Rechercher
Rechercher

Culture - Initiative

Le prix Jouhaïna Baddoura à Théo Mansour, ou le couronnement d’un long combat

La création du prix Jouhaïna Baddoura est la reconnaissance du ministre Michel Eddé envers une ancienne collaboratrice du ministère de la Culture à laquelle le monde de l'art au Liban doit la sauvegarde d'une partie de son patrimoine pictural. Geste noble et généreux de la part d'un responsable. Geste rare, surtout dans cette classe dominante où le mot d'ordre est plutôt de prendre. Aujourd'hui, en instituant ce prix, Michel Eddé veut encourager ce domaine dans lequel Baddoura s'est tant investie avant de quitter ce monde.

Michel Eddé remettant son prix à Théo Mansour. (Michel Sayegh)

Théo Mansour, l'heureux élu de cette première édition du prix Jouhaïna Baddoura, a donc reçu son prix hier, un chèque de 5000 dollars, des mains de Michel Eddé dans les locaux de L'Orient-Le Jour, en présence des membres du jury, de parents et d'amis de Jouhaïna Baddoura.
À cette occasion, l'ancien ministre a prononcé une courte allocution de circonstance mettant l'accent sur les qualités exceptionnelles de Jouhaïna Baddoura, qui a été à ses côtés lors de la création du ministère de la Culture, saluant la mémoire de cette femme trop tôt disparue, courageuse, généreuse même dans la maladie contre laquelle elle s'est dignement battue jusqu'au bout, avec un sens aigu des responsabilités, de l'humour et de l'entrain: «Elle riait tout le temps », a insisté à plusieurs reprises Michel Eddé.
Prenant la parole à son tour, Théo Mansour s'est contenté de «remercier l'initiateur du prix, le jury, mais aussi les amis présents. Il s'agit-là d'une récompense pour le combat que je mène depuis 2002 (le début de son handicap) et dans lequel ils me soutiennent».
C'est à Paris que Jouhaïna Baddoura a fait ses études de 3e cycle de littérature consacrant une thèse à l'œuvre de Proust, À la recherche du temps perdu. Mais durant sa courte vie (elle est décédée en 2008 d'un cancer à l'âge de 48 ans), son temps à elle aura été dédié à l'art et à sa promotion, donnant un sérieux coup de main au ministère de la Culture où elle n'était que contractuelle dès 1993 (après un passage à la bibliothèque de la faculté des beaux-arts de l'UL et un autre au Musée Sursock) et où son engagement et sa culture dans ce domaine auront été non seulement très appréciés mais surtout très utiles.

Sauver et restaurer un patrimoine
En effet, c'est elle qui aura été la cheville ouvrière de la présence libanaise à la XIXe biennale d'Alexandrie (1995), accompagnant les toiles des cinq artistes femmes (sélectionnées auparavant
par un jury) et donnant une conférence remarquable en tentant de dégager les caractéristiques définissant la spécificité des arts plastiques au Liban.
C'est elle également qui a sérieusement contribué à l'opération de sauvetage et de restauration du patrimoine pictural du ministère. Ces œuvres de peintres libanais acquises par le ministère de l'Éducation nationale au cours des ans (bien avant que celui de la Culture ne prenne la relève) éparpillées un peu partout, certaines même ayant disparu. Elle avait commencé son entreprise en établissant un inventaire avant de récupérer les toiles des bureaux des ministères, des dépôts et d'ailleurs, et de les faire restaurer par les soins de Faddoul Khallouf.
En hommage donc à l'action de cet être d'exception, à son dynamisme, sa présence, sa modestie et son rôle, qui ont marqué le domaine de l'art au Liban, Michel Eddé, avec qui elle a donc collaboré en tant que premier ministre de la Culture, a institué le prix portant son nom.
Quid du choix d'un prix annoncé d'ailleurs en mai 2008 à la galerie Jeanine Rubeiz et qui, aujourd'hui, a pris forme? Qu'il s'agisse d'un peintre relativement jeune, confirmé et qui a besoin de la consécration d'un prix qui couronne l'ensemble de son travail.
Théo Mansour, premier attributaire du prix, aura largement mérité cette reconnaissance qui salue son talent, son courage et son obstination à poursuivre coûte que coûte, malgré un sérieux handicap, un parcours déjà remarquable.

Le jury

Sylvia Ajémian, Joseph Tarrab, Samir Sayegh, Maha Azizé Sultan et Nayla de Freige.

Le parcours de l'artiste

Théo Mansour est un artiste-peintre diplômé des Beaux-Arts de Paris et professeur d'arts plastiques. Il a participé à la grande exposition d'Abou Dhabi en 1987 et ses travaux ont figuré à de nombreuses reprises au Salon d'automne du Musée Sursock. Prix du jeune artiste en 1996, il a exposé en 2001 au Centre Wallonie-Bruxelles, Paris. En 2006, il participera à l'exposition « Pinceaux pour plumes » de la Fondation libanaise de la Bibliothèque nationale, en collaboration avec la galerie Janine Rubeiz au Musée Sursock.
Sa peinture est largement inspirée de la musique.
Théo Mansour, l'heureux élu de cette première édition du prix Jouhaïna Baddoura, a donc reçu son prix hier, un chèque de 5000 dollars, des mains de Michel Eddé dans les locaux de L'Orient-Le Jour, en présence des membres du jury, de parents et d'amis de Jouhaïna Baddoura.À cette occasion, l'ancien ministre a prononcé une courte allocution de circonstance mettant l'accent sur les...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut