doté hier d'une loi...