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Diaspora - Portrait

Edgardo Zuain, de Yahchouch au Liban à la Patagonie en Argentine

Fils d'un émigré libanais en Argentine, Edgardo Zuain, paléontologue et écrivain, se trouvait récemment au Liban pour découvrir son pays d'origine et dialoguer avec des étudiants.

Rencontre à l’USEK avec, de gauche à droite, l’ambassadeur d’Argentine José Gutierrez Maxwell, le chef du département de journalisme et communication Joseph Mkarzel, le poète Edgardo Zuain et l’écrivaine traductrice Sabah Zouein.

L'Argentine est l'un des pays d'Amérique latine qui a reçu depuis la fin du XIXe siècle un grand nombre d'émigrants libanais (voir notre édition du 18 août 2008). Leurs descendants sont aujourd'hui répartis sur tout le territoire argentin.
Les émigrés libanais se sont vite adaptés en Argentine, où ils ont rencontré un peuple hospitalier qui leur a appris la langue espagnole. Ils ont également vite pris goût pour le mate et le tango. Ils vivent aujourd'hui dans toute l'Argentine, depuis Ushuaia, province la plus australe du monde, au Sud, et jusqu'au Jujuy, au nord-est du pays.
Parmi les premiers émigrés libanais, on trouve le père Boulos Kassab, les familles Aued, Achcar, Kairuz, Bustani, Arida, Labaki, Assef... En 1901 a été fondée la Mission libanaise maronite en Argentine, ce qui indique déjà l'importance de la communauté libanaise qui compte aujourd'hui près de 1,5 million de Libanais et de descendants dans tout le pays, se classant troisième derrière les communautés espagnole et italienne.
En 1905, Georges Zouein, fils de Simon Zouein et de Josefa Karam, quitte son village de Yahchouch dans la montagne du Kesrouan, près du fleuve Nahr Ibrahim, associé au mythe phénicien d'Adonis, et arrive dans la région andine de l'Argentine, aux sommets enneigés, aux lacs et aux forêts millénaires. Georges, qui ne retournera plus au Liban, commença à travailler dans le commerce ambulant puis dans celui du charbon. Il se maria avec une émigrante suisse, Alcira Mayli, et leur fils Luis Jorge Zuain se maria à son tour avec une Argentine d'origine libanaise, Elsa Lópes Seleme.
De cette union est né en 1958 Edgardo, à San Martín de los Andes, ville d'où l'on peut admirer les plus beaux paysages de Patagonie. Celui-ci grandit dans cette belle ville puis emménagea à Buenos Aires, où il effectua son parcours académique et s'engagea dans la culture, devenant le cofondateur du Musée de paléontologie de Lamarque. Dans cette région se trouvent des vestiges de dinosaures. Par plaisir, il se pencha vers la littérature, devenant un poète connu par plusieurs œuvres de poésies, entre autres: Sin obligación de compra, Soneto los campeones et El nacimiento de una moneda. Il est également compositeur de chansons et auteur de pièces de théâtre .
Edgardo Zuain s'est associé il y a peu avec Sabah Zouein, écrivaine, poète et traductrice née au Liban, de mère argentine, pour réaliser une compilation de trente poètes libanais et trente poètes argentins, intitulée Poéticas al Encuentro (éditions Tantalia, Argentine, 2008). Cet ouvrage inédit comporte un dialogue entre poètes argentins et libanais contemporains. Les poètes argentins sont Leonidas Lamborghini, Arturo Carrera, Juan Gelman, Jorge Boccanera, et les Libanais sont Chawki Abi Chakra, Abbas Baydun, Salah Stétié, Fouad Rifka, Hoda al-Naamani, Mohammad Ali Chamseddine, Iskandar Habache, Rita Baddoura... Pour renforcer cet échange culturel appuyé par l'ambassadeur d'Argentine au Liban, José Gutierrez Maxwell, les textes des trente poètes argentins ont été traduits en arabe par Sabah Zouein et publiés sous le même titre Poéticas al Encuentro - Chou'araa minal argentíne (éditions Dar Nelson, Liban, 2011).

Retour aux sources
En visite au pays de ses ancêtres, Edgardo Zuain a été très ému à la découverte de son village d'origine, Yahchouch, où il a été reçu par Labib et Karl Zouein, en compagnie de l'ambassadeur d'Argentine José Maxwell, de l'écrivain Youssef Assaf, du membre de la municipalité, Georges Yahchouchi, et de Sabah Zouein. Un écusson de la ville lui a été remis en signe d'amitié, l'amenant à faire cette déclaration: «Je me sens porteur de ce souhait qu'ont eu mes grands-parents, morts en Argentine sans pouvoir rencontrer leurs familles au Liban.»
À Beyrouth, Edgardo a lancé son livre en arabe Poéticas al encuentro au City Café en présence des ambassadeurs d'Amérique latine et d'Espagne, et de nombreux hommes de lettres. Edgardo a également été l'invité de la Lebanese International University dans la Bekaa et du Centre des études et cultures de l'Amérique latine (Cecal) de l'Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), où il a dialogué avec des étudiants en journalisme, en présence du chef de ce département, Joseph Moukarzel. Zuain a déclaré au cours de cette rencontre: «Ce livre est une petite contribution pour enrichir nos cultures respectives. Je suis ici pour voir, sentir, parce que, même avec les technologies de communication que nous avons aujourd'hui, nous devons garder le contact humain et favoriser les rencontres personnelles, pour faire naître des intérêts communs avec la société latino-américaine, qui traverse une étape de stabilité démocratique, propice au développement.» Edgardo Zuain a enfin proposé l'ouverture d'un espace artistique et culturel commun au Liban et à l'Argentine.

Roberto KHATLAB
L'Argentine est l'un des pays d'Amérique latine qui a reçu depuis la fin du XIXe siècle un grand nombre d'émigrants libanais (voir notre édition du 18 août 2008). Leurs descendants sont aujourd'hui répartis sur tout le territoire argentin. Les émigrés libanais se sont vite adaptés en Argentine, où ils ont rencontré un peuple hospitalier qui leur a appris la langue espagnole. Ils ont...