Selon le quotidien syrien d’hier, proche du pouvoir, « les divisions de l’armée poursuivaient leurs opérations dans la province de Jisr el-Choughour, pourchassant les groupes armés qui ont commis des crimes horribles » dans cette région du nord-ouest du pays. « L’armée maîtrise le village de Khirbet el-Joz » investi jeudi et situé à moins d’un kilomètre de la frontière turque, ajoute le journal. Selon al-Watan : « Khirbet el-Joz sert actuellement de passage aux groupes armés en provenance et vers l’intérieur de la frontière turque. L’armée est en train de débarrasser ce village des hommes armés, de sécuriser les routes et d’assurer la sécurité des villageois. »
Par ailleurs, le ratissage militaire lancé aux confins du gouvernorat d’Idleb, mais aussi dans certaines localités proches de la frontière irakienne, s’est étendu samedi à al-Najia, à une douzaine de kilomètres de Jisr el-Choughour. Ce déploiement de l’armée vise à mater la contestation contre le régime et à empêcher les habitants de fuir la répression meurtrière vers la Turquie voisine, affirment des réfugiés. Le chef du Croissant-Rouge syrien, Abdel Rahmane Attar, s’est d’ailleurs porté garant de la sécurité des réfugiés en Turquie s’ils décident de retourner en Syrie, a rapporté l’agence de presse turque Anatolie.
Sur un autre plan, le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, a appelé samedi les pays arabes à « agir » pour tenter de mettre fin à la violence en Syrie, après un entretien au Caire avec le secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa. « Amnesty International a appelé à porter la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale. Nous avons des informations sur la politique du “tirer pour tuer” des forces de sécurité contre les manifestants – dont la vaste majorité est pacifique – ainsi que sur des détentions arbitraires généralisées et des tortures, y compris d’enfants », a-t-il ajouté. La semaine dernière, Amr Moussa s’est borné à faire part de « l’inquiétude du monde arabe » face à la crise en Syrie, en tenant à préciser que ses propos n’étaient pas une ingérence dans les affaires syriennes.
Par ailleurs, l’Iran a réaffirmé hier ne pas intervenir dans les affaires de la Syrie et a accusé l’Union européenne de mener une campagne de dénigrement « infondée » à son égard. Vendredi, les sanctions européennes contre le régime syrien avaient été élargies, visant trois dirigeants des gardiens de la révolution (pasdaran), l’armée d’élite de la République islamique d’Iran, accusés d’aider à la répression. Ils sont visés par un gel de leurs avoirs en Europe et une interdiction de visa. Téhéran a également reproché aux médias étrangers d’exagérer les événements en Syrie, accusant Israël et Washington, les deux bêtes noires du régime iranien, d’être derrière ces soulèvements en Syrie.
Dans ce contexte, des opposants syriens indépendants ont annoncé qu’ils allaient tenir une réunion aujourd’hui dans un hôtel à Damas. C’est la première fois depuis le début de la révolte que des protestataires se réunissent ainsi au grand jour, a noté l’avocat des droits de l’homme Anouar Bounni. Ce rassemblement, qui réunira durant une journée près de 100 intellectuels, est « destiné à examiner la situation pour sortir de la crise », a fait valoir Me Bounni. Selon le président de la Ligue syrienne des droits de l’homme, Abdel Karim Rihaoui, ce rassemblement ne sera « pas le porte-parole des protestataires dans la rue ». L’écrivain et journaliste Louaï Hussein est l’instigateur de cette réunion. « Les opposants n’iront pas au dialogue avec le pouvoir si un climat adéquat n’est pas créé », a déclaré pour sa part l’écrivain et opposant syrien Michel Kilo. « Les gens doivent avoir le droit de manifester pacifiquement, les détenus doivent être libérés, les autorités doivent reconnaître l’existence de l’opposition, et le recours à la force doit cesser, sinon le dialogue ne réussira pas », a assuré M. Kilo.
Parallèlement, selon le Flash News Network, un site de l’opposition, des centaines de prisonniers de la prison centrale de Adra ont entamé une grève de la faim, en protestation contre le fait qu’ils étaient toujours détenus malgré les promesses d’amnistie de Bachar el-Assad.
(Source : agences)
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