Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Conjoncture

De la nécessité de réviser les politiques économiques à l’ère des bouleversements

Une conférence-débat sur les perspectives économiques à l'ombre des troubles actuels dans la région a été organisée hier au centre Carnegie pour le Moyen-Orient à Beyrouth, au cours de laquelle plusieurs intervenants ont souligné la nécessité d'un changement de fond au niveau des politiques économiques dans le monde arabe et d'un passage à un nouveau modèle de développement économique, plus inclusif et participatif.
Loin des débats politiquement corrects ou des exposés superflus, la conférence organisée hier au Carnegie Middle East Centre autour du dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur la région a été l'occasion pour de nombreux participants - économistes, politologues, journalistes et représentants de la société civile - de se pencher sur les nouveaux défis socio-économiques dans le monde arabe, à l'ombre des bouleversements actuels, et de lancer, sans détour, des critiques acerbes à l'égard de certains organismes internationaux. Plusieurs intervenants et participants au débat - à la tête desquels figuraient notamment le représentant permanent du FMI à Beyrouth, Éric Mottu, et l'ambassadrice du Royaume-Uni au Liban, Frances Guy - n'ont pas en effet rechigné à passer au vitriol les politiques économiques adoptées par les pays arabes et les objectifs et recommandations du FMI à l'égard de la région. « Les derniers événements dans le monde arabe ont prouvé que le modèle de développement économique adopté jusque-là est non viable (...) », a ainsi souligné l'économiste et chef du département d'économie à l'Université américaine de Beyrouth (AUB), Simon Néaimé. « Le dernier rapport du FMI, certes riche en idées et en chiffres, reprend les mêmes objectifs fixés par l'organisme au cours des dernières années. Il s'agit encore une fois de la stabilité économique et financière (...). Or ces objectifs, certes louables, ne peuvent être réalisés et maintenus à long terme sans une politique globale qui inclurait les paramètres sociaux », a-t-il ajouté, mettant l'accent sur la nécessité de s'attaquer aux origines du malaise socio-économique dans la région, en réduisant, entre autres, la pauvreté, le chômage et les inégalités. « Les gouvernements de la région ainsi que le FMI devraient désormais réviser leurs politiques et objectifs macroéconomiques et définir un nouveau modèle qui puisse garantir une croissance et une stabilité durables », a enfin souligné le chef du département d'économie à l'AUB.
Sur un même ton, toutefois plus nuancé, l'économiste Lahcen Achy du Carnegie Middle East Centre a critiqué certains aspects du rapport du FMI, réitérant la nécessité d'un passage à un nouveau modèle de développement économique, qui serait plus inclusif et participatif. « Il ne s'agit pas uniquement de mettre en place des politiques sociales (...). L'inclusivité implique l'adoption d'un schéma global dont l'objectif serait d'assurer une plus grande participation à la vie politique, une meilleure intégration au marché du travail ainsi qu'une redistribution plus équitable des richesses (...) », a-t-il expliqué à cet égard. « L'exclusion de certains segments sociaux, mais également la corruption et l'absence de bonne gouvernance constituent en effet un obstacle majeur à la création de nouveaux emplois et au développement durable », a-t-il déploré, soulignant la nécessité de dynamiser les économies du Moyen-Orient et de renforcer les atouts de la région.
Parmi ces atouts, figurent une population active jeune - qui souffre aujourd'hui d'un niveau de chômage avoisinant les 30 % dans certains pays - et une situation géographique privilégiée à la croisée des chemins entre les grands marchés en Europe et les économies émergentes en Asie et en Afrique.

Rapport mitigé du FMI
De son côté, le représentant permanent du FMI au Liban, Éric Mottu, a brossé un tableau plutôt mitigé de la situation économique dans la région dans le contexte actuel, indiquant que la croissance dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap) devrait atteindre 3,9 % en 2011. « Ce chiffre masque cependant des écarts entre les divers pays de la région (...). La croissance devrait ainsi s'élever à 4,9 % dans les pays exportateurs de pétrole, contre 2,3 % pour les pays importateurs », a-t-il indiqué.
Outre l'inflation, due largement à la flambée des prix du pétrole, les économies importatrices risquent, selon lui, de subir à court terme une détérioration de la confiance des investisseurs, un recul marqué de l'activité touristique, un creusement du déficit public et des difficultés à financer la dette.
Quant aux pays exportateurs de pétrole, ils devraient en revanche largement profiter de la hausse des cours mondiaux, avec un solde global des balances courantes, qui devrait plus que doubler pour atteindre 380 milliards de dollars en 2011 (Libye non incluse), a-t-il ajouté, mettant toutefois en garde contre les problèmes structurels propres à ces pays, auxquels la conjoncture actuelle ne pourra remédier.
Notons que, selon le FMI, les évolutions politiques dans le monde arabe dues au mouvement de révoltes pourraient stimuler l'économie des pays à long terme, malgré l'impact négatif à court terme sur les pays importateurs de pétrole.
Loin des débats politiquement corrects ou des exposés superflus, la conférence organisée hier au Carnegie Middle East Centre autour du dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur la région a été l'occasion pour de nombreux participants - économistes, politologues, journalistes et représentants de la société civile - de se pencher sur les nouveaux défis...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut