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Les manifestants syriens disent non à un dialogue "de pure forme" avec le régime

Le CICR a pu pénétrer à Deraa et Idlib, villes durement touchées par la répression.

Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes syriennes dans la nuit de mardi à mercredi. Cette photo, tirée d'une vidéo Youtube, montrerait des hommes manifestant à Zabadani, près de Damas.

En Syrie, les autorités tentent toujours de soumettre la ville de Hama (nord), traditionnellement rebelle. Les chars sont postés aux entrées de la ville, à l'exception de l'entrée nord, et les forces de sécurité et l'Armée populaire (qui relève du ministère de l'Intérieur) procèdent à des opérations à l'intérieur de la ville, selon des militants. Selon des militants, l'électricité aurait en outre été coupée dans plusieurs quartiers de la ville. « Au moins 22 personnes ont été tuées mardi à Hama et plus de 80 ont été blessées, certaines grièvement », a indiqué le chef de l'Organisation nationale des droits de l'Homme Ammar Qorabi. « Des habitants de Hama ont fui en grand nombre vers une ville proche al-Salamya et vers la capitale Damas », a-t-il ajouté en évoquant une « dégradation de la situation sécuritaire » avec « la poursuite des opérations de perquisitions, des assassinats et des arrestations dans cette cité ».  Lundi, trois personnes, dont un enfant, avaient déjà été tuées à Hama qui a vu plus d'un demi-million de personnes descendre dans les rues vendredi pour dénoncer le régime de Bachar el-Assad.

Parallèlement, une manifestation de 1 500 personnes a eu lieu à Homs, dans le quartier Qasir, d’après la page Facebook Sham News Network, mais l’armée serait rapidement intervenue pour réprimer les manifestants. Dans la nuit de mardi à mercredi, des manifestations avaient déjà eu lieu dans plusieurs villes du pays d’après la page facebook Sham News Network, notamment à Damas, dans le quartier de Barza el-Balad et à Qatana, Zamalka et Zabadani, villes proches de la capitale. Des rassemblements auraient également eu lieu dans le nord du pays à Qamichli, Saraqeb, Latakieh, Homs et à Kanar et Kafranboudi près de Hama. D’autres manifestations auraient eu lieu à l’est à Abou Kamal et au sud à Deraa.

Les autorités syriennes, qui prétendent faire face à des « groupes armés semant le chaos dans le pays », ont envoyé les troupes dans un grand nombre de villes. L’armée aurait pénétré mercredi à Jabal el-Zaouia dans la province d’Idlib (nord-ouest). Les forces de l’ordre auraient également procédé à des arrestations massives dans la région, notamment à Kansafra et Kafar Noubol, d’après la page facebook Sham News Network. A Kafar Oueid, dans la même région, des tirs intenses de mitrailleuses auraient même été entendus.

Ce qui n'a pas empêché un organisme pour le dialogue national, mis en place par le régime, d'appeler des opposants et des intellectuels à des consultations le 10 juillet, pour débattre notamment d'amendements prévus de la Constitution et examiner un projet de loi sur le multipartisme. Mais les Comités de Coordination locale, qui chapeautent les manifestants, y ont opposé une fin de non recevoir et ont rejeté ce qu’ils considèrent comme un dialogue de « pure forme » avec le régime. « Cela ne constitue en aucun cas un dialogue national. Le régime est tombé sur le plan politique et moral, et miser sur lui ne fera que prolonger la violence qu'il pratique envers les citoyens civils », ont estimé les Comités dans un communiqué. « Par cette mesure de pure forme, le régime veut calmer les forces internationales et non pas répondre aux demandes du peuple syrien. Le régime continue d'encercler les villes, et de les pilonner avec ses chars, d'assassiner les manifestants, d'arrêter arbitrairement les gens, de les torturer parfois jusqu'à la mort », ajoute le texte. Les militants à la page Facebook The Syrian Revolution 2011 ont appelé à des manifestations le vendredi 8 juillet qu'ils ont baptisé le vendredi du « non au dialogue ».

Par ailleurs, le Comité international de la Croix-Rouge a pu pénétrer dans les villes syriennes de Deraa et d'Idlib, régions les plus touchées par la violence depuis le soulèvement populaire contre le régime du président Hafez el-Assad, a indiqué mercredi à l'AFP un porte-parole. « La semaine dernière, nous avons pu aller à Deraa, dans le sud, et à Idlib, dans le nord », a déclaré Hicham Hassan, du CICR. Il a précisé que le personnel de l'organisation humanitaire qui a pour objectif de faire une « évaluation rapide des besoins (...) pour pouvoir le plus tôt possible apporter une assistance » aux populations s'était rendu le 28 juillet à Deraa, et le 28 et 29 juillet à Idlib. M. Hassam a précisé qu'une fois que la mission d'évaluation aurait transmis ses conclusions, le CICR pourrait faire parvenir de l'aide en Syrie.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a, de son côté, dénoncé mercredi la répression par le régime des manifestations pro-démocratiques. « Les forces de sécurité syriennes, responsables d'une répression sanglante dans la ville de Tel Kelakh en mai, doivent être poursuivies pour crimes contre l'humanité » a estimé l’organisation. Elle « considère que les crimes commis (...) s'apparentent à des crimes contre l'humanité car ils s'inscrivent visiblement dans le cadre d'une attaque systématique et de grande ampleur contre la population civile ». Amnesty International relate une « opération sécuritaire dévastatrice » au cours de laquelle de nombreux hommes ont été arbitrairement arrêtés et torturés, y compris des personnes déjà blessées, en répression aux manifestations contre le président Bachar al-Assad. « La plupart des crimes décrits dans ce rapport tombent sous le coup de la juridiction de la Cour pénale internationale. Mais le Conseil de sécurité de l'Onu doit au préalable soumettre la situation en Syrie au procureur de la cour », souligne également le rapport de l’organisation.

 


En Syrie, les autorités tentent toujours de soumettre la ville de Hama (nord), traditionnellement rebelle. Les chars sont postés aux entrées de la ville, à l'exception de l'entrée nord, et les forces de sécurité et l'Armée populaire (qui relève du ministère de l'Intérieur) procèdent à des opérations à l'intérieur de la ville, selon des militants. Selon des militants,...