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Culture - Exposition

« La lumière colorée » d’Élie Kanaan à la villa Audi

La Fondation Audi rend hommage à Élie Kanaan, l'un des plus grands peintres modernes du Liban, en présentant, avec la collaboration de la famille de l'artiste disparu et celle d'Amal Traboulsi, une belle rétrospective de ses œuvres à la villa Audi.

« La tempête » (huile sur toile, 2002-2009).

«Élie Kanaan a beaucoup de sensibilité, le sens de la poésie et c'est heureux pour lui, car ce sont là des choses impossibles à acquérir pour qui ne les a pas reçues comme dons du ciel», écrivait en 1950, dans la Revue du Liban, le grand peintre français Georges Cyr à l'occasion de la toute première exposition de ce talentueux artiste qui deviendra, quelques années plus tard, l'un des chefs de file de la peinture abstraite libanaise. Georges Cyr y relevait également «le sens instinctif de la couleur» chez Kanaan. Cette maestria innée des chromatismes purs et des contrastes, cette habile et preste juxtaposition de tons chauds et froids fera en quelque sorte sa marque de facture et sera unanimement saluée par la critique tout au long de sa carrière de peintre bénézité.
Soixante (moins un) ans plus tard, Élie Kanaan posait définitivement ses pinceaux après avoir mis la touche finale à sa dernière peinture prémonitoirement intitulée Le Paradis.
Entre ces deux dates charnières, un parcours au succès ininterrompu, exclusivement dédié à l'exploration de la peinture, cette «lumière colorée», pour reprendre le titre de l'accrochage-hommage qui lui est actuellement consacré à la villa Audi.
Une rétrospective qui déroule, à travers des toiles empruntées à des collections privées ainsi qu'à sa famille, les différents pans de la «vie picturale» de Kanaan.
De la période figurative et impressionniste des débuts illustrée, dans cette exposition, par des vues de villages, de routes et de chemins y conduisant... à l'abstraction, qui s'introduira dans son travail au milieu des années soixante, après une parenthèse parisienne, reproduite dans une série d'huiles (des années 62-63) racontant sa vie d'artiste bohème fréquentant Les Deux Magots, déambulant à Saint-Germain des Près, ou encore observant les mouvements de La foule ou l'attroupement sur Le quai du métro...
De ses premières œuvres, comme cette huile sur toile de 1946, d'inspiration romantique et de moyen format, intitulée Le chemin, à son ultime, son lumineux Paradis de 2009, achevé quelques heures avant sa disparition, cette rétrospective suit l'évolution du peintre sur le chemin de l'abstraction, de la libération des formes et de l'audace chromatique.
Le visiteur pourra à loisir comparer les mutations et la différence de traitement, au fil des ans, de certains thèmes récurrents chez Kanaan, à l'instar des paysages champêtres et des marines qui, progressivement, vont s'extraire de toute entrave à l'éclatement, l'éclaboussement, l'éblouissement des couleurs. Fauves jusqu'au bout ou plutôt néofauves, car débarrassées de l'influence du tracé «Vlaminckien» des
débuts.
Le visiteur pourra aussi découvrir l'épurement de ses aquarelles, pan moins connu du travail de ce peintre qui a toujours privilégié la densité charnelle de l'huile sur toile. Et, pour accompagner sa promenade dans cet univers pictural ensoleillé, poétique et plein de sensibilité, d'une lecture des œuvres en profondeur, il pourra se référer aux textes des différents critiques qui ont suivi et accompagné le parcours de Kanaan publiés dans un beau catalogue, disponible sur place, préfacé par Raymond Audi et Ibrahim Najjar.
À voir. Jusqu'au 17 juin.

* Achrafieh, quartier Saint-Nicolas. Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00 et les samedis de 9h00 à 13h00. Tél. : 01/331600.
«Élie Kanaan a beaucoup de sensibilité, le sens de la poésie et c'est heureux pour lui, car ce sont là des choses impossibles à acquérir pour qui ne les a pas reçues comme dons du ciel», écrivait en 1950, dans la Revue du Liban, le grand peintre français Georges Cyr à l'occasion de la toute première exposition de ce talentueux artiste qui deviendra, quelques années plus tard, l'un...

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