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Le Liban dans WikiLeaks : fuites et révélations

WikiLeaks révèle les réserves de Michel Aoun concernant ses relations avec le Hezbollah

Selon les dernières révélations de WikiLeaks, rapportées par le quotidien al-Joumhouriya, dans son édition de mercredi, le chef du CPL, le général Michel Aoun, a affirmé travailler « seul dans l'opposition », niant son alliance avec le Hezbollah, « qui s'est allié avec la majorité parlementaire et a des ministres dans le gouvernement ». Cette affirmation date du 30 mai 2006, lors d'un entretien de M. Aoun avec le chargé de la lutte contre le terrorisme au Pentagone, Henry Crampton, en visite chez le général à Rabieh, en présence de fonctionnaires de l'ambassade US au Liban et de l'actuel ministre sortant Gebran Bassil. Ce dernier, particulièrement dérangé par les propos de son beau-père, n'a pas manqué de faire remarquer à M.Crampton, selon WikiLeaks, que « Aoun et le CPL considèrent que les sunnites sont les vrais terroristes, non les chiites ». Mais le général Aoun a tout de suite rectifié ces propos, estimant que les chiites autant que les sunnites sont « bien intentionnés (...) mais Hassan Nasrallah devrait gérer les terroristes présents dans son camp ». En même temps, M. Aoun est allé jusqu'à demander à M. Crampton de lui fournir les informations sur l'action du Hezb en Irak pour qu'il puisse en faire usage au moment opportun. Il a d'ailleurs indiqué qu'il faisait partie des premiers responsables ayant appelé à la saisie des armes aux mains des milices et l'application de la résolution 1559. Sur ce plan, s'agissant de la stratégie de défense adoptée par le Hezbollah, M. Aoun a affirmé qu'il compte « l'affronter en appelant à la remise des armes du Hezb aux autorités libanaises légitimes, et à la reconnaissance du droit exclusif de l'État de défendre le pays contre les attaques externes ». M. Aoun a dans ce cadre jugé excellente l'idée de M.Crampton selon laquelle il devrait se rallier aux partis « non chiites dont la majorité est hostile aux armes du Hezbollah », mais c'est à la majorité parlementaire de « lancer le premier appel » à ce propos.

Le démarquage par rapport au Hezbollah, une simple comédie ?
Toujours dans le même entretien cité par WikiLeaks, M. Aoun n'a pas manqué d'exprimer son espoir que soit « sapé le prétexte » dont le Hezbollah use pour maintenir ses armes, à savoir la menace israélienne, surtout si les fermes de Chebaa sont libérées. Il a d'ailleurs dit s'attendre à « une sorte de trêve et de calme avec Israël », ce qui contredit la déclaration du parti de Dieu au sortir de la table de dialogue à l'époque, selon le journal al-Joumhouriya qui a publié ces propos. M. Aoun a par ailleurs jugé que le document d'entente signé en 2006 entre le CPL et le Hezb aura permis d'abord « un changement dans l'idéologie et le discours du Hezb, et aura initié ensuite la paix sur les frontières avec Israël ». Affirmant que c'est à lui que revient le mérite du retour au calme tout le long de la ligne bleue, M. Aoun a assuré qu'il maintiendrait ce calme et a tourné en dérision des informations de M. Crampton révélant le renforcement des positions militaires du Hezb au niveau de la ligne bleue : « De cette façon, les Israéliens pourront mieux les cibler ! »
M. Aoun aurait maintenu le même discours l'année suivante. Selon un document secret de l'ambassade américaine datant du 13 mars 2007, le lendemain du dîner de l'ambassadeur américain au Liban Jeffrey Feltman, « Michel Aoun a tenté d'afficher devant le gouvernement américain (ou peut-être même devant le Liban) une image qui le montre assez distant du Hezbollah, ainsi que sceptique quant aux intentions syriennes et celles de l'ancien président de la République Émile Lahoud, et prenant ses précautions par rapport au mouvement Amal, tout en affichant son soutien au TSL ». En effet, le chef du CPL aurait exprimé à l'ambassadeur américain le sentiment qu'il ne craignait pas l'armement du Hezbollah, au lendemain de la guerre de juillet 2006, estimant que « ceci ne mènera pas à une nouvelle guerre avec Israël, dont les forces de défense ne sont toutefois pas à blâmer si elles mettent en place de nouveaux plans de guerre contre le Liban ». M. Aoun aurait également assuré à l'ambassadeur que depuis la signature du document d'entente avec le Hezbollah, celui-ci « ne veut pas se rapprocher de Damas, par crainte d'une vengeance politique ». Et d'ajouter : « C'est le mouvement Amal qui coordonne avec la Syrie, non le Hezbollah (...), ce dernier ne soutenant Amal que pour simuler une unité dans les rangs chiites. » Le document précise par ailleurs que si le général a conditionné sa vision d'un Liban non confessionnel par une réforme électorale, « il met beaucoup de conditions à l'élection du président de la République, une position qu'il pense être le seul à pouvoir assumer ». Notons qu'à la date du dîner du général avec M. Feltman, Gebran Bassil avait subi un accident de voiture au Nigeria, mais le général Aoun a tenu à ce que personne ne remplisse la place de son gendre au dîner, affirmant que « Gebran Bassil est un de ses plus proches » collaborateurs, en dépit du fait que l'ambassadeur a relevé les liens « inquiétants » de Bassil avec le Hezbollah et le mouvement Amal.

La discorde de Aoun avec les sunnites
Dans un autre document WikiLeaks publié par le quotidien al-Joumhouriya dans son édition du 20 mai, l'ambassadeur Feltman fait part d'un entretien que l'ancien ministre Charles Rizk aurait eu le 7 août 2007 avec Michel Aoun, et au cours duquel ce dernier aurait qualifié les sunnites « d'animaux ». Selon ce document secret de l'ambassade américaine en date du 9 août 2007, M. Rizk s'est dit choqué des termes « racistes » employés par M. Aoun.
Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, n'a pas manqué de réagir à ces propos, dénonçant « les atteintes tant au président de la République qu'aux musulmans, surtout les sunnites, de la part du général Aoun, dont les propos révélés ne sont pas dignes d'un politicien ». Le mufti Kabbani a estimé que « l'atteinte à une confession, quelle qu'elle soit, est une atteinte à toutes les confessions du Liban ».
En réaction à la déclaration du mufti, le bureau de presse du chef du CPL a tenu à rappeler hier au mufti Kabbani que « les paroles reproduites dans le document ont été transmises par le ministre Rizk, qui les a niées entièrement », ajoutant que « nos prises de position n'ont besoin du certificat de personne ». En même temps, le bureau de presse n'a pas manqué de demander au mufti s'il avait « d'autres qualificatifs, plus polis, pour ceux qui ont pillé les biens de l'État ».
Notons que M. Aoun a intenté hier une action en justice pour diffamation contre le ministre Rizk et le journal al-Joumhouriya, et dans le même temps, Dar el-Fatwa a assigné à un groupe d'avocats la tâche de constituer un dossier juridique en vue de poursuivre en justice le général Aoun pour tentative de discorde confessionnelle et pour diffamation à l'égard de la confession sunnite au Liban.
Selon les dernières révélations de WikiLeaks, rapportées par le quotidien al-Joumhouriya, dans son édition de mercredi, le chef du CPL, le général Michel Aoun, a affirmé travailler « seul dans l'opposition », niant son alliance avec le Hezbollah, « qui s'est allié avec la majorité parlementaire et a des ministres dans le gouvernement ». Cette affirmation date du 30 mai...