Rechercher
Rechercher

Avec la poursuite de la révolte, l’armée syrienne risque l’effondrement - Répression

Des journalistes témoignent de l’horreur des geôles syriennes

Après avoir passé plusieurs jours en détention, l'Algérien Khaled Sid Mohand, l'Irano-Américaine Dorothy Parvaz et le Jordanien Suleiman al-Khalidi racontent leur éprouvante expérience.
Ils ont quasiment été arrêtés de la même manière, mais à des dates différentes. Les journalistes Khaled Sid Mohand, Dorothy Parvaz et Suleiman al-Khalidi - travaillant respectivement pour Le Monde et France Culture, al-Jazira et Reuters - ont tous trois été « enlevés » en plein Damas par des hommes en civil. Une fois libérés après plusieurs jours de détention, ils ont révélé l'horreur dont ils ont été témoins dans les prisons syriennes.
L'Algérien Khaled Sid Mohand, arrêté le 9 avril, a passé 24 jours « au secret » dans le quartier général des services de renseignements à Kfar Sousseh. Dans un article publié samedi dans Le Monde, il raconte avoir été « tabassé » durant les premiers jours de sa détention : « La porte s'ouvre pour laisser passer un homme que tout le monde salue avec déférence. Il me lance : "Tu vas parler ! Si tu ne parles pas, je te coupe les testicules et t'arrache le cœur avec mes propres mains !" Une gifle me projette de ma chaise. Il sort et je comprends alors que le feu vert vient d'être donné pour me passer à tabac. Les gifles qui s'abattent sur mon visage me laissent d'abord de marbre, ce qui met mon bourreau hors de lui. L'homme tourne autour de moi, un sourire à la bouche et une matraque électrique à la main. Il me questionne sur mes activités et mon identité. Il me frappe avec une telle puissance cette fois-ci qu'il décroche mon bridge dentaire dès la première gifle. » Les jours passent et Khaled suit le va-et-vient des prisonniers arrêtés lors des rafles perpétrées pendant les manifestations.
C'est ainsi qu'il comprend que la révolte continue de se propager dans le pays. « La prison se remplit de nouveaux détenus, tout en gardant les anciens, de sorte que, cette nuit-là, certains sont entassés jusqu'à trois dans des cellules de deux mètres carrés. Ils sont torturés à tour de rôle, jusqu'à épuisement des bourreaux. »
Une scène de torture particulièrement violente a été rapportée par le Jordanien Suleiman al-Khalidi qui avait passé dix jours à Deraa avant d'être arrêté le 29 mars. « Après huit heures d'interrogatoire, on m'a retiré le bandeau des yeux et j'ai aperçu un homme cagoulé criant de douleur en face de moi, écrit le journaliste de Reuters. Lorsqu'ils lui ont baissé son pantalon, j'ai pu voir ses organes génitaux enflés, serrés par un câble en plastique. » « Je n'ai rien à confesser, je ne suis ni un traître ni un activiste. Je ne suis qu'un simple marchand », aurait dit l'homme torturé selon Suleiman qui a finalement été libéré quatre jours après son arrestation grâce à une intervention de la famille royale jordanienne.
La journaliste d'al-Jazira Dorothy Parvaz a, elle aussi, été témoin de tortures infligées à des détenus dans la prison syrienne où elle a passé trois jours avant son transfert en Iran où elle a également été incarcérée. « À n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, on entendait des bruits de coups, des cris et des hurlements (...) Cela semblait interminable, à un certain moment, vous voulez vous boucher les oreilles, a raconté la jeune femme.
Personne ne portait d'uniforme, personne n'avait de nom, personne n'avait de responsabilités (...) beaucoup de ces hommes agissaient comme des voyous. J'étais détenue dans une cellule avec une adolescente arrêtée depuis dix jours, qui pleurait de façon hystérique parce qu'elle ne pouvait pas joindre ses parents. Elle avait été arrêtée dans la rue alors qu'elle parlait au téléphone. »

Ils ont quasiment été arrêtés de la même manière, mais à des dates différentes. Les journalistes Khaled Sid Mohand, Dorothy Parvaz et Suleiman al-Khalidi - travaillant respectivement pour Le Monde et France Culture, al-Jazira et Reuters - ont tous trois été « enlevés » en plein Damas par des hommes en civil. Une fois libérés après plusieurs jours de détention, ils ont révélé...