Voilà Walid Joumblatt rentré de lui-même au bercail de la démocratie ! Le digne fils de son illustre père n’a évidemment pas pu supporter les exactions sanglantes commises par le régime syrien contre son peuple. Ceux qui avaient parié, et ils sont nombreux, sur ce énième revirement ont eu raison de dire qu’il a plié pour mieux se redresser et, du coup, redresser les torts infligés à ses frères syriens, qui tombent sous les balles des séides baassistes des Assad et de leurs cousins.
Il faut arrêter les massacres, punir les assassins, a-t-il dit, et libérer les prisonniers politiques, ces dizaines de milliers qui ont paradoxalement eu la chance, eux, d’avoir échappé – mais jusqu’à quand ? – aux escadrons de la mort chargés de réinstaurer cette chape de plomb qui a laminé des générations entières de Syriens pendant près d’un demi-siècle.
Voilà enfin le véritable seigneur de Moukhtara, tel qu’en lui-même, qui dynamite la théorie de la moumana3a (front de refus), cette fameuse formule de perlimpinpin au nom de laquelle des guerres sans issues ont été menées, des peuples asservis, des esprits libres emprisonnés, torturés ou tués par milliers.
Au nom de laquelle, cette sinistre moumana3a, sont tombés nos fils, nos collègues, nos amis et nos frères, Gebran Tuéni, Samir Kassir, Pierre Gemayel, Antoine Ghanem et les autres, assassinés au coin des rues. Et cela pour avoir eu le courage de la dénoncer, haut et fort, comme étant ce pernicieux outil inventé par des esprits obscurantistes pour protéger et consolider les trônes des dictateurs qui, de père en fils, entretenaient une oppression et une répression tyranniques, seules sources de leurs richesses ostentatoires et de leur fausse légitimité, aujourd’hui enfin perdue.
Certains au Liban s’entêtent ! Tel cet ex-général qui, dans sa quête effrénée du pouvoir, nous resservait, pas plus tard qu’hier, en réponse à son nouvel ex-allié, le même plat abject et refroidi de cette moumana3a mortelle en l’assimilant encore à l’avenir du Liban. Est-il aveuglé à ce point par ses rancunes politiques ou entièrement sous le charme et le charisme de ses alliés aux couleurs d’une Perse championne des libertés entretenues par les bassidjis, ces gentils organisateurs spécialisés dans la surveillance des opposants ?
Est-ce ainsi qu’il voit l’avenir du Liban ? Se rend-il compte, ce petit génie de la politique, que ceux qui professent toujours la moumana3a sur les bords du Barada n’ont pas tiré un seul coup de feu depuis cinquante ans pour tenter de libérer le Golan occupé ? Ne comprend-il pas qu’ils se servent de lui; qu’en réalité, il les aide à transformer les Libanais en chair à canon à leur seul profit et à celui de leurs alliés régionaux ?
Parlons-en de ces alliés et de leur affidés locaux qui, depuis la victoire divine de 2006, ont tourné leurs armes vers l’intérieur faisant ainsi voler en éclats la noble résistance des plus nobles parmi nous ? Était-elle noble – quelle que soit la provocation, si provocation il y a – cette résistance, en 2008, lors de la razzia sanglante à Beyrouth et dans le Chouf ? Était-elle noble à Bourj Abou Haïdar et dans ce coin du Liban-Sud, à Soujod, où a été abattu le capitaine Samer Hanna, chargé par son commandement d’une reconnaissance héliportée au-dessus d’une parcelle de territoire sous souveraineté libanaise ?
Est-elle toujours aussi noble aujourd’hui, à Lassa (mais à quel jeu donc se livre Bkerké ?), aux alentours de l’aéroport et sur les autres lieux du territoire où il fait bon squatter les biens d’autrui et menacer nos confrères journalistes ? N’est-ce pas la devise du Hezbollah, pourtant, de résister à toute occupation, notamment celle imposée par ses protégés ?
Voit-on là les dernières dérives avant que la justice internationale ne fasse son œuvre et nous révèle enfin cette vérité tant attendue sur les tueurs de l’ombre qui nous ont sauvagement pris les nôtres ? Aux Libanais et aux juristes de faire la part des choses dans cette marche contre la barbarie surannée qu’est l’assassinat politique qui a emporté les meilleurs et les plus nobles d’entre tous...
Inutile, pour finir, de parler des sous-fifres et des seconds couteaux qui, au gouvernement et ailleurs, continuent de prendre à l’aveuglette le dernier train en marche ; leurs œillères d’asservis les empêchent de voir que le bon train a enfin changé de chemin !
À Dieu vat !
P.S. : Les Cassandre nous prédisent pour bientôt une guerre confessionnelle sunnite-chiite au Liban. Je les renvoie à la promesse de sayyed Hassan Nasrallah qui a écarté catégoriquement cette possibilité.Je le crois volontiers parce qu’il nous a habitués à tenir parole. Sauf si, à Dieu ne plaise, les pompiers pyromanes d’antan venant d’outre-frontières, qui sont acculés maintenant à des guerres de diversion, ne prennent le sayyed et tous les Libanais comme otages de leur conflit intérieur et provoquent chez nous cette détestable « fitna » refusée par tous. Au sayyed donc de « convaincre » ses alliés dans la difficulté, de ses choix pacifiques.
A.C.
commentaires (18)
J'adore les psychanalyses que se livrent nos chers journalistes sur la personne du bey, à chaque revirement de situation de ce dernier...
KHOURY Abdo
16 h 06, le 26 juillet 2011