Notre-Dame de Harissa reste une des destinations de prédilection pour les touristes.
Dans le hall du Musée national de Beyrouth, Micheline, venue de Bruxelles, entre pour la première fois. Si cette universitaire profite d’un séminaire d’été pour rester une semaine dans la capitale, elle conservait ce voyage dans ses projets depuis longtemps déjà. « Le Liban, on en entend parler depuis les cours d’histoire... », se rappelle-t-elle. Cependant, ses premières impressions de la ville sont contrastées.
« Je m’attendais à une cité très orientale, mais peut-être que je trouverai cette atmosphère dans de plus petites villes. À Beyrouth, je n’ai pas trouvé de petits quartiers comme ailleurs, ce qui rend la ville impersonnelle... » Elle avoue également avoir beaucoup de mal à trouver des renseignements et souligne l’absence d’office du tourisme, et un centre historique très difficile à repérer.
À une vingtaine de kilomètres plus au nord, sur la colline de Harissa, un groupe de touristes internationaux admire la baie de Jounieh (appelée baie de Ghazir par Ernest Renan), tandis que la guide commente l’histoire du site et le symbole du cèdre qui les couvre de son ombre. Ils s’appellent Lionel, Mike, Reda ou Bret et sont étudiants à l’Université américaine de Beyrouth. Originaires de Paris, de Suisse, du Luxembourg ou des États-Unis, ils sont frappés par la culture du Liban : « Le rythme de vie est totalement différent du nôtre. Ici, les gens sont pressés », font-ils remarquer.
Le père Claude, de Créteil, mesure avant tout le poids historique du pays : « Le Liban, c’est avant tout une histoire, une terre qui voudrait être une terre de réconciliation et qui est toujours une terre de division. » Comme beaucoup d’autres, il distingue la particularité de la conduite libanaise sur les routes : « Ici, on double à droite, la conduite est assez exceptionnelle, mais avec un côté bon enfant. »
Au chapitre des difficultés, il insiste sur la faiblesse des indications touristiques. Mais ce qui le frappe le plus, c’est ce contraste entre les constructions entreprises et l’état d’abandon dans lequel beaucoup d’autres sont laissées : « Toutes ces constructions nouvelles, puis tout le reste laissé à l’abandon, comme si on ouvrait un espoir de développement sans les moyens de l’achever. »
Assis à l’ombre sous un arbre, un groupe arrivé de Jordanie est venu effectuer un pèlerinage à Notre-Dame du Liban. « C’est un très beau pays, on se sent chez soi ici », confient-ils, sans manquer de vanter les mérites de la cuisine locale. Un peu plus loin, une employée d’une boutique rappelle que l’arrivée de touristes iraniens, d’habitude importante, est cette année particulièrement freinée par les événements de Syrie.
Attablé au soleil à la terrasse de l’ATCL, à Kaslik, Christophe lit tranquillement L’Orient-Le Jour. Arrivé quelques heures plus tôt, ce Français venu rendre visite à des amis n’était pas revenu au Liban depuis 1993. « Le contact avec la population reste le même, pour ça le Liban ne changera jamais, mais le paysage urbain a considérablement évolué et la reconstruction a beaucoup avancé, notamment dans le centre-ville », affirme cet avocat parisien.
Et d’ajouter : « On me dit que la situation financière est bonne et, au vu des constructions, l’activité économique semble satisfaisante, mais j’imagine qu’ici comme ailleurs il y a des situations très contrastées. »
Dans les allées climatisées du centre commercial ABC, les touristes se pressent devant les vitrines, quittant pour un moment la chaleur de la ville pour profiter des soldes d’été. Beaucoup d’entre eux arrivent de Jordanie, d’Iran ou des pays du Golfe et sont venus profiter du dynamisme de la mode libanaise, très influente dans la région.
Familles ou individuels, Européens ou Asiatiques, la plupart des visiteurs ont choisi le Liban de manière réfléchie, les manifestations en Syrie et la révolution arabe n’influençant que très peu les projets des visiteurs. Parallèlement, ceux-ci ne s’inquiètent ni de la sécurité ni des évolutions politiques qui rythment l’actualité depuis plusieurs semaines. « Lorsqu’on vit les choses de l’intérieur, on se dit que tout est normal et on a tendance à moins s’inquiéter que depuis l’étranger », souligne Esther, une adolescente franco-libanaise venue passer le mois de juillet au Liban.
De Jbeil à Hamra, en passant par le quartier de Gemmayzé, beaucoup remarquent l’influence occidentale et la régression spectaculaire du français face à l’anglais, notamment dans les petites boutiques.
Au-delà de ces évolutions, il est toutefois des charmes qui semblent immuables. Le sens de l’hospitalité libanaise, le climat et les paysages, eux, continuent de charmer des visiteurs du monde entier et de nourrir l’économie d’un pays en constante reconstruction.
Le tourisme est essentiel de l'économie du Liban mais paradoxalement nous avons l'impression que les sites touristiques ne sont pas bien mis en valeur et parfois délaissés . C'est très dommage que certains sites manquent d'annotations pour donner des explications sur les éléments que l'on regarde, sur leur histoire (Anjar, Tyr, Tripoli...), le visiteur ne peut comprendre ce qu'il visite à moins qu'il ait avec lui un guide touristique (et de bon guides touristiques sur le Liban il n'y en a pas beaucoup à l'étranger !!!). Il n'y a qu'à Baalback que l'on trouve de bonnes explications, il ne faut pas s'étonner de ça, ce ne sont pas des libanais qui les ont préparé mais des allemands ! Alors je me demande si c'est vraiment tellement difficile de faire ce travail pourtant très important, il peut même être confié à des étudiants libanais, je pourrai le faire si on me le demande ! D'autre part, je suis aussi d'accords sur l'absence d'offices de tourisme, mon premier réflexe quand je visite une ville en Europe c'est de passer par l'office de tourisme pour au moins récupérer un plan. Il me semble que l'usage des plans au Liban n'est pas à la mode toutefois il peut être simplement très utile pour quelqu'un qui vient visiter le pays sans connaitre des libanais.
09 h 41, le 13 juillet 2011